Entraide Anationale
Rassemblement à 15h le lundi 3 avril 2017 devant Ford 448 rue du pont de guerre à Lattes
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Rassemblement à 15h le vendredi 17 février 2016 devant le Consulat général d’Espagne (Tel : 04 67 58 20 21) situé au 24 rue Marceau
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Rassemblement à 15h le vendredi 16 janvier 2015 devant le Consulat général d’Espagne (Tel : 04 67 58 20 21) situé au 24 rue Marceau (Tram : sauter du wagon entre les stations St Denis et Plan Cabanes)
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Le lundi 12 janvier 2015 à 8h15 rue Euclide à Montpellier devant la société Orange la CNT-AIT de Montpellier distribuait un tract pour soutenir les compagnes et compagnons du syndicat de Salamanque Espagne)
Mardi 15 juillet 2014, à 20h, notre syndicat informait les travailleurs de Domino’s Pizza (quai du Verdanson) et au- tres des pratiques du groupe Zena envers ses employés.
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Vendredi 16 mai 2014, dans la matinée, devant un super- marché DIA à Castelnau le Lez, le syndicat intercor- poratif de Montpellier CNT-AIT distribuait le tract ci-dessous en solidarité avec le compagnon espagnol licencié de l’entreprise TNS.
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Le vendredi 16 mai et le vendredi 16 juillet 2014, à l’heure de l’embauche, nous étions présents devant Mé- diapost à Jacou, et nous avons distribué un tract en solidarité avec les compa- gnons espa- gnols licenciés.
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Le vendredi 12 avril 2013, au petit matin, à l'entrée du personnel d'Alstom, nous avons distribué un tract en solida- rité avec les compagnons es- pagnols licenciés.
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A la une
Capitalisme, étatisme,idéologie
Les jeux olym-fric : une institution capitaliste et idéologique
A chaque olympiade la chorale des idéologues sportifs – de droite comme de gauche – célèbre la « fête mondiale de la jeunesse », « la fraternité entre les peuples », l’« humanisme olympique », alors que les Jeux ont été à maintes reprises l’alibi honteux de complicités criminelles avec des régimes totalitaires.
L’expansionnisme de l’Empire des anneaux et de ses conciles pilotés par l’affairisme financier des multinationales capitalistes est aujourd’hui le support d’une propagande médiatique qui encense la « religion athlétique » de Pierre de Coubertin, tout en occultant le dopage pandémique, la corruption de nombreuses fédérations sportives, les violations des droits de l’Homme dans les pays organisateurs, les pollutions et dégâts environnementaux des chantiers olympiques, la militarisation sécuritaire des compétitions.
L’analyse critique de «l’idéal olympique» et de ses mythologies, la démystification des Jeux de la Grèce antique impliquent aussi la mise en question des idées réactionnaires de Pierre de Coubertin, colonial fanatique, sexiste, raciste, adversaire de l’égalité sociale et du socialisme révolutionnaire, admirateur de l’olympisme hitlérien.
Jean-Marie Brohm, Le mythe olympique, 2021- Qs Editions.
Les jeux olympiques sont une institution capitaliste, une entreprise brassant des milliards en s’enrichissant grâce à des supporteurs crédules. C’est une vaste campagne de publicité, d’apologie de la marchandise et de son monde.
Elle a un fonctionnement analogue au capitalisme :
un système institutionnalisé de guerre de tous contre tous, de compétition entre athlètes et entre équipes d’athlètes ici, et entre entreprises, entre États et individus là ;
mêmes valeurs affichées de hiérarchie, d’écrasement de l’adversaire, de nationalisme et de violence sur les corps (mutilation, doping, déformation), d’exploitation des sportifs, des salariés et des bénévoles ;
une même recherche de productivité croissante en termes de productivité du travail ici, et de performance et de record là.
L’olympisme est une idéologie mystificatrice :
avec une référence à un prétendu ordre naturel et originel (ou « naturalisation ») de la guerre de tous contre tous, comme le capitalisme et une naturalisation de la prétendue supériorité masculine – séparant les hommes et les femmes, les jeux des hommes étant montrés comme les plus importants parce qu’ils ont des performances supérieures ;
avec une occultation des inégalités de classe, concrètes, au profit de la catégorie abstraite de nation – réalité découlant d’une organisation politique hiérarchisée et pyramidale inséparable d’un système économique, la lutte de classe oppose les détenteurs de moyens de production aux prolétaires ; elle ne cessera que lorsque l’humain aura établi la justice sociale (de chacun selon ses possibilités, à chacun selon ses besoins). Tactique opposée au nationalisme, qui implique une concurrence entre pays et donc des guerres politiques et économiques. La lutte de classe regroupe dans ses rangs tout individu sur terre n’exploitant pas l’humain, elle se veut donc a-nationaliste (terme préféré à « internationaliste » car notre stratégie comprend l’abolition des frontières) et, de fait, elle a une valeur universaliste.
avec des opérations de propagande servant à obtenir l’adhésion, la soumission des peuples aux valeurs proclamées.
Ce fut et c’est toujours, tout au long de son histoire, une arme de légitimation de violences étatiques capitalistes, tous régimes politiques confondus :
du nazisme lors des Jeux olympiques de 1936 en Allemagne, consolidant l'image de marque du régime hitlérien sur la scène internationale et cela en dépit de son caractère notoirement raciste, antisémite et ouvertement belliqueux ;
du massacre de 300 étudiants lors d’une manifestation à Tlatelolco, au Mexique, 10 jours avant l’ouverture des jeux en 1968 de Mexico, où l'armée tira sur une foule de plus de 8 000 personnes désarmées ;
de l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS, avec la « pacification » au gaz et au napalm des villages « rebelles », lors des jeux de Moscou – capitale du Goulag – en 1980 ;
du néocapitalisme étatsunien pour les Jeux de Los Angeles de 1984, avec l’inauguration d’un tout nouveau système de financement qui fit basculer les JO dans une nouvelle ère, celle du sponsoring (ils furent assurés à 100% par différents acteurs privés, seuls un vélodrome et une piscine olympique sortirent de terre, tous deux financés à 100% par une marque complètement en accord avec les valeurs du sport… McDonald’s) ;
du régime militaro démocratique coréen pour les Jeux de Seoul en 1988. Des manifestations étudiantes en 1987, suite à la mort par torture policière de Park Jeong-chol, que le gouvernement chercha à dissimuler, débouchèrent sur de nombreuses arrestations jusqu’à la veille des JO ;
de l’État chinois ultra-répressif menant une politique étrangère agressive envers le Tibet pour les jeux de Pékin de 2008 ;
ou encore du coup d’État au Brésil – Michel Temer, du Parti du Mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), peine à asseoir sa légitimité. Le motif invoqué pour la destitution de Dilma Rousseff (des manipulations comptables) est jugé fallacieux par une partie des Brésiliens qui qualifie son entrée au pouvoir de « golpe » (« coup d’État ») – pour les Jeux de Rio de 2016.
Par contre (périodes de guerres oblige), les Jeux olympiques initialement prévus à Berlin en 1916 et à Tokyo en 1940 n’ont pu permettre l’exaltation du nationalisme, qui aurait scellé ainsi l’unification des deux classes sociales, autant du peuple allemand que du peuple japonais.
Si des boycotts furent initiés par des États-Nations, leurs fondements avaient plutôt un rôle géopolitique et leurs discours vantaient les fastes mythiques des Jeux antiques comme but à atteindre ; leurs gouvernements ont nié la réalité historique à des fins idéologiques en contribuant à fabriquer un nationalisme – par une collaboration de classe – que leur structure impose.
Car l’olympisme est une mystification idéologique, à l’instar de la religion, il est « l’opium du peuple ». Le seul lien entre les Jeux modernes et les Jeux antiques : ces derniers étaient dédiés à des divinités, des jeux cultuels donc, religieux et sacralisés. On parle là de culture agonistique plutôt que de sport. Coubertin s’investira à rétablir ce coté religieux, son néo-olympisme, la religion athlétique (l’athlète se préparant comme un chevalier servant) : « Le jeune sportsman se sent évidemment mieux préparé à partir à la guerre que ne le furent ses aînés et quand on est préparé à quelque chose, on le fait plus volontiers ». ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_de_Coubertin)
Les Jeux antiques étaient fondés sur une société esclavagiste, et donc seuls les aristocrates – les seuls qui avaient du temps pour s’y préparer – participaient aux épreuves, les esclaves étant noyés dans leur travail manuel et leur servilité. Épreuves où il importait uniquement de gagner, d’être le meilleur, sans notion de record. Á la différence des Jeux modernes fondés, eux, sur le salariat, donc sur les notions d’amélioration et de temporalité qui doivent être augmentées à l’infini, comme la recherche de la performance ou de la productivité. Ainsi, le sport est une invention de nouvelles technologies corporelles (breaking, skateboard, surf, escalade…) qui s’emploient à explorer et exploiter toutes les capacités possibles de performance du corps humain, comme le fait le système étatique capitaliste !
L’olympisme est une mafia internationale, ce n’est pas un idéal, c’est une institution multipolaire, multinationale, transnationale qui repose sur des partenariats très intéressés avec des sponsors, des annonceurs, des groupes capitalistes, des groupes bancaires, etc. Une entreprise dont le siège délocalisé est en Suisse qui travaille en très bonne intelligence avec tous les États offshore. Une entreprise capitaliste pure et dure ! Totalement totalitaire ! Coubertin définissait le Comité international olympique comme « self-perpetuing oligarchy » : une oligarchie qui se perpétue elle-même par cooptation, une organisation à la soviétique, où l’on retrouve des banquiers, des aristocrates, des princes, des militaires de la pire espèce.
Quelques exemples :
Samaranch, vice-président puis président du Comité national olympique 1962 à 1970, un franquiste, qui était affilié dès sa prime jeunesse dans les rangs de la Phalange espagnole traditionaliste (FET) et des Juntes offensives national-syndicalistes (JONS).
Avery Brundage, étatsunien, président du CIO de1952 à 1972, admirateur de l'apparente restauration de la prospérité et de l'ordre établie par Hitler en Allemagne.
Charles H. Sherrill, de 1922 jusqu'à sa mort fut un membre important du Comité international olympique. Dans une lettre aux rédacteurs du New York Times, publiée le 4 juin 1933, il fit l'éloge de Benito Mussolini. Il a écrit à propos d'Adolf Hitler : « les gens du monde entier suivront des dirigeants courageux »...
Aujourd’hui la torche brûle, allumée par un faisceau de cierges que les Occidentaux ont fourni aux représentants palestiniens musulmans et aux représentants israéliens juifs. Elle brûle encore sur les flambeaux¬ d’une armée nationale ukrainienne constituée de quelques néo-nazis, alimentée par l’Occident, face aux lance-flammes d’un gouvernement russe au totalitarisme, proche du nazisme, qu’une économie de guerre impose. Mais à quoi servirait une flamme dans l’âtre vide des foyers du milliard de crève-la-faim que quelques 193 sourds (représentants d’États siégeant à l’ONU) méprisent par un silence assourdissant ?
Mais la torche brûlera en France, pays qui est actuellement le deuxième vendeur d’armes au monde, pour symboliser « la fraternité entre les peuples » !
Issus d’un système étatique capitaliste basé sur le pouvoir politique et le salariat, les néo Jeux olympiques sont un symbole fort de cette société qu’il nous faut détruire. Pour cela, groupons-nous planétairement, par ville sur une base syndicale pour assurer nos intérêts et par fédérations pour préparer l’entraide généralisée de demain !
Que l’État et le salariat crèvent !
Boycott des Jeux olympiques, symbole du système étatique capitaliste !
1er Mai 2024
Le travail, il faut vraiment y faire sa fête !
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Hormis pour celles et ceux qui travaillent souvent double à cette occasion, depuis déjà plusieurs décennies, en France, le 1er mai est vécu soit comme un simple jour férié (le seul de l’année où on ne bosse pas tout en étant payé à se la couler douce, « fête » officiellement instaurée en 1941 par Pétain), soit comme l’occasion d’une cérémonie d’un autre âge (quelques défilés traîne-savates de plus en plus désertés clamant de nombreuses revendications disparates). Il n’en fut pas toujours ainsi.
1er mai 1886, à Chicago : à la fin d’un rassemblement (340 000 travailleurs) à l’usine Mac Cor-nick demandant la journée de 8 heures, quelque 200 policiers chargent les travailleurs, en blessent un grand nombre et en tuent un. August Spies, militant anarchiste, rédige alors un appel à un nouveau rassemblement pour dénoncer les violences policières, qui se tiendra trois jours plus tard.
4 mai 1886, toujours à Chicago : sur la place Haymarket, à la fin d’une grosse manifestation, tandis que la police décide une fois encore de charger. Une bombe éclate, faisant plusieurs victimes parmi les flics.
8 anarchistes sont inculpés, 4 finiront pendus (tous seront réhabilités en 1893).
Voilà comment pour longtemps, partout dans le monde, le 1er mai représentera une journée de lutte pour l’obtention de la journée de 8 heures.
Au cours de l’histoire de l’humanité, différents pouvoirs ont opéré : religieux, monarchique, révolutionnaire, militaire, policier, gouvernemental, économique. Tous existent encore, sont reliés entre eux et sont d’ordre systémique. De sorte que l’on ne peut en supprimer un sans les abolir tous.
« […] Le concept fonda¬mental en sciences sociales est celui de Pouvoir, au même titre que l'Énergie constitue le concept fondamental en physique. [...] Les lois de la dynamique sociale sont des lois qu'on ne peut formuler qu'en termes de pouvoir, et non en termes de telle ou telle forme que revêt le pouvoir. Autrefois, c'est le pouvoir militaire qui concentrait l'atten¬tion, en sorte que la victoire ou la défaite semblait dépendre des quali¬tés accidentelles des chefs. De nos jours, il est courant de traiter le pouvoir économique comme la source d’où découlent toutes les autres formes de pouvoir […]. Toute recherche qui se concen¬tre exclusivement sur une des formes du pouvoir, tout particulière¬ment sur sa forme économique, comme c'est le cas de nos jours, est une source d'erreurs dont la portée pratique est incalculable. » (Bertrand Russell, Le pouvoir)
A notre époque, les pouvoirs dominants sont d’ordre gouvernemental et économique.
Le capitalisme sous la forme agraire fera irruption au XVIe siècle en Angleterre, au moyen d’emprunts techniques à l’Asie et d’emprunts financiers au monde musulman et par des débouchés extérieurs. Il évoluera ensuite sous la tutelle de l’État en utilisant les autres pouvoirs.
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LE CAPITALISME c’est le travail salarié – si le commerce et la finance préexistent et font du capital, ils ne sont pas aliénants comme l’est le capitalisme – car c'est le nombre d’heures socialement fourni et non pas l’utilité concrète de la marchandise qui fixe sa valeur pour sa mise sur un marché mondialisé.
La compétition mondiale impose aux entreprises de fournir de la marchandise à moindre coût. Pour cela il existe plusieurs procédés : accélérer la production (suppression des temps de pause, recours aux machines…) ; baisser le coût horaire (délocalisation, restructuration ou dégraissage, embauche de personnels moins qualifiés…).
Dans tous les cas la production augmente et le nombre d’heures socialement fourni stagne ou dans la plupart des cas diminue. La valeur, produit du rapport entre le nombre d’heures et la production, se réduit – ce qui permet de négocier le prix –, mais la survaleur (plus-value) issue de la valeur s’effondre aussi ! Il faut vendre plus… La concurrence devra s’aligner sur la nouvelle norme de production en accélérant et augmentant à leur tour la production, ce cycle se perpétuera à l’infini.
Le système capitaliste est donc un système automate de par son auto-accroissement exponentiel ! L’humain n’est qu’un objet face au rouage de ce fléau mortifère.
Il est évident que dans un tel système – qui épuise la matière première et qui a pour seule finalité l’accroissement de la survaleur – les milieux écologiques habités par l’humanité s’étioleront et finiront par disparaître, entraînant leur prédateur, si nous n’abolissons pas le travail salarié, source d’une partie de ses maux !
L’ÉTAT – ou le gouvernement qui l’anime – est par essence capitaliste, car il est fondé sur l’impôt et l’inventeur du marché. Issu d’un système monarchique à la fin du XVIe siècle basé sur la représentation de Dieu en son monarque et balayé par les découvertes d’ordre astronomique et physique, l’État sortira des miasmes du souverain sous la forme de gouvernement axant sa nouvelle rationalité sur la « raison d’État ». Cette dernière va s’imposer aux Pays-Bas, en France, en Angleterre. Elle permettra d’accroître leur puissance par l’extension géographique des échanges en créant les institutions et en instrumentalisant ainsi les acteurs du commerce. La Compagnie des Indes orientales n’est-elle pas financée par des capitaux privés mais gérée par des représentants du pouvoir politique ?
Avec la naissance du capitalisme, dont il est l’instigateur et pour plus de profit, l’État se tournera vers la production qui s’avère plus rentable que le commerce. Là débute la création d’un système de marchés, à travers l’intervention décisive des pouvoirs politiques sur le commerce lointain. L’économie nationale se voit peu à peu transformée et surtout exposée au vent de la concurrence.
Pour assurer ses objectifs mercantiles, l’État gouverne et réglemente la vie de ses sujets, leur activité économique, leur production, le prix auquel ils vont vendre les marchandises, le prix auquel ils vont les acheter. Mais pour que ses objectifs ne soient pas gênés dans leur réalisation par une réglementation excessive, l’État va réfléchir à ses pratiques et à leurs effets…
Différentes économies politiques seront mises en place, mais leur seul but sera d’assurer le « salut de l’État » du fait de la concurrence interétatique et toujours au détriment d’une partie du peuple.
Certes l’État peut théoriquement influer sur la répartition de la plus-value (salaires/profits), mais avec l’extension de la mondialisation, la concurrence accrue l‘oblige à soutenir la demande (les entreprises) plutôt que l’offre (le pouvoir d’achat). Il ne peut en aucun cas se passer de la plus-value des entreprises et des impôts qui en découlent sous peine de banqueroute.
Les médias nous serinent que l’État ne joue plus le rôle essentiel qu’il jouait et qu’il perd de plus en plus sa raison d’être. Mais aucune structure transnationale n’est parvenue à remplir les fonctions essentielles de l’État dans le maintien du système de propriété et de l’ordre social, et moins encore cette fonction de coercition qui fonde toutes les autres. On peut difficilement imaginer qu’une forme de « gouvernance mondiale » puisse assurer le type de régularité ou les conditions d’accumulation que réclame le capital. En fait, le monde est aujourd’hui plus que jamais un monde d’États-nations. Encore une fois, la mondialisation emprunte la forme politique non d’un État mondial, mais d’un système mondial constitué de multiples États locaux, structurés dans des réseaux de rapports complexes de domination et de subordination.
L’ANARCHOSYNDICALISME, par son syndicalisme sans concession visant l’arrêt de toute production pour juguler le capitalisme et par son anarchisme viscéral pour détruire tous les pouvoirs, prône une société basée sur des communes libres se fédérant librement, sans État, sans armée, sans exploiteurs ni exploités, sans argent, sans marchandise ni valeur, sans hiérarchie ni discrimination d’aucune sorte ; une société basée sur l’entraide où chacun apportera ce qu’il a et recevra ce dont il a besoin ; une société où les décisions seront prises dans des assemblées générales souveraines et où les mandatés seront porteurs d’un mandat impératif et seront révocables à tout moment ; une société qui laissera la fenêtre ouverte à nos rêves. Cette société, c’est à nous de la construire car aucun politicien ne le fera à notre place.
Le capitalisme et l’État-nation
se sont construits par l’invention du salariat et son corollaire, le patronat.
Voilà ce qu’il nous faut dépasser !
Retraites
Les États seront toujours nos ennemis quelle que soit l’idéologie qui les anime
Encore une fois, nous battons le pavé dans l’espoir que l’État entende nos doléances. Mais nous savons qu’inéluctablement les gouvernements, quelle que soit leur idéologie, doivent trouver des fonds pour faire fonctionner leur structure qu’impose ce système étatique capitaliste. Ces États nécessitent armées, gendarmes, polices, services secrets, prisons…, pour que l’injustice sociale règne et perdure, car dans ce système, basé sur l’accumulation, il faut des pauvres pour qu’il y ait des riches.
Quelques explications sur le fonctionnement de ce système politico-économique sont peut-être nécessaires.
Les États, principaux piliers du capitalisme, puisque vivant de l’impôt tiré de la sur-valeur (plus-value) qui fait le bénéfice des entreprises et les salaires – propres et sociaux faussement appelés « charges » –, n’ont comme solution que ces deux sources de financement.
Mais nous sommes à l’heure de la mondialisation et de la technologie rationalisante. L’une mettant en concurrence les entreprises – forçant une production à moindre coût – et l’autre faisant chuter le nombre de salariés – seule source de la valeur – et permettant la production de toujours plus de marchandises.
Car la valeur est fonction du nombre d’heures fournies par la force de travail et du nombre de produits générés. En diminuant le nombre de salariés et en augmentant la production, la valeur diminue, le prix de vente peut et doit toujours baisser pour s’aligner sur la concurrence dorénavant internationale, il y a moins de bénéfices et donc moins de sur-valeur aussi.
D’un côté, les États perçoivent donc moins d’impôts des entreprises, et en leur fournissant par la loi des moyens d’en être exemptées, pour leur permettre d’investir afin d’être toujours compétitives internationalement, s’assurent ainsi un minimum de rentrées. De l’autre côté, pour éviter l’inflation, les salaires ont été bloqués et l’accès au crédit a été facilité. Les sources de rentrée des États se minorent d’année en année !
Alors où trouver de l’argent ? Les États n’ont qu’à fabriquer de la monnaie, me direz-vous ! Et l’ISF, hein ?
Mais, c’est mal connaître le fonctionnement interétatique des banques nationales. La comptabilité en partie double impose un équilibre entre les crédits et les débits. Si la Banque de France emprunte des euros à la Banque d’Europe (BCE), ou si la Banque de Madagascar emprunte à la Banque mondiale (BM) par exemple, les sommes prêtées seront inscrites dans la colonne débit du prêteur. Une dette est créée et l’argent une fois rendu sera noté dans la colonne crédit, puis il sera brûlé, seuls resteront les agios. Quant à l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) transformé en 2017 par l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), solidarité de classe oblige, il ne sert principalement qu’à relancer l'investissement dans les entreprises (Les Échos, le 30 sept. 2019).
Les États, de par la contradiction systémique (la valeur diminuant par la rationalisation technologique), se voient forcés de trouver des fonds pour éviter à terme la banqueroute et ce sont toujours, dans notre classe sociale, les moins organisés qui feront l’objet de la ponction !
Nous ne sommes plus dans les années 70, la répartition équitable de la sur-valeur ou plus-value (idéologie marxiste) n’est plus possible du fait de l’évolution du système étatique capitaliste qui, rappelons-le, est dynamique n’impliquant aucun retour possible dans le passé !
L’heure est au changement de société !
Passons de l’État-nation concurrentiel et guerrier à un fédéralisme anarchiste basé sur un pacte d’entraide et pacifique ! Passons de l’économie capitaliste basée sur l’accumulation destructrice sans fin à une activité distributive basée sur : « de chacun selon ses possibilités, à chacun selon ses besoins » !
Alors, voile au vent ! cap vers l’anarchie ! première escale : la grève !
Et « joyeux, bras dessus bras dessous » (comme le dit la chanson), si nous occupions nos lieux de travail ? C’est par l’action directe et le fédéralisme intercorporatif que nous réussirons à sauvegarder nos acquis sociaux ! Établissons l’équité salariale dans chacun de nos lieux de travail ! Et qui sait, si par delà les frontières, les travailleurs font de même, nous pourrions tenter la gestion directe dans l’entraide et en finir avec les classes sociales, le patronat, le salariat, la valeur, l’argent, la marchandise, l’État et ses frontières.
Retraites
Ni capitalisation inéquitable !
Ni répartition inégalitaire !
Abolition du travail !
C'est en 1993, avec la contre-réforme Balladur qui passait de 37,5 années à 40 années de cotisations que commençait, en France, la bataille des retraites. Et depuis, tous les gouvernements – de droite comme de gauche – n'ont pas cessé de reculer l'âge de son départ. Avec la proposition de lois du gouvernement Macron, c'est avec 172 trimestres en 2030, soit 43 années à trimer que nous pourrons avoir l'accès à une activité « librement choisie »… La lutte de classe engagée par le système étatique capitalisme depuis sa formation, il y a cela 400 ans, se poursuit. Ce n’est donc pas une simple bataille syndicale pour la défense d’acquis sociaux, encore moins une bataille corporatiste de certains secteurs de travailleurs « privilégiés », c’est une bataille cruciale pour un choix de société, pour un choix de vie.
La retraite n’est pas seulement le juste repos du travailleur après une vie de dur labeur, c’est une partie soustraite au travail, à ses contraintes hiérarchiques, à ses rythmes, à l’oppression d’autrui, à la pénibilité.
Malheureusement, l’accès à cette juste récompense, à ce droit inaliénable, semble impossible pour les travailleurs de nombreux pays du monde.
Aujourd’hui en France, les retraites sont financées par les richesses capitalistes (vente de la production industrielle) créées par le travail (cotisations des salariés et cotisations dites « patronales », appellation usurpée ne représentant en fait qu’une partie de la force de travail collectif). Mais les évolutions technologiques récentes – automatisation, robotisation, informatisation, etc. – font que ces richesses sont de plus en plus produites par le « travail » des machines, minimisant le travail humain. Ce dernier devient un élément inessentiel à la reproduction du capital et donc, le nombre de travailleurs actifs nécessaires à la production est en chute libre.
Les arguments avancés entre autres par Pierre-Louis Bras, président du Conseil d’orientation des retraites, (qui revient sur les dernières prévisions démographiques et économiques actualisées) : « l’augmentation significative » de l’espérance de vie « aux horizons 2060-2070 », ou la « décroissance régulière » du ratio entre le nombre d’« actifs » et celui de retraités, ne tiennent pas.
En effet, ce raisonnement dominant omet le fait que la courbe démographique relative aux jeunes générations montre une baisse des natalités et donc par là même, compense l’augmentation des retraités. Ce qui importe pour le financement de la solidarité (retraites, assurance chômage, santé…), c’est le rapport entre le nombre de personnes en âge de travailler (les cotisants) et le nombre de ceux qui sont trop âgés ou trop jeunes pour travailler (les bénéficiaires), auxquelles nous pouvons ajouter les jeunes en attente du premier emploi, les travailleurs privés d’emploi, les femmes ou hommes au foyer…
De plus, la productivité du travail ne cesse de s’accroître (même si l’on peut noter un ralentissement en ce début de nouveau millénaire). Si sa croissance se poursuit au rythme moyen du siècle écoulé (2% par an), dans une quarantaine d’années, un actif employé produira, à durée de travail égale, 2,2 fois plus qu’actuellement, largement de quoi compenser les pensions de retraite, à taux de cotisation inchangés.
Un dernier point, non sans importance : le déficit ayant été annoncé par l’État à l’horizon 2025 n’est pas dû à l’explosion des dépenses, relativement stables, mais à une baisse de l’effort public provoquant par des lois, un abaissement des ressources des cotisations sociales et une accumulation d’exonérations.
Ce que continuent de proposer et même d’imposer les divers gouvernements successifs, c’est une nouvelle réforme qui aidera à faire passer le système actuel de financement des retraites par répartition garanti par l’État à un système généralisé de financement par capitalisation, géré par la Bourse. C’est-à-dire par l’achat de titres correspondant soit à une subdivision du capital d’une entreprise (actions), soit à un emprunt d’État (obligations) mis sur le marché, ou bien par l’achat de dettes privées (crédit). Notre pension serait donc rémunérée en prévision d’un hypothétique travail futur à la hausse.
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A l’heure actuelle, il existe 3 « formules » de fonds de pension : le fonds de pension « défini public » garanti par l’État avec comme régulateur l’impôt, sauf en cas de faillite ; le fonds de pension « défini privé » avec comme régulateur l’as- surance et ses limites, son taux de réserve ; enfin, la cotisation « définie privée » sans garantie, offrant généralement un rendement élevé mais plus risqué..
Depuis 2019, l’homogénéisation des caisses de retraite vers un système « à points » a été une des étapes vers une capitalisation dite « nécessaire » – la plupart des retraités pouvaient prendre leur retraite avec relativement le même pouvoir d’achat que les actifs ; mais avec la retraite à points, l’État peut minorer les pensions par la valeur du point pour obliger le futur retraité à compléter sa pension avec un fonds de pension – en bref, ce que l’État a toujours fait : créer un déficit pour justifier des mesures. En effet, dans le système capitaliste basé sur l’accumulation d’argent, les besoins de profit croissant des entreprises en concurrence constante entre elles au niveau mondial nécessitent des investissements deplus en plus lourds, pour produire plus et à moindre coût.
Cela implique une
diminution de la valeur de la marchandise produite et donc forcément,de sa plus-value qui, rappelons-le, est uniquement fournie par le travail humain. |
Non-solidaires
Solidaires avec les banques,
nous leur confions notre argent.
Solidaires avec les politiciens,
nous leur confions notre volonté.
Solidaires avec les chefs d’entreprise,
nous leur confions nos vies.
Solidaires avec les policiers
nous leur confions notre autorité.
Solidaires avec l’Église,
nous lui confions notre foi.
Non solidaires avec nos compagnons de classe,
nous n’avons toujours pas aboli le travail,
nous n’avons toujours pas brûlé l’argent,
nous n’avons toujours pas cessé de voter,
nous n’avons toujours pas récupéré la politique,
nous n’avons toujours pas assumé notre responsabilité,
nous ne nous sommes toujours pas approprié nos vies,
nous n’avons toujours pas confiance en nous,
et nous continuons.
Insolidarios
Solidarios con los bancos,
les entregamos nuestro dinero.
Solidarios con los políticos,
les entregamos nuestra voluntad.
Solidarios con los empresarios,
les entregamos nuestras vidas.
Solidarios con la policía
les entregamos nuestra autoridad.
Solidarios con la Iglesia,
le entregamos nuestra fe.
Insolidarios con nuestros compañeros de clase
seguimos sin abolir el trabajo,
seguimos sin quemar el dinero,
seguimos sin dejar de votar,
seguimos sin recuperar la política,
seguimos sin asumir nuestra responsabilidad,
seguimos sin apropiarnos de nuestras vidas,
seguimos sin confiar en nosotros,
seguimos.
Antonio Orihuela,
poète et essayiste anarchiste espagnol,
(« Todo el mundo está en otro lugar », Ed. El baile del Sol, 2011)
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Et, pour récupérer le max de fric, le patronat, les actionnaires et l’État (les capitalistes quoi !) s’attaquent à la masse salariale et aux cotisations sociales des salariés, dont celles destinées au financement des retraites.
Mais le système actuel de retraite, présenté comme un « acquis social », est aussi pour nous profondément injuste, inégalitaire, inéquitable !
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1 - A l’heure actuelle, il existe 3 « formules » de fonds de pension : le fonds de pension « défini public » garanti par l’État avec comme régulateur l’impôt, sauf en cas de faillite ; le fonds de pension « défini privé » avec comme régulateur l’assurance et ses limites, son taux de réserve ; enfin, la cotisation « définie privée » sans garantie, offrant généralement un rendement élevé mais plus risqué.
Injuste parce que certains, le plus souvent des femmes, (qui se sont crevés dans les boulots les plus pénibles) touchent des clopinettes… pendant que d’autres (aux boulots les plus valorisants), des retraites confortables.
Inégalitaire parce que certains, et particulièrement ceux inféodés au pouvoir (militaires, flics), peuvent partir après 15 ans de service, toucher une pension et cumuler avec un nouvel emploi… alors que d’autres doivent attendre 62 ans et même davantage pour avoir droit à une pension « décente »… parce qu’il leur manque des trimestres de cotisation.
Inéquitable parce que toute personne arrivée à l’âge de la retraite devrait bénéficier de moyens suffisants pour assurer une vie décente et cela quel que soit le nombre de trimestres cotisés.
Pourquoi ne pas se battre au nom de l’égalité et de l’équité :
pour que la retraite soit à 55 ans pour tous quel que soit le nombre d’années de cotisation, avec perception immédiate d’une pension ?
pour une pension mensuelle unique de 2000 €, quel que soit le salaire antérieur et le nombre d’années de cotisation. Et parce qu’il serait profondément injuste que ceux qui ont perçu de gros salaires, au motif de longues études et grâce à un financement social du système éducatif, perçoivent des retraites supérieures à celles d’actifs qui ont financé leurs études en allant travailler très jeunes ?
Pourquoi ne pas se battre aussi au nom de la liberté :
pour la possibilité, pour ceux qui le désirent, de continuer à travailler au-delà de 55 ans, une pension ne leur serait versée qu’en complément pour atteindre 2000 € par mois ?
Mais, nous savons que, par essence même, le système politico-économique aliénant qu’est le capitalisme – et son outil de coercition : l’État – basé sur l’exploitation du vivant et l’accumulation sans fin d’argent, ne permet et ne permettra aucunement un partage de la richesse globale produite, et cela tant que les structures politiques et économiques ne changeront pas radicalement (une coquille d'huître ne peut donner qu'une perle !).
Notre combat n’aboutira que lorsque nous aurons la garantie de justice et d’équité, que seule la Liberté peut nous offrir ! Pas celle définie dans nos manuels scolaires, non ! la vraie ! la liberté sociale, celle d’autrui qui étend la mienne à l'infini, celle par laquelle nous pourrons choisir nos activités sans contraintes, par libre association, celle qui permettra de gérer nos propres affaires par quartier, village, commune, « région »… Un monde sans frontière posant un pacte d’entraide comme ciment parmi ses entités imbriquées.
Alors que faire ?
Interrogeons la mémoire sociale, l’expérience de celles et ceux qui, avant nous, ont mené des luttes efficaces. Un constat : tout ce qui a été arraché l’a été par la grève. Plus précisément, rappelons ce qui s’est passé en juin 1936
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Les accords Matignon ne furent pas un cadeau offert à la classe ouvrière pour la récompenser de bien avoir voté, mais un contre-feu mis en place à la hâte par le patronat et le gouvernement socialiste Blum fraîchement élu, sou- tenu par la CGT et les partis de gauche animés par une même préoccupation : tenter de ramener dans son lit le torrent de la grève (ils y réussirent, mais difficilement)..
. La classe ouvrière a innové en s’attaquant directement à la propriété des moyens de production par l’occupation des lieux de travail (ce qui a empêché ainsi l’emploi de travailleurs extérieurs à l’entreprise), par une organisation interprofessionnelle et par des revendications imposées de façon autonome (ce qui a empêché ainsi le contrôle par les syndicats « réformateurs » institutionnels), le tout scellé dans l’enthousiasme et la joie par un contrat d’entraide.
Alors, voile au vent ! cap vers l’anarchie ! première escale : la grève !
Et « joyeux, bras dessus bras dessous » (comme le dit la chanson), si nous occupions nos lieux de travail ? C’est par l’action directe que nous réussirons à sauvegarder nos acquis sociaux ! Et qui sait, si par delà les frontières, les travailleurs font de même, nous pourrions tenter la gestion directe dans l’entraide et en finir avec les classes sociales, le patronat, le salariat, la valeur, l’argent, la marchandise, l’État et ses frontières.
Bref, abolir le travail !
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2 - Les accords Matignon ne furent pas un cadeau offert à la classe ouvrière pour la récompenser de bien avoir voté, mais un contre-feu mis en place à la hâte par le patronat et le gouvernement socialiste Blum fraîchement élu, soutenu par la CGT et les partis de gauche animés par une même préoccupation : tenter de ramener dans son lit le torrent de la grève (ils y réussirent, mais difficilement).
Social
Travailleurs et travailleuses du social : Pour qui, pourquoi et comment, travaillons-nous ?
Suite à cette période de crise sanitaire qui s'est éternisée, les questions sur le sens de notre boulot s’imposent encore plus à nous. Comment se fait-il que nous soyons capables de remettre à la rue des personnes en situation de grande précarité et des migrantes de tous pays ? Sommes-nous seulement les valets d’une politique de classe portée par divers gouvernements prétendument d'alternance, dont les actions sont dirigées contre les pauvres de façon réactionnaire et xénophobe ? Ces femmes et hommes politiques qui forment gouvernements et parlementaires, agissant main dans la main avec les capitalistes, continuent le travail de régression sociale : réduction du nombre de travailleurs (du secteur dit public – éducation, santé, etc. – jugé non rentable, soumis alors aux logiques de marché), sans compter les privatisations, la diminution des subventions dans le secteur social, la répression et la précarisation accrues…
Dans notre secteur comme ailleurs, la part des emplois non qualifiés et sous statut précaire s'accroît quand le « noyau dur » des professions sociales (éducateurs et éducatrices spécialisées, assistantes sociales, etc.) stagne. La précarité devient le lot commun pour les travailleurs et travailleuses du secteur social comme pour les usagères auxquelles, ielles s'adressent.
Ce qui est à l’œuvre dans le cadre de l’hébergement social en est un bel exemple. C’est pas « un si beau soleil » sur Montpellier, le 115 rappelle l'Etat à ses devoirs : en 2021 en plein COVID, le centre d'appel et d’accueil du SAMU social sature avec 400 appels par jour et à la fin de la même année, un collectif autonome de travailleurs sociaux se structure et lutte pour faire entendre la voix des travailleurs et l’indignité des politiques mises en place. Car c'est à ces salariées qu'incombe la tâche, ingrate, contraire aux principes du travail social et de plus illégale, (article L345-2-2 du code de l'action sociale et de familles) de pousser vers la sortie les personnes qu'elles avaient pourtant pour mission d'accompagner : avoir été dehors pour être remises dehors...
Il ne s'agit pas seulement d'une précarité en termes de contrats et de conditions de travail, mais aussi d'une précarité « morale » qui réduit à néant toute possibilité de se projeter dans l'avenir, puisque les salariées, comme les personnes hébergées, sont volontairement entretenues dans une désinformation concernant leurs sorts respectifs. La précarité des contrats maintient les travailleurs et travailleuses, qui se trouvent ainsi contraintes d'appliquer des directives hiérarchiques sans possibilité de demander des comptes, dans une position de chantage par subordination. Dans le monde associatif comme dans celui des institutions d'Etat, tout le monde se connaît ou presque et le « copain – copain » oblige à la docilité, à une « omerta » coupable, qui conforte que l'herbe est plus verte ailleurs et que l’on souhaite retrouver un travail ailleurs dans le secteur, voire en sortir.
On a tort de croire que le secteur associatif représente un mode d'organisation du travail participant d'une société plus juste. Depuis plus d'un siècle qu'elles existent, les associations n'ont pas fait éclore un système économique alternatif. Elles n'ont fait qu'occuper les marges non productives de l'organisation capitaliste et n'y prospèrent que grâce aux subventions dispensées par le pouvoir en place.
Quelle société plus juste pourrait se construire sur une telle dépendance ?
Or c'est bien sur « l'éthique » et « la déontologie » du travail social, qui sont mises à mal au travers de la politique de l'Etat, que sont déterminés des objectifs comptables de la matière humaine, mais notre mission, à nous les travailleurs, n'est pas d'exclure mais d'accompagner les personnes déjà en situation d'exclusion. En ce sens nous sommes poussées à mépriser nos professions – qui visent à promouvoir l’amélioration des conditions sociales et à travailler à l'autonomie des individues – nous reléguant ainsi à la seule fonction de soldats censés servir l’amortisseur social.
Voilà le malaise dans le travail social, là ou l'entraide collective devrait nous enchanter...
En nous demandant de ne plus faire « avec », on nous fait collaborer à un système qui n'a plus rien à voir avec la vision d’une prétendue justice sociale (si ce n'est dans une marge utile à la reproduction de l’exploitation de l'humain par l’humain).
Mais quelle société peut se construire sur une telle dépendance ? Puisque l'entraide est un principe pour faire société.
Nous, les salariées du social avons tout intérêt à nous organiser et à refuser
cette collaboration forcément à sens unique, en luttant dans nos lieux de travail,
à la base
pour contrer la politique dissociative du mérite transmise par des petits chefs
vers un « chacun selon ses besoins » unificateur
avec et pour les bénéficiaires de l'entraide sociale
nous agirons ainsi dans l’intérêt de l'humain,
non dans celui de l'organisation politique et économique actuelle,
et cela quelles que soient
la douceur de l'exploitation ou la légitimité qu'on lui accorde.
No vote
Au lieu d'élire, agir !
Les élections arrivent et annoncent un retour à une « normalité » démocratique. Toi, le citoyen vacciné te croyant sauvé, tu retrouves enfin tes droits et tu pourras donc porter fièrement ton bulletin dans l’urne. Acte qui, sans que tu t’en doutes, confirme ton adhésion au système de la démocratie parlementaire. Et tu éliras celui/celle qui vivra de ton labeur et qui te réprimera si jamais tu manifestes ton mécontentement pour peu que « des langues intéressées pourlèchent ta fiente royale, ô Souverain ! »
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Et cela sans que tu puisses le critiquer, puisque tu en acceptes le jeu !
Ce système conflictuel (la loi du plus fort, quel que soit le type de démocratie), fer de lance du capitalisme (un virus plus meurtrier que la Covid-19 !) depuis les XVI/XVIIe siècles, est tout à fait opposé à ce que nous proposons comme organisation des sociétés et c’est pour cela que nous, anarchistes, nous n’irons pas nous voiler la face dans l’isoloir. Nous aurons au moins l’avantage de ne pas te rejoindre dans les rangs des « criminels inconscients et naïfs »
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Mais qu’en est-il des réels problèmes qui nous concernent ?
Le système national étatico-économique qu’est le capitalisme par ses adeptes, les capitalistes, et ses outils, les entreprises, produit des biens et des services parce que de l’argent est engagé dans le but de se transformer en davantage d’argent. Pour ce faire, il faudra aussi que les marchandises ou les services trouvent preneurs pour que l’argent investi se transforme en toujours davantage d’argent. Cette logique d’accumulation de capital rend nécessaire la croissance continue de l’économie. Et cette exigence est renforcée sur les plans local, national et international par le fonctionnement concurrentiel de l’économie de marché : plus l’entreprise est grande plus elle doit croître à tout prix, sous peine d’être absorbée par les concurrents devenus plus puissants. De plus, pour faire baisser les coûts de production, il faudra produire plus et donc vendre plus – faute d’épuiser ses stocks, l’entreprise travaillera à perte et verra ses profits diminuer. De leur côté les États-nations (par leurs gouvernants) structurés en réseaux de rapports complexes de domination ou de subordination, doivent maintenir territorialement l’accès, au plus faible coût, aux quatre principales marchandises : la nourriture, l’énergie, la matière première et la force de travail, tout en protégeant la propriété des moyens de production. Sinon un « déséquilibre » se crée, obligeant l’intervention des forces répressives pour contenir les émeutes naissantes (qui ne visent que la consommation), facteurs de perturbation du « bon » fonctionnement de ce système national étatico-économique.
Par une déforestation effrénée, le capitaliste s’approprie de plus en plus de territoires pour satisfaire les besoins intensifs de l’agro-industrie fournisseur de soja, huile de palme, café, chocolat… et y installe aussi des élevages concentrationnaires, foyers de constantes zoonoses (rappro-chement de l’animal sauvage avec le domestique) qui se transmettent parfois aux humains : VIH-1 en 1959, Nipah en 1998, grippe aviaire H5N1 en 1996 et 2006, grippe porcine H1N1 en 2009, MERS en 2012, Ebola en 2014, Zika en 2015, jusqu’au SARS-CoV-2 en 2019, pour s’en tenir aux cas principaux. En contractant le temps par des moyens de transport et d’échanges de plus en plus rapides et polluants, cette machine infernale met en péril l’espèce humaine.
Tout cela appartient à cette période du Capitalocène (si l’on admet qu’un tel basculement ne saurait être imputé à l’espèce humaine dans son ensemble mais à un système historique bien spécifique), durant laquelle les humains ont à affronter les conséquences de l’expansion démesurée d’un système économique mû par un impératif de croissance illimitée ayant abouti à une exploitation sans retenue des ressources naturelles. Là doit être située l’origine des dérèglements accélérés des équilibres du vivant et du système Terre, dont les effets les plus dramatiques sont le dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité et la multiplication de nouvelles zoonoses impliquant d’autres syndémies
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Une syndémie caractérise un entrelacement de maladies, de facteurs biologiques
et environnementaux qui, par leur synergie, aggravent les conséquences de ces
maladies sur une population.
Au vu de ces faits, beaucoup sont convaincus qu’un effondrement est inéluctable faute de moyens d’agir radicalement. Mais derrière cette thèse, qui rappelle la prophétie marxiste – démentie jusqu’à aujourd’hui – tout comme celle des écologistes depuis la moitié du XXe siècle, se cache la question : qu’est-ce qui s’effondre ? Est-ce le vivant ou le système capitaliste ? Il est évident que si le système perdure, la fin de l’humanité semble annoncée. Mais si nous mettons fin au système capitaliste rapidement, alors nous pourrons basculer dans un autre scénario où le possible du bien-vivre pour tous et toutes peut être un but à atteindre. |
Au lieu d’élire, agir ! oui mais comment ? Même si les changements individuels ne doivent pas être négligés (au-delà des incessantes incitations à modifier les habitudes de consommation), il faut souligner que, dans le système actuel, la consommation est un véritable dérivé des impératifs de la production. C’est donc sur la production qu’il convient d’agir (même s’il est vrai que la consommation peut, dans une certaine mesure, rétroagir sur elle-même).
Pour cela une organisation est nécessaire et le syndicalisme tel que nous le voyons et pratiquons est un outil pertinent. Par son côté insurrectionnel visant directement la production, et basé sur la lutte de classe, il regroupe planétairement tout individu n’exploitant pas l’humain ; il se veut ainsi ainsi a-nationaliste (terme préféré à internationaliste car notre stratégie comprend l’abolition des frontières). Il exclut toute relation avec les partis politiques et ne participe à aucune instance démocratique. Il est basé sur l’action directe, l’autonomie des syndicats (selon les accords délibérés par les syndicats réunis en congrès), une structure fédéraliste et planétaire (pacte d’entraide entre les syndicats), une émancipation de chaque membre par la formation aux diverses responsabilités structurelles non spécialisées telles que : la délégation, le secrétariat…
La grève et le sabotage coordonnés sur des axes décidés en assemblées générales localement, régionalement, nationalement ou internationa-lement, épaulés par une entraide sans faille pour subvenir aux besoins des adhérents (en cas de répression) sont des outils indispensables à l’heure actuelle pour en finir avec le capitalisme (travail, valeur, marchandise, argent) et bien évidemment avec l’État.
« Ne remettez donc pas vos destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres futurs. Ne votez pas ! Au lieu de confier vos intérêts à d’autres, défendez-les vous-mêmes ; au lieu de prendre des avocats pour proposer un mode d’action futur, agissez ! »
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1er Mai 2021
Le travail, il faut y faire sa fête !
Hormis pour celles et ceux qui travaillent souvent double à cette occasion, depuis déjà plusieurs décennies, en France, le 1er mai est vécu soit comme un simple jour férié (le seul de l’année où on ne bosse pas tout en étant payé à se la couler douce, « fête » officiellement instaurée en 1941 par Pétain), soit comme l’occasion d’une cérémonie d’un autre âge (quelques défilés traîne-savates de plus en plus désertés clamant de nombreuses revendications disparates). Il n’en fut pas toujours ainsi.
1er mai 1886, à Chicago : à la fin d’un rassemblement (340 000 travailleurs) à l’usine Mac Cor-nick demandant la journée de 8 heures, autour de 200 policiers chargent les travailleurs, en bles-sent un grand nombre et en tuent un. August Spies, militant anarchiste, rédige alors un appel à un nouveau rassemblement pour dénoncer les violences policières. Il se tiendra trois jours plus tard.
4 mai 1886, toujours à Chicago : sur la place Haymarket, à la fin d’une grosse manifestation, tandis que la police décide une fois encore de charger, une bombe éclate. Si un flic meurt sur place du fait de l’explosion, dans le chaos, plusieurs d’entre eux y laisseront la peau.
8 anarchistes sont inculpés, 4 finiront pendus (tous seront réhabilités en 1893).
Voilà comment pour longtemps, partout dans le monde, le 1er mai représentera une journée de lutte pour l’obtention de la journée de 8 heures.
Le travail dans le sens capitaliste émerge en Angleterre aux XVIe/XVIIe siècles d’une transformation des rapports d’exploitation directe et de dépendance personnelle entre seigneurs et paysans. Expulsés de leur terre par les gentilshommes – ancienne aristocratie militaire –, les paysans deviennent une force de travail disponible sur le marché urbain pour participer aux prémices de l’industrialisation. Le Parlement, en ratifiant ces expulsions, accordera une victoire sans partage à ces nouveaux propriétaires terriens.
Ainsi, une partie de ces paysans se sont retrouvés salariés de fermiers capitalistes qui, eux, versaient une rente à leur propriétaire et qui étaient chargés de rentabiliser la terre. Le prolétariat et le salariat apparaissaient, éliminant au fil du temps, par le système de concurrence mis en place, toute autre forme d’organisation productrice.
Dès lors, le travail consistera en une vente contrainte de sa force de travail sous forme de marchandise qui, elle-même, deviendra productrice de marchandise et de valeur.
Autrefois, les hommes travaillaient pour gagner de l’argent. Aujourd’hui, l’État ne regarde pas à la dépense pour que des centaines de milliers d’hommes et de femmes simulent le travail disparu dans d’étranges « ateliers de formation » ou « entreprises d’insertion » – la structure sociale est conservée – pour des « emplois » qu’ils n’auront jamais.
En simulant « l’emploi » et en faisant miroiter un futur positif de la société de travail, l’Etat crée la légitimation morale nécessaire pour sévir encore plus durement contre les chômeurs et ceux qui refusent de travailler.
Les revendications à grands cris déchirants « De l’emploi ! » des syndicats corporatistes et de beaucoup justifient une accélération de la destruction, depuis longtemps manifeste, des bases naturelles (eau, air, terre) et de toute forme de vie sur terre. Les derniers obstacles à la marchandisation complète de tous les rapports sociaux peuvent être éliminés sans soulever aucune critique, dès lors que quelques misérables « postes de travail » sont en jeu. Et l’expression selon laquelle il vaut mieux avoir « n’importe quel travail plutôt que pas de travail du tout » est devenue la profession de foi exigée de tous.
Comment comprendre la puissance de cette machine de mort qui, pour perpétuer son œuvre, doit broyer non seulement ceux qui la servent, mais aussi ceux qui, se croyant libres de la critiquer, en deviennent à leur tour et souvent à leur insu des agents, voire les complices ? Ceux qui dénoncent aujourd’hui la machine impérialiste du capitalisme comme un système dont il faut sortir en le réformant, semblent ignorer qu’il n’existe pas une bonne machine qui exercerait une bonne domination. Toutes les machines de domination, quelles qu’elles soient, transforment les hommes en machins, en machinistes, en machines, et finalement en cadavres.
L’industrialisation donna lieu à une résistance au travail d’action directe, qui prit plusieurs formes :
Les luddites, vers 1810, utilisent le sabotage des machines qui fabriquent de la mauvaise qualité et qui sont sur d’autres lieux de production que le leur. Ils revendiquent un travail de bonne qualité exécuté selon des méthodes du travail qualifié et payé convenablement. Leur combat s’inscrit dans un mouvement plus général de formation des syndicats et des partis de la classe ouvrière anglaise et leur sabotage se veut pro-travail.
La CGT fait entrer le principe de sabotage lors de son congrès de 1897. La brochure d’Emile Pouget, Le sabotage, veut surtout montrer que celui-ci permet aux travailleurs de faire plier les patrons sur des questions de salaires, etc, en s’attaquant à leur propre machine ; que le sabotage vient en soutien de revendications, en préparation de grèves (prévention de « jaunes ») et qu’il ralentit la production. Repris aux Etats-Unis par Smith, c’est un « sabotage constructif » qui fait partie du développement du mouvement ouvrier en ce qui devrait devenir une grande armée disciplinée apte à prendre le pouvoir. Il ne se révèle finalement qu’anti-patrons.
L’organisation scientifique du travail (OST) qui impose des gestes répétitifs aux travailleurs (Taylor, maîtrise du temps de travail ; Ford, tapis roulants, salaires « élevés » et réduction du temps de travail, 1914), donne au sabotage un autre sens en déqualifiant le travail humain. Car le sabotage à la Pouget/Smith prouvait que les travailleurs avaient le contrôle technique de la production, et qu’il ne leur manquait donc plus que la propriété collective des moyens de production pour réaliser le socialisme. Maintenant le sabotage – joint aux pratiques des travailleurs au je-m’en-foutisme systématique ne respectant ni l’outil de travail, ni le délégué syndical, ni la hiérarchie – en s’opposant directement à l’outil de travail et donc à une partie du capital, ne prouve plus qu’une chose : il est la base de l’anti-travail.
Le post-fordisme 1960/70 (ou toyotisme) est un fordisme qui corrige ses imperfections pour lutter contre les dernières traces de cette « flânerie », qui avait au départ provoqué la démarche de Taylor. Après une période de recul, les patrons ont riposté à l’indiscipline du prolétariat de plusieurs façons : restructuration du processus de travail fordiste, automatisation partielle, délocalisations du fordisme traditionnel vers des pays à bas coût de main-d’œuvre.
Force est de constater, à l’heure actuelle, que l’anti-travail a disparu, du moins des pays industrialisés : le contrôle resserré des travailleurs par la numérisation et le poids du chômage ont jusqu’ici prévenu toute remise en cause du travail.
Dans ces conditions, on peut avancer que pour que nous remettions sérieusement en cause les conditions actuelles de la reproduction du rapport prolétariat/capital, il nous faudra user en même temps de l’anti-travail et de l’anti-chômage. Car pour s’attaquer au travail destructeur auquel nous sommes contraints, nous devrons en même temps rejeter le fait que le chômage est un obstacle infranchissable.
Le couple travail/chômage s’inscrit dans la mondialisation de l’économie capitaliste, et les médias nous serinent que l’État-nation ne joue plus le rôle essentiel qu’il jouait et qu’il perd de plus en plus sa raison d’être. Mais aucune structure transnationale n’est parvenue à remplir les fonctions essentielles de l’État-nation dans le maintien du système de propriété et de l’ordre social, et moins encore cette fonction de coercition qui fonde toutes les autres. On peut difficilement imaginer qu’une forme de « gouvernance mondiale » puisse assurer le type de régularité ou les conditions d’accumulation que réclame le capital. En fait, le monde est aujourd’hui plus que jamais un monde d’États-nations. Encore une fois, la mondialisation emprunte la forme politique non d’un État mondial, mais d’un système mondial constitué de multiples États locaux, structurés dans des réseaux de rapports complexes de domination et de subordination.
Nous voulons une société basée sur des communes libres se fédérant librement, sans État, sans armée, sans exploiteurs ni exploités, sans argent, sans marchandise ni valeur, sans hiérarchie ni discrimination d’aucune sorte ; une société basée sur l’entraide où chacun apportera ce qu’il a et recevra ce dont il a besoin ; une société où les décisions seront prises dans des assemblées générales souveraines et où les mandatés seront porteurs d’un mandat impératif et seront révocables à tout moment ; une société qui laissera la fenêtre ouverte à nos rêves. Cette société, c’est à nous de la construire car aucun politicien ne le fera à notre place.
Spectacle
« Culture en danger » ? Affaire d’État et de capitalisme !
Les moyens que nous employons dans nos luttes sont révélateurs de nos buts. C’est dans un contexte de morbidité accrue (dont l’effet direct est viral, renforcé par un mode vie sédentaire et une alimentation industrialisée favorisant diabète, surpoids et hypertension, le tout accentué par une pollution de particules fines et autres, bref une syndémie
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Une syndémie caractérise un entrelacement de maladies, de facteurs biologiques
et environnementaux qui, par leur synergie, aggravent les conséquences de ces maladies sur une population. ) que nous interrogeons les personnes salariées du spectacle sur les moyens qu’elles donnent à leur lutte. Car à l’heure des nuisances tous azimuts de l’impérialisme capitaliste – dont les États-nations sont le fer de lance – si la culture a un sens, elle ne peut être que révolutionnaire ! Il ne peut y avoir de production de sens, n’en déplaise aux syndicats corporatistes, que dans la mesure où tous les producteurs concernés ont une exigence résolue de liberté !
Il mondo nuovo
Années 60 : mise en place d'un régime de chômage spécifique des « intermittents du spectacle » qui ne concerne que peu de salariés, les entreprises culturelles fonctionnant plutôt avec des personnels permanents.
La classe ouvrière va au paradis
Au cours des 30 années suivantes, on a assisté à un accroissement général du chômage ; la « politique culturelle » de l'État a subventionné des productions « en marge ».
L'ensemble a entraîné la multiplication des compagnies et des spectacles, provoquant une augmentation considérable de l'emploi intermittent.
Les voleurs
Les employeurs ont pu pratiquer à leur profit le « zéro stock » humain (flexibilité) ; de plus, la déclaration à l'ASSEDIC de cachets « gonflés » et le non paiement de chaque jour travaillé reportent sur les indemnités une partie du salaire des intermittents. Un chantage se met insidieusement en place : tu travailles « au noir » si tu veux du boulot.
Nous nous sommes tant aimés
Depuis la fin des années 90, les mobilisations pour une défense du régime d'assurance chômage des intermittents du spectacle ont pu réunir à la fois salariés et patrons dans une position corporatiste.
Qu'est-ce que le corporatisme ? Corporatif s'applique à une chose (organisation, action) spécifique à un corps de métier. Le terme corporatisme désigne, lui, une doctrine qui préconise une société fondée sur la communauté d'intérêts entre patrons et salariés. Le régime de Vichy, avec sa Charte du Travail, est un excellent exemple de l'application de cette doctrine.
Le syndicalisme se fonde sur une idée diamétralement opposée : celle que tous les travailleurs ont en commun d'être spoliés du produit de leur travail par leurs patrons, et que c'est en s'unissant et en s'organisant par eux-mêmes qu'ils mettront fin à cette exploitation.
Du côté de chez l'autre
La flexibilité et la précarité ne concernent pas que les intermittents du spectacle mais tous les salariés, de tous les secteurs d'activité (y compris la fonction publique) depuis longtemps maintenant.
La société du spectacle
On est donc dans une situation où l'antagonisme des classes sociales est absorbé par un intérêt supérieur, celui de la culture qui, en fait, n'est que l'intérêt de l'entreprise culturelle ; la défense de la culture [semblant] être la conclusion de deux prémisses : c'est une bonne chose et [elle] est en danger.
Le prolétaire se trouve donc contraint, au nom de la défense de la culture, de défendre non pas son droit au travail et à la rémunération qui devrait en découler, mais de défendre l'emploi de façon générale dans son secteur.
L'aventure, c'est l'aventure
Ce n'est qu'unis face à nos exploiteurs – et non pas avec eux – quel que soit le secteur d'activité ou le pays où nous travaillons, que nous pourrons dépasser la revendication elle-même, en abolissant le salariat et le patronat (plus précisément le travail compris dans le sens capitaliste – d’État ou privé – ce qui sous-entend bien sûr la suppression de l’argent, de la marchandise et de la valeur), condition nécessaire à l'avènement d'une société classes et sans État.
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1 - * Une syndémie caractérise un entrelacement de maladies, de facteurs biologiques et environnementaux qui, par leur synergie, aggravent les conséquences de ces maladies sur une population.
Extrait de la brochure L’emploi dans le spectacle, édités depuis 1996 par les travailleurs du spectacle de la CNT-AIT de Marseille.
Le spectacle un secteur modèle de la flexibilité
Dans les années 60, lorsqu'est mis en place le régime de chômage spécifique des « intermittents du spectacle », il ne concerne qu'une faible partie d'un secteur économique lui-même marginal. L'audio-visuel se limite à l'ORTF, qui emploie essentiellement du personnel permanent. Dans le cinéma existent encore des studios où équipes de construction et de tournage travaillent toute l'année. Les opéras emploient orchestres, chœurs et corps de ballet ; les Maisons de la Culture et les Centres dramatiques, outre le personnel technique, comprennent une troupe permanente. Les « jeunes compagnies » de théâtre, enfin, sont en grande partie composées de salariés permanents. L'emploi « intermittent » ne concerne dans la pratique qu'une partie des artistes-interprètes, et une infime minorité de techniciens. En outre, certains types de spectacles (danse contemporaine, théâtre expérimental, jazz, rock...) existent en dehors de toute norme économique, et donc généralement sans salaire. Dans la trentaine d'années qui a suivi, deux éléments majeurs ont influencé l'évolution de l'emploi dans ce secteur : d'une part, comme ailleurs, le développement du chômage, et partant, de la précarité, de la flexibilité, etc. – mais dans une certaine mesure, cette évolution a été masquée justement par la sécurité que procurait ce statut spécial de chômage ; d'autre part, à partir des années 80 surtout, les effets de la loi de décentralisation, et l'adoption par l'État d'une « politique culturelle » intégrationniste. Contre quelques subventions, une bonne partie des productions culturelles « en marge » (rock, rap , théâtre de rue...) a été intégrée ; le subventionnement à la création a provoqué une multiplication du nombre de compagnies et de spectacles, avec une baisse cor-respondante du nombre de représentations. Tout cela a provoqué une augmentation considérable de l'emploi intermittent, puisqu'une proportion infime d'employeurs ont une activité permanente.
Quant aux gros employeurs (grands-théâtres, production audiovisuelle...) dont le nombre s'est également accru, privatisation aidant, ils ont progressivement réalisé l'intérêt du « zéro stock » humain : une main d'œuvre déjà qualifiée, embauchée en fonction des besoins au jour le jour.
Les ateliers de décor, les entreprises de prestation – qui fournissent le matériel et les techniciens qui le mettent en œuvre – vont également cesser d'employer des permanents, voire les licencier puis les réembaucher comme intermittents. Au total, une augmentation énorme du nombre de travailleurs intermittents, indemnisés ou non par l'Assedic, dont le nombre a quasiment triplé entre 1980 et 1995.
La pratique des cachets « gonflés » va se généraliser pour deux raisons. La première est que l'Assedic raisonne en terme de jours travaillés, et non d'heures; du coup, un machiniste embauché pour un montage de quelques heures, ou un comédien ne faisant qu'un seul service (4 heures) de répétition au tarif conventionnel gagneraient, en étant payé au tarif horaire réel, moins qu'en touchant l'indemnité journalière Assedic – sans compter que cette indemnité est calculée sur un salaire moyen journalier, et baissera donc considérablement en cas de journées à temps partiel. Aussi, il vaudra mieux regrouper les heures en une seule journée déclarée, les autres journées travaillées partiellement, non déclarées, étant alors indemnisées par l'Assedic.
La seconde raison est que beaucoup de petits et moyens employeurs, dans le secteur subventionné, sont tenus à des cahiers de charges trop lourds par rapport à leurs ressources. Le régime Assedic leur permet de diminuer la masse salariale – peu de journées payées, mais à un tarif relativement élevé – tandis que leurs employés perçoivent, salaire et indemnité chômage cumulés, un revenu correct. Du moins tant qu'ils parviennent à obtenir assez de jours de travail déclarés pour renouveler leurs droits... car bien entendu le système s'est emballé : de « tu bosses trois jours, je t'en déclare un à 1000 balles, ça te fait un bon chômage », on est progressivement passé à « un mois de répétitions à l'œil, 600 balles pour la représentation, à prendre ou à laisser », En fait nos employeurs ont inventé un concept résolument moderne : le travail au noir non payé ! Et c'est malheureusement cela aussi que défendent, malgré eux, des travailleurs intermittents, aveuglés par l'angoisse de perdre du jour au lendemain une grande partie de leurs revenus.
[…] tant que les travailleurs du spectacle continueront de rester sur un terrain corporatif, ils se condamneront à voir leur condition s'aggraver lentement mais sûrement : salaires en baisse, indemnités chômage de plus en plus difficiles à obtenir, dégradation des conditions de travail, etc.
En effet, tantôt salariés, tantôt chômeurs, les intermittents du spectacle n'ont plus aujourd'hui aucune spécificité, si ce n'est celle qui est devenue le lot commun de nombreux travailleurs : intermittence des périodes d'emploi, contrat à durée déterminée, flexibilité, annualisation du temps de travail. […]
C'est par l'action conjointe de l'ensemble des salariés et des chômeurs qu'une lutte a une chance d'être victorieuse – surtout quand elle s'attaque à un organisme aussi puissant que l'Unedic.
Ces deux axes de revendication sont pour nous indissociable :
exiger d'être salariés pour chaque journée de travail effectuée – répétitions, voyages, préparation ou montage technique, représentations – et que nos allocations chômage retrouvent leur fonction, qui est de permettre aux travailleurs sans emploi de vivre, et non pas aux patrons d'employer sans payer de salaire ;
exiger que le régime particulier d'assurance chômage soit maintenu et amélioré, et qu'il soit étendu à l'ensemble des travailleurs qui, quelle que soit leur profession, subissent les mêmes conditions de précarité du travail.
Brochure disponible auprès de notre syndicat : contact@cnt-ait-montpellier.org
Sécurité
Sécurité, mais de quelle crise parle-t-on ?
La biopolitique1
Néologisme utilisé par Michel Foucault pour identifier une forme d'exercice du pouvoir qui porte, non plus sur les territoires mais sur la vie des individus, sur des populations, le biopouvoir.
capitaliste et autoritaire de l'État français instrumentalise la crise sanitaire à des fins non pas sécuritaires, mais plutôt de sûreté de l'État et privilégie structurellement l'économie au détriment des besoins sanitaires des personnes les plus vulnérables.
Ce n'est pas simplement une machination pour supprimer les libertés publiques ! Cette crise s'effectue sous couvert de la bonne marche du capitalisme en minimisant les dépenses sanitaires et en maximisant la participation de chacun à l'économie. Tous les choix s'opérant sous les autorités sanitaires se font dans le cadre de la rationalité capitaliste, elle implique les décisions que prennent les gouvernements et autres institutions.
La crise sanitaire, voilà le maître-mot des mesures du gouvernement, voilà le sujet dont l'État et les médias, en fixant le cadre de nos critiques, occupent le plus notre quotidien. Droite, gauche, centre, tous s'accordent sur le sujet ! Même si l'opposition à la majorité parlementaire monte au créneau pour un seul et malheureux article de la loi de « sécurité globale », c'est pour faire la jonction opportuniste et électoraliste, avec la colère montante dans la population.
Par ce projet de loi, c'est la répression policière 2
L’institution policière naît en Angleterre, issue de l’État moderne et de son compagnon de route le capitalisme. Elle fait partie de l'appareil ré-pressif de l'État et fonctionne à la violence (physique ou non) ; c’est un instru- ment de régulation des capitalistes assurant ainsi leur pouvoir. Le but n’est pas de supprimer le crime, mais, notamment, de le contrôler suivant certaines limites et de l'utiliser selon ses propres intérêts.
qui déborde une fois de plus dans l'histoire des mouvements sociaux, d’où dégueule le caractère républicain de « l'usage du monopole de la force publique » (sic), dans cette France « terre d’asile et de fraternité » ! 1986, qui se souvient de Malik Oussekine et des voltigeurs, motards perdus de Charles Pasqua ? ou en 1961, plus de 120 Algériens et en 1962, 9 manifestants sont assassinés sous les ordres d’un ancien collabo, le préfet Papon ? etc.
Depuis la fin du « pacte » fordo-tayloriste des années 1970-80, la montée de la brutalité n'a jamais autant menacé nos existences. Lors de la contestation de la réforme des retraites comme lors du mouvement de revendications des Gilets Jaunes et aujourd’hui encore, la police tue, tabasse, mutile, donne du bâton...
Et il faut toujours plus de flics, de milices privées, plus de surveillances vidéo, plus de lois, plus de juges, plus de prisons, tout ces plus sont de trop ! Il faudrait plutôt supprimer ce qui les motive !
Rarement (ou alors pour faire bonne figure dans cette justice de classe), les brutes, les chiens fous du pouvoir, ceux de la police sont punis par leur pairs adeptes de cette cruelle tradition ! De la bouche de la directrice de l’IGPN (police des polices), deux cas sur des centaines d'affaires de violences ont été au bout de procès et de condamnations. La vengeance nous fait horreur, mais la vérité serait déjà morale ! (de cela c'est un fait avéré, l'État n'en a pas et nous n’en voulons plus !).
Nous ne voulons plus non plus de tous ceux qui sous l’appellation du droit légal et sur le travail de tous, pratiquent « l'optimisation fiscale », détournant le fric de contributions sociales par millions vers leurs seules poches.
Nous ne voulons plus non plus de ceux qui flexibilisent encore plus leur main-d’œuvre, faisant trimer sous « ubérisation », s’asseyant sur la dignité humaine de leurs travailleurs indépendants, masqués donc protégés ( salariat, ton régime n'était plus assez intéressant pour nos profits !) ; et non plus de ceux qui font travailler leurs employés, en plein confinement, avec le chômage partiel pour faire une plus-value plus juteuse, avec des salaires payés par l'État.
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1 - Néologisme utilisé par Michel Foucault pour identifier une forme d'exercice du pouvoir qui porte, non plus sur les territoires mais sur la vie des individus, sur des populations, le biopouvoir.
2 - L’institution policière naît en Angleterre, issue de l’État moderne et de son compagnon de route le capitalisme. Elle fait partie de l'appareil ré-pressif de l'État et fonctionne à la violence (physique ou non) ; c’est un instrument de régulation des capitalistes assurant ainsi leur pouvoir. Le but n’est pas de supprimer le crime, mais, notamment, de le contrôler suivant certaines limites et de l'utiliser selon ses propres intérêts.
Dans l’hospitalisation publique, où règne aussi la rationalisation économique, le sabotage et la déshérence des gestions comptables successives n’ont pas épargné non plus les travailleurs et travailleuses tous services confondus (et pas que le soin), réprimé.es hier encensé.es aujourd’hui ; les malades âgés, qui ne demandaient pas à partir si tôt, ne sont pas épargnés. Nous n’en voulons plus non plus !
Nous ne voulons plus non plus des nouveaux Ténardier, des marchands de sommeil, bailleurs de turnes infectes et délabrées. Nous ne voulons plus du chantage au logement qui entretient la rente du bailleur « heureux propriétaire ».
La liste de tous ces dangereux nuisibles, prêts à nous exploiter n'est pas close, mais rassurez-vous gentils administrés, les politiques semblent avoir trouvé des méthodes infaillibles pour ramener les prétendues sécurité et civilité dans notre monde et surtout pour répondre à la bonne marche du capitalisme : un confinement, une crise sanitaire, le plus « bel » exercice de contrôle de masse de tous les temps. Une loi de « sécurité globale » un package auquel tout autocrate et dictateur de n'importe quel régime autoritaire, dans l'histoire de ce pauvre monde, n’aurait jamais rêvé.
Sous nos yeux pleins de « reconnaissance », leur milice « nationale » est devenue la digue infranchissable de cet « État de droit », qui continue à nous réprimer et qu’il nous faut détruire !
Il n'y a pas de hasard, c’est dans le cadre de l’État-Nation, structure du capitalisme (constructions récentes et apparues fortuitement), que la focalisation de nos « bien-honoré.es » politiques sur les Black Blocs ou les petits dealers de haschich ne signifiera jamais que ceci :
leur impossibilité à résoudre les vrais problèmes de notre temps ;
leur complicité dans les destructions et les nuisances qu'on nous fait subir ;
leur volonté de nous laisser dans l'ignorance et l'impuissance, de nous confiner dans une société qui nous stigmatise comme délinquants, qui nous rend fous et criminalise les plus misérables.
Mais on peut sortir de cet « État de merde » ! il n’est pas immuable !
Pourquoi pas avec l’anarchosyndicalisme, cet outil d’émancipation et de lutte (localement dans nos entreprises et nos quartiers) pour améliorer nos conditions de vie ? Son moteur : l’entraide ; son carburant : le débat mené par ses assemblées générales ; sa conduite : l’action directe.
Ses moyens sont justifiés par son but.
Nous voulons une société libre, sans État, sans armée, sans exploiteurs ni exploités, sans hiérarchie ni discrimination d’aucune sorte ; une société basée sur l’entraide où chacun apportera ce qu’il a et recevra ce dont il a besoin ; une société où les décisions seront prises dans des assemblées générales souveraines et où les mandatés seront porteurs d’un mandat impératif et seront révocables à tout moment ; une société qui laissera la fenêtre ouverte à nos rêves. Cette société, c’est à nous de la construire car aucun politicien ne le fera à notre place.
Ne nous trompons pas de crise !
La réelle insécurité,
c'est l'État et le capitalisme
Actualité
De la COVID-19 au numérique
Cette crise pandémique n’est pas seulement une question sanitaire et une menace « virale » pour tous, c’est surtout un confinement et/ou une rétention administrative qu’a subi la population, c’est une question politique dont les ressorts sont éminemment économiques…
Des contacts entre groupes humains ont été autorisés, d’autres non : il y a eu des gens entassés dans le métro aux heures d’embauche et des moyens de gendarmerie héliportée pour traquer des randonneurs dans une nature isolée, ainsi que la répression des sorties administratives pour la « sainte » baguette de pain ! 900 000 avis de verbalisation pour 15 000 000 de personnes contrôlées. 10% des verbalisations faites par la « Corona-police » le premier jour du confinement ont eu lieu en Seine-Saint-Denis, département déjà bien touché par les brutalités policières avec ou sans virus ! 48 heures de garde à vue, prolongée à 72 heures – sans boire ni manger, dans des conditions d’hygiène exécrable – puis jugement en comparution immédiate, débouchant sur une peine de prison avec sursis pour une jeune femme n’ayant pas son attestation de déplacement lors de son footing. Enfin il faut ajouter à cela 4 morts suite à des interpellations durant le couvre-feu ! 1 https://www.anarchiste.info/radio/libertaire/podcast/mp3/RL-2020-04-24-21-00.mp3
L’État, c'est-à-dire le centralisme politique n’a pas assuré : pas de moyens pour des tests, pour les masques, pas de respirateurs pour un service public hospitalier dépossédé, rationalisé depuis des années par tous les gouvernements d’alternance, » droiche » et « gaute » confondues. C’est un long sabotage que de détruire la protection sociale, le régime de répartition issu du Conseil National de la Résistance, une protection qui n’a jamais éliminé ni la misère, ni l’exploitation, mais qui a ménagé le capitalisme dans l’antagonisme de la lutte de classe. Un pauvre régime de répartition qui fut un arrangement, un amortisseur social profitable à l’exploitation capitaliste à l’époque de l’organisation économique et sociale des trente « glorioles » glorieuses. Aujourd’hui, l’argent qui va du travail au travail est un manque à gagner utile pour l’exponentielle rente annuelle à deux chiffres et pour le dogme de sa majesté, le profit !
Pendant ce temps, au ministère de la Santé on débattait : « Est-ce euthanasie ou sédation à l’hôpital public ? », toute une partie de la population âgée a été sacrifiée par rationalisation des moyens de l’hospitalisation publique et de la santé (une forme de solution finale, mais sans l’idéologie eugéniste, juste de la froideur comptable, celle des longues colonnes de chiffres). Dans l’intervalle, l’État a préparé le déconfinement, renforcé le contrôle social en achetant 650 2 Dont 565 « micro-drones du quotidien », 66 « drones de capacité nationale » et 20 « nano-drones » cf. CQFD n°187 de mai 2020. drones et commandé des matériels pour les lanceurs de balles de défense, donc plus de moyens prévus pour la répression future des mouvements sociaux. En marche vers le totalitarisme…
Comme avec la canicule de 2003, nos vieux sont morts prématurément dans l’ignorance et la solitude. Toute mort est d’une profonde tristesse ! Celle des célébrités du spectacle et de l’institution politique ont été largement médiatisées, là où la majorité des victimes, elles, resteront invisibles. Là où le système de l’information, le cinquième pouvoir et les « éditocrates » de tout poil s’interrogaient et s’agitaient, opérait la propagande d’État mélangée à la bouillie des réseaux sociaux ; et nous sommes encore tous désorientés. Les médias ont utilisé la peur et la confusion avec des stratégies purement commerciales, programmées à long terme et des méthodes perverses de manipulation qui continuent à faire leurs preuves (un procédé de double discours, induction en erreur, emploi du chaud pour rassurer et du froid pour réprimer). Les pouvoirs politiques et médiatiques visent à asservir pour toujours accroître leur emprise sur les masses « inférieures ». Nous étions immergés dans un climat d’anxiété, d’irritabilité, de paranoïa constante ; sans nous en rendre compte, nous nous transformions sans recul, sans aucun sang-froid, sans aucune réflexion. Il ne faut pas les sous-estimer : ils savaient que la population se méfierait moins si on les croyait stupides… alors qu’au contraire, leur adresse est purement machiavélique.
L’Etat-Nation administre l’exploitation de l’humain par l’humain, cette crise pandémique est un moment pour l’évolution hégémonique du système capitaliste néo-libéral mondialisé, un pas de plus vers le totalitarisme « 3.0 » de la bien-pensante société du spectacle et des nouvelles technologies.
La victoire n’enchante pas, elle ne ferme que des barrières et dresse les murs entre les communautés de possédants et de dépossédés de la richesse de leur travail ! Le capitalisme entretient son associé l’Etat-Nation, peu importe qui incarne la fonction présidentielle par le truchement des élections. C’est un système vertical de captage du consentement pour l’éloignement de la décision politique de la base et du plus grand nombre.
Dans toutes les perspectives de réajustement que sont les crises créées par le capitalisme, comme aujourd’hui la covid 19, il y a plusieurs choix politiques dans le monde, suivant les administrations, économique et sociale ! La « res publica » française a fait le choix de la rationalisation comptable de la crise, le confinement généralisé faute d’un système de santé public efficient ; le gouvernement de la Corée du Sud (usine-monde), en privilégiant sa production industrielle, a fait un choix différent : il a fait pratiquer des tests sur toute la population dès le départ, en ciblant l’infection, isolant et soignant les malades. L’élite française au pouvoir a imposé au moyen de la Constitution l’exécutif de pleins pouvoirs et fait le ménage pour le patronat dans le Code du travail ! L’Etat, associé de fait avec le capital, ne fait rien au hasard. Une autre (encore) nouvelle organisation du travail, semaine de 60 heures, gestion arbitraire par les patrons des congés payés, accélération de l’informatisation des postes de travail, tout cela pour toujours réduire les coûts de production sur le dos des travailleurs, c’est là le vrai sens de leur « progrès » où aucune richesse sociale ne vient jamais ruisseler. Rien n’est fait au hasard, l’administration politique, en bon soldat, fait des lois pour réduire la masse salariale et pour imposer de nouveaux contrats et statuts précaires, dans la vente des biens et des services. En plus du chômage provoqué par les faillites des petites « boutiques », les marchés vont libérer des marges pour les monopoles des grosses entreprises. Plus de bénéfices et plus de pression sur le « marché » du travail. Comme pour la mécanisation de l’industrie en 1900, l’organisation par l’informatisation est un réajustement favorable au capital, jamais un avantage pour les travailleurs. En effet, en 1900 le cruel système fordo-tayloriste, qui a une soif insatiable d’énergie humaine, embauche énormément de travailleurs dans ses usines avec des journées harassantes de 10 heures. Avec la révolution informatique, c’est le contraire, car le processus de rationalisation qui génère un chômage préjudiciable va plus vite que l’innovation de produits qui génère de l’emploi contraint.
Après des semaines de ralentissement de l’économie, l’arrêt de « secteurs non essentiels », la reprise de l’activité s’amorce et ce malgré les risques sanitaires.
La marge de manœuvre des différentes administrations nationales est évidente : elles s'adaptent aux cultures et modalités sociales et économiques de leur population, cela ne change pas la finalité de ces administrations dominatrices qui ne servent que l’exploitation capitaliste, rien d’autre ! C'est toujours les mêmes mécanismes de gouvernance, avec des coups de billard à plusieurs bandes que les exploités vont payer cher, dans le sang et par leur peine !
Nous revoyons arriver en fanfare la mystique de l’union nationale sacrée, c'est-à-dire l’alliance forcée de misère et de souffrance ! Avec celle-ci, depuis plus de deux cents ans le mythe de l’égalité devrait régner dans une république où tous seraient en paix. Nous le vivons une fois de plus, il n’y a jamais eu de paix sociale, simplement l’hypocrisie politique à cause de la division des exploités. Les populations n’ont qu’à répondre aux injonctions de l’État-Nation (mécanismes jouant sur la peur ou la séduction) !
Il nous faut faire le deuil de l’hypocrisie du contrat social, bétonner le sépulcre du bon vieux Rousseau. Plus besoin de s’embarrasser du principe d’égalitarisme universel, quand il y a un favoritisme légal, celui de la minorité des privilèges des intérêts de classe.
Nous n’avons qu’une seule préoccupation, détruire cette pyramide de domination administrative et le capital qui va avec, reconnus comme porteurs d’injustice. Nous laissons à ceux qui croient le contraire le soin de commenter leur réhabilitation, voire leurs réformes.
Nous n’avons pas à nous laisser abrutir par le discours politique après cette période d’isolement et de rétention ! Nos principes de responsabilité individuelle et collective ne doivent pas se soumettre sous la menace d’institutions qui méprisent nos libertés ! Il y a toujours eu des mouvements de contestation pour l’acquisition de nouvelles libertés, pour plus d’entraide, de partage, plus de justice sociale… et nous continuons !
L’anarchosyndicalisme est un outil qui nous permet de comprendre, d’apprendre et d’agir sur des bases pratiques que vient enrichir le débat théorique. Il prépare le travailleur, actuel ou futur, avec ou sans emploi, à la gestion directe de ses lieux de vie et d’activité. Liés par un contrat d’entraide, les travailleurs regroupés dans des structures de plus en plus étendues ont une action locale pour améliorer leur quotidien et assurer l’entraide prolétarienne, d’un point de vue international.
Le but de l’anarchosyndicalisme : un changement radical de société. C’est donc un système complexe qui serait à concevoir, à réaliser : santé, logement, relations humaines et des milieux 3 Mésologie : étude des milieux concrètement vécus par les êtres vivants – humains en particulier, faune et flore – comme distincte de l’écologie, qui en tant que science de l’environnement objectif suppose l’abstraction de l’observateur hors du milieu qu’il observe. La mésologie ne se veut ni subjective ni objective, elle est trajective : c’est la rencontre ou le point milieu (d’où meso) entre la culture et la nature qui forme une réalité nouvelle. , activité productrice… ce sont des réflexions à avoir pour remettre au centre de nos préoccupations les rapports humains et l’organisation de la vie en société.
Pour ce faire, nous prônons comme mode d’organisation le fédéralisme libertaire, autrement dit le principe d’organisation anarchiste qui exclut toute forme de domination et toute hiérarchie et qui se définit par une double structure, horizontale (géographique) et verticale 4 Bien sûr, ce type de structure n’a rien à voir avec la verticalité d’un régime autoritaire ; il permet la synthèse des avis sur un même point pour conjuguer la liberté de tous. Il se distingue aussi de la structure en réseaux qui fonctionne de manière horizontale mais, sans l’autre dimension, permet la loi du plus fort.(par coordination des fonctions techniques), qui fonctionnent conjointement. La gestion directe d’un lieu de production ne présente un intérêt que si l’ensemble des lieux de production sont en gestion directe (structure horizontale) et s’ils sont coordonnés entre eux globalement (structure verticale).
A titre d’exemple, le mouvement ouvrier espagnol, sous l’impulsion de la CNT anarchosyndicaliste (un million d’adhérents en 1936), a réussi à organiser pendant trois ans, dans des conditions politiques extrêmes, une économie fonctionnant sur le mode collectiviste et fédéraliste, sur le territoire où les anarchosyndicalistes étaient implantés.
Cette expérience nous pouvons la faire revivre nous aussi, par notre volonté et notre désir d’émancipation et de vie.
Union locale de Montpellier CNT-AIT
Temps de paix : chair à patron
Temps de guerre (pandémique) : chair à infection
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Ce que cache
l’introduction du numérique à l’école
ou
L’occasion fait le larron
Introduction
Le texte que nous présentons dans cette petite brochure a été édité par la section de l’Éducation du syndicat CNT-AIT de Pau. Préméditation et mise en place d’un développement numérique dans les écoles par un pouvoir profitant de l’opportunité d’un confinement sanitaire sont source, là, d’une critique décapante et virulente de nos compagnons palois.
Les « outils » de l’informatique font partie d’un projet qui n’a rien de neutre et, déjà en dehors du système éducatif, nous pouvons constater leur développement délétère qu’une dynamique étatico-nationale capitaliste a conçu pour intensifier sa production.
L’informatique au sens large est une force de travail technologique qui remplace la force de travail humain. Elle est donc responsable de chômage et de crise, puisqu’il y a moins de travailleurs et donc moins de consommation solvable. Elle entraîne une intensification et une accélération du travail et permet la guerre de tous contre tous en interne des entreprises, grâce au « PC » personnalisé qui rend possible l’évaluation individuelle.
Elle est responsable d’un déferlement numérique, de l’invasion de l’ordinateur, des tablettes, des smartphones, des nouvelles télévisions, des liseuses… qui engendrent des transformations de l’ampleur d’une mutation anthropologique.
Elle provoque une destruction des relations sociales au profit de connexions virtuelles, une désensualisation et une virtualisation des rapports à soi, au monde et aux autres.
Elle façonne des subjectivités comme sujets capitalistes : travailleurs consuméristes isolés et séparés, soumis de plus en plus à un patriarcat diffus et à des normes imposées d’en haut, se concevant comme des avatars, des marques devant se mettre en spectacle et se vendre à chaque instant.
Mais si cet outil doit être combattu, n’oublions pas qu’il n’est qu’un effet et que la cause n’est pas autre chose que la plus-value, soit réelle (entreprise) extorquée du labeur des travailleurs, soit virtuelle (finance) extorquée d’un futur labeur des travailleurs, fondement du capitalisme.
Un monde basé sur l’entraide reste à construire et pour cela il nous faudra dépasser le travail, l’argent, la marchandise, l’organisation en États-Nations, la concurrence capitaliste et retrouver la joie de vivre dans des projets humains conçus à la base pour le bien-être de tous.
Union locale CNT-AIT Montpellier
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Sociale
Ni capitalisation inéquitable ! ni répartition inégalitaire ! Abolition du travail !
Ce 5 décembre 2019, commence la bataille des retraites en France. Ce n’est pas une simple bataille syndicale pour la défense d’acquis sociaux, encore moins une bataille corporatiste de certains secteurs de travailleurs « privilégiés », c’est une bataille cruciale pour un choix de société, pour un choix de vie.
La retraite n’est pas seulement le juste repos du travailleur après une vie de dur labeur, c’est une partie soustraite au travail, à ses contraintes hiérarchiques, à ses rythmes, à l’oppression d’autrui, à la pénibilité.
Malheureusement, l’accès à cette juste récompense, à ce droit inaliénable, semble impossible pour les travailleurs de nombreux pays du monde.
Aujourd’hui en France, les retraites sont financées par les richesses capitalistes (vente de la production industrielle) créées par le travail (cotisations des salariés et cotisations dites « patronales », appellation usurpée ne représentant en fait qu’une partie de la force de travail collectif). Mais les évolutions technologiques récentes – automatisation, robotisation, informatisation, etc. – font que ces richesses sont de plus en plus produites par le « travail » des machines, minimisant le travail humain. Ce dernier devient un élément inessentiel à la reproduction du capital et donc, le nombre de travailleurs actifs nécessaires à la production est en chute libre.
Les arguments avancés entre autres par Pierre-Louis Bras, président du Conseil d’orientation des retraites, (qui revient sur les dernières prévisions démographiques et économiques actualisées) : « l’augmentation significative » de l’espérance de vie « aux horizons 2060-2070 », ou la « décroissance régulière » du ratio entre le nombre d’ « actifs » et celui de retraités, ne tiennent pas.
En effet, ce raisonnement dominant omet le fait que la courbe démographique relative aux jeunes générations montre une baisse des natalités et donc par là même, compense l’augmentation des retraités. Ce qui importe pour le financement de la solidarité (retraites, assurance chômage, santé…), c’est le rapport entre le nombre de personnes en âge de travailler (les cotisants) et le nombre de ceux qui sont trop âgés ou trop jeunes pour travailler (les bénéficiaires), auxquelles nous pouvons ajouter les jeunes en attente du premier emploi, les travailleurs privés d’emploi, les femmes ou hommes au foyer…
De plus, la productivité du travail ne cesse de s’accroître (même si l’on peut noter un ralentissement en ce début de nouveau millénaire). Si sa croissance se poursuit au rythme moyen du siècle écoulé (2% par an), dans une quarantaine d’années, un actif employé produira, à durée de travail égale, 2,2 fois plus qu’actuellement, largement de quoi compenser les pensions de retraite, à taux de cotisation inchangés.
Un dernier point, non sans importance : le déficit annoncé par l’État à l’horizon 2025 n’est pas dû à l’explosion des dépenses, relativement stables, mais à une baisse de l’effort public provoquant par des lois, un abaissement des ressources des cotisations sociales et une accumulation d’exonérations.
Ce que continuent de proposer et même d’imposer les divers gouvernements successifs, c’est une nouvelle réforme qui aidera à faire passer le système actuel de financement des retraites par répartition garanti par l’État à un système généralisé de financement par capitalisation, géré par la Bourse. C’est-à-dire par l’achat de titres correspondant soit à une subdivision du capital d’une entreprise (actions), soit à un emprunt d’État (obligations) mis sur le marché, ou bien par l’achat de dettes privées (crédit). Notre pension serait donc rémunérée en prévision d’un hypothétique travail futur à la hausse 1.
L’homogénéisation des caisses de retraite vers un système « à points » est une des étapes vers une capitalisation dite « nécessaire » – actuellement la plupart des retraités peuvent prendre leur retraite avec relativement le même pouvoir d’achat que les actifs ; mais avec la retraite à points, l’État pourra minorer les pensions par la valeur du point pour obliger le futur retraité à compléter sa pension avec un fonds de pension – en bref, ce que l’État a toujours fait : créer un déficit pour justifier des mesures. En effet, dans le système capitaliste basé sur l’accumulation d’argent, les besoins de profit croissant des entreprises en concurrence constante entre elles au niveau mondial nécessitent des investissements de plus en plus lourds, pour produire plus et à moindre coût. Cela implique une diminution de la valeur de la marchandise produite et donc forcément, de sa plus-value qui, rappelons-le, est uniquement fournie par le travail humain.
Et, pour récupérer le max de fric, le patronat, les actionnaires et l’État (les capitalistes quoi !) s’attaquent à la masse salariale et aux cotisations sociales des salariés, dont celles destinées au financement des retraites.
Mais le système actuel de retraite, présenté comme un « acquis social », est aussi pour nous profondément injuste, inégalitaire, inéquitable !
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1 - A l’heure actuelle, il existe 3 « formules » de fonds de pension : le fonds de pension « défini public » garanti par l’État avec comme régulateur l’impôt, sauf en cas de faillite ; le fonds de pension « défini privé » avec comme régulateur l’assurance et ses limites, son taux de réserve ; enfin, la cotisation « définie privée » sans garantie, offrant généralement un rendement élevé mais plus risqué.
Injuste parce que certains, le plus souvent des femmes, (qui se sont crevés dans les boulots les plus pénibles) touchent des clopinettes… pendant que d’autres (aux boulots les plus valorisants), des retraites confortables.
Inégalitaire parce que certains, et particulièrement ceux inféodés au pouvoir (militaires, flics), peuvent partir après 15 ans de service, toucher une pension et cumuler avec un nouvel emploi… alors que d’autres doivent attendre 62 ans et même davantage pour avoir droit à une pension « décente »… parce qu’il leur manque des trimestres de cotisation.
Inéquitable parce que toute personne arrivée à l’âge de la retraite devrait bénéficier de moyens suffisants pour assurer une vie décente et cela quel que soit le nombre de trimestres cotisés.
Pourquoi ne pas se battre au nom de l’égalité et de l’équité :
pour que la retraite soit à 55 ans pour tous quel que soit le nombre d’années de cotisation, avec perception immédiate d’une pension ?
pour une pension mensuelle unique de 2000 €, quel que soit le salaire antérieur et le nombre d’années de cotisation. Et parce qu’il serait profondément injuste que ceux qui ont perçu de gros salaires, au motif de longues études et grâce à un financement social du système éducatif, perçoivent des retraites supérieures à celles d’actifs qui ont financé leurs études en allant travailler très jeunes ?
Pourquoi ne pas se battre aussi au nom de la liberté :
pour la possibilité, pour ceux qui le désirent, de continuer à travailler au-delà de 55 ans, une pension ne leur serait versée qu’en complément pour atteindre 2000 € par mois ?
Mais, nous savons que, par essence même, le système politico-économique aliénant qu’est le capitalisme – et son outil de coercition : l’État – basé sur l’exploitation du vivant et l’accumulation sans fin d’argent, ne permet et ne permettra aucunement un partage de la richesse globale produite, et cela tant que les structures politiques et économiques n’évolueront pas (une coquille d'huître ne peut donner qu'une perle !).
Notre combat n’aboutira que lorsque nous aurons la garantie de justice et d’équité, que seule la Liberté peut nous offrir ! Pas celle définie dans nos manuels scolaires, non ! la vraie ! la liberté sociale, celle d’autrui qui étend la mienne à l'infini, celle par laquelle nous pourrons choisir nos activités sans contraintes, par libre association, celle qui permettra de gérer nos propres affaires par quartier, village, commune, « région »… Un monde sans frontière posant un pacte d’entraide comme ciment parmi ses entités imbriquées.
Alors que faire ?
Interrogeons la mémoire sociale, l’expérience de celles et ceux qui, avant nous, ont mené des luttes efficaces. Un constat : tout ce qui a été arraché l’a été par la grève. Plus précisément, rappelons ce qui s’est passé en juin 1936 2. La classe ouvrière a innové en s’attaquant directement à la propriété des moyens de production par l’occupation des lieux de travail (ce qui a empêché ainsi l’emploi de travailleurs extérieurs à l’entreprise), par une organisation interprofessionnelle et par des revendications imposées de façon autonome (ce qui a empêché ainsi le contrôle par les syndicats « réformateurs » institutionnels), le tout scellé dans l’enthousiasme et la joie par un contrat d’entraide.
Alors, voile au vent ! cap vers l’anarchie ! première escale : la grève !
Et « joyeux, bras dessus bras dessous » (comme le dit la chanson), si nous occupions nos lieux de travail ? C’est par l’action directe que nous réussirons à sauvegarder nos acquis sociaux ! Et qui sait, si par delà les frontières, les travailleurs font de même, nous pourrions tenter la gestion directe dans l’entraide et en finir avec les classes sociales, le patronat, le salariat, l’État.
Bref, abolir le travail !
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2 - Les accords Matignon ne furent pas un cadeau offert à la classe ouvrière pour la récompenser de bien avoir voté, mais un contre-feu mis en place à la hâte par le patronat et le gouvernement socialiste Blum fraîchement élu, soutenu par la CGT et les partis de gauche animés par une même préoccupation : tenter de ramener dans son lit le torrent de la grève (ils y réussirent, mais difficilement).
Ecologie
La fin des pollutions sol, air, eau, une adaptation au changement climatique… ?
Une impossibilité, tant que perdurera ce système politico-économique qu’est le capitalisme !
Une illusion persiste aujourd'hui : il serait possible de maintenir l’ordre capitaliste existant tout en rectifiant, via un réformisme mou, les « dérives » potentielles (« anti-écologiques », « financières », etc.). Qu'on ne s'y trompe pas : ce capitalisme à visage humain n'est qu'une contradiction dans les termes.
Une écologie cohérente est nécessairement anticapitaliste… mais pas forcément anarchiste !
Les idées d'un capitalisme vert, d’un « développement durable », sont contradictoires !
Si des dirigeants du monde entier se réunissent pour, prétendent-ils, « sauver le climat » (COP 21, et les suivantes), alors de deux choses l'une :
Soit ils sont en cohésion avec toute écologie digne de ce nom, et alors c'est une société post-capitaliste qu'ils projettent de mettre en place : et alors on aboutirait au communisme anarchiste dans le meilleurs des cas s’ils abolissent leur autorité et leur pouvoir propres, mais on pourrait aussi se retrouver dans un système autoritaire d’écologie planifiée !
Soit ces dirigeants ne sont là que pour occuper le terrain, et pour esquiver les problèmes écologiques fondamentaux, et alors ils nous éloignent réellement d'alternatives écologiques radicales dans la mesure où ils monopolisent les discours et la visibilité médiatique. Plus simplement, cela s'appelle un écran de fumée.
C'est bien sûr la deuxième option qui prévaut aujourd'hui, ce pourquoi il s'agit, si l'on défend une écologie cohérente, de ne pas se laisser impressionner par ce babil spectaculaire.
Rappelons que le système capitaliste et l’État-nation
se sont construits par l’invention du salariat et son corollaire, le patronat.
Voilà ce qu’il nous faut dépasser !
Nous devons remplacer internationalement cette aberration
par la gestion directe de la production et de nouvelles organisations sociales,
afin de devenir maîtres de notre futur !
Anti-Etatisme
Le principe de gouvernement n’est pas la garantie de l’ordre !
Tout gouvernement tend vers l’absolutisme, c’est la formule la plus pure, la plus rationnelle, la plus énergique, la plus franche, et à tout prendre, la moins immorale et la moins pénible pour celui-ci.
Mais l’absolutisme est odieux à la raison et à la liberté ; le prolétaire se révolte dès qu’il en a conscience. La forme d’organisation des gouvernements et le manque d’universalité de leur but les ont fait reculer et suite à des concessions, toutes plus insuffisantes les unes que les autres, l’absurde principe de démocratie, directe, semi-directe ou indirecte, s’est imposé !
Mais que demande l’humanité à ses maîtres ?
Pourquoi prétendez-vous régner sur moi et me gouverner ?
Et les maîtres répondent :
Parce que la société ne peut se passer d’ordre ;
parce qu’il faut dans une société des hommes qui obéissent et qui travaillent, pendant que les autres commandent et dirigent ;
parce que les facultés individuelles étant inégales, les intérêts opposés, les passions antagonistes, le bien particulier de chacun opposé au bien de tous, il faut une autorité qui assigne la limite des droits et des devoirs, un arbitre qui tranche les conflits, une force publique qui fasse exécuter les jugements. Or, le pouvoir, l’État, est précisément cette autorité discrétionnaire, cet arbitre qui rend à chacun ce qui lui appartient, cette force qui assure et fait respecter la paix. Le gouvernement en deux mots, est le principe et la garantie de l’ordre social : c’est là ce que déclare le bon sens commun.
Cette exposition se répète depuis que l’humain fait société. Elle est la même à toutes les époques, dans la bouche de tous les pouvoirs : on la retrouve identique, invariable dans la bouche des économistes, dans les journaux, chez les républicains, les socialistes, les communistes, les fascistes… Il n’y a de différence que par la mesure des concessions qu’ils prétendent faire à la liberté. Concessions illusoires, qui ajoutent aux formes de gouvernement dites tempérées, constitutionnelles, démocratiques… un assaisonnement d’hypocrisie dont la saveur ne les rend que plus méprisables.
Ainsi le gouvernement se présente comme la condition absolue, sine qua non, de l’ordre. C’est pour cela qu’il aspire toujours, et sous tous les masques, à l’absolutisme : en effet, d’après le principe, plus le gouvernement est fort plus l’ordre approche de la perfection. Il y a là un rapport de cause à effet : le gouvernement étant la cause et l’effet serait l’ordre.
Mais ce raisonnement n’en est pas moins faux et sa conclusion de plein droit inadmissible. Le rapport de gouvernement à ordre n’est pas du tout, comme le prétendent les chefs d’État, celui de cause à effet, c’est celui du particulier au général. L’ordre, voilà le genre ; le gouvernement, voilà l’espèce. En d’autres termes, il y a plusieurs manières de concevoir l’ordre : qui nous prouve que l’ordre assigné ainsi soit la réponse à la question social ?
On invoque, d’un côté, l’inégalité naturelle des facultés, d’où l’on induit celle des conditions ; de l’autre, l’impossibilité de ramener à l’unité la divergence des intérêts ! Eh bien ! démocrates encouronnés, enrubannés de la république, dictateurs de tous bords, voilà ce que nous appelons un problème social : et vous croyez en venir à bout par la tonfa, le LDB40, la grenade GLI-F4 et pourquoi pas le fusil d’assaut comme vous le fîtes à une certaine époque !
Mais qui donc, pasteurs de l’humanité, vous autorise à penser que le problème de contradiction des intérêts et de l’inégalité des facultés ne peut être résolu ? Et que, pour maintenir cette distinction, naturelle et providentielle, la force est nécessaire, légitime ?
A votre théorie gouvernementale – qui n’a pour cause que votre ignorance, pour principe qu’un sophisme, pour moyen la force, pour buts l’exploitation de l’humanité, le progrès du travail – s’oppose par nos bouches la pratique fédéraliste. Et donc, trouver une forme de transaction qui – ramenant à l’unité la divergence des intérêts, identifiant le bien particulier et le bien général, effaçant l’inégalité de nature par celle de l’instruction – résolve toutes les contradictions politiques et économiques :
où chaque individu soit également et en même temps producteur et consommateur, citoyen et prince, administrateur et administré ;
où sa liberté augmente toujours, sans qu’il ait besoin d’en aliéner jamais rien ;
où son bien-être s’accroisse indéfiniment, sans qu’il puisse éprouver (du fait de la société ou de ses concitoyens) aucun préjudice, ni dans sa possession, ni dans son activité, ni dans ses rapports d’intérêts, d’opinion ou d’affection avec ses semblables.
Cela vous semble impossible à réaliser, voire utopiste, quand vous considérez l’effrayante multitude de rapports que le contrat social doit règler ? C’est pour cela que vous vous jetez dans l’absolutisme, la force !
Mais sachez que si le contrat social peut être résolu entre deux producteurs, il peut être résolu entre des millions, puisqu’il s’agit du même engagement ! Votre raison d’impuissance ne subsiste donc pas : elle est ridicule et vous rend inexcusables.
En tous cas, hommes de pouvoir, voici ce que vous dit le producteur, le prolétaire, l’esclave, celui que vous aspirez à faire travailler pour vous : je ne demande le bien ni la fortune de personne, et je ne suis pas disposé à souffrir que le fruit de mon labeur devienne la proie d’un autre, je veux aussi l’ordre, autant et plus que ceux qui le troublent par leur prétendu gouvernement ; mais je le veux comme un effet de ma volonté, une condition de mon activité et une loi de ma raison. Je ne le subirai jamais venant d’une volonté étrangère à moi et m’imposant pour conditions préalables la servitude et le sacrifice.
Prolétaires de tous les pays fédérons-nous,
et la révolution espagnole qui a éclos le 19 juillet 1936
refleurira de ses cendres
La plus haute idée de l’ordre c’est… l’anarchie !
(Élisée Reclus)
Antifascime
Reconnaître le fascisme (Umberto Eco)
Cette édition bilingue français-espéranto du livre d’Umberto Eco Il fascismo eterno a pour vocation de familiariser le lecteur avec deux sujets : le fascisme sous ses aspects sociaux et ses archétypes individuels, et l’espéranto avec ici une traduction se voulant coller au plus près à la syntaxe de la langue française..
En préambule, nous avons laissé Umberto Eco vous présenter l’espéranto (langue oh combien égalitaire, puisque pour communiquer chacun fait un pas vers l’autre), avec un extrait du chapitre Les langues internationales auxiliaires de son livre La recherche de la langue parfaite, publié en 1994.
Dans l'avant-propos, nous vous présentons le fascisme sous son angle social en faisant intervenir des auteurs tels que Robert Paxton, Zeev Sternhell,Milza Pierre et Berstein Serge et Luigi Fabbri.
Et en fin, le texte Reconnaître le fascisme est présenté sur belle page avec en vis-à-vis sa traduction en espéranto Rekoni la faŝismon. Le texte a été enrichi d'une centaine de note pour faciliter sa lecture, car elle présente de nombreuses références, souvent peu ou mal connue.
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La brochure (108 pages au format A5) est à votre disposition pour la somme de 2,20 € (prix du tirage en photocopie)
Nous contacter par courriel : contact[arobase]cnt-ait-montpellier.org
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(Version bilingue)
Préambule de l'auteur
Précis de grammaire d'espéranto
et avant-propos des éditeurs
Reconnaître le fascisme
Rekoni la faŝismon
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1er Mai
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Le capitalisme, un système mortifère
ou la guerre généralisée au vivant !
Le travail n’est pas une fête et nous le savons bien. Voilà à peu près 150 ans que nous sommes embrigadés dans la production industrielle.
Mais si en France l’ère du semi-esclavagisme prenait son essor, c’est en Angleterre que naissait, par un concours de circonstance, il y a quelque 400 ans, le capitalisme ; et 100 ans plus tard son support politique, l’État-Nation permit de réaliser ce qu’aucun système (féodal ou absolutiste) n’avait réalisé : la séparation du politique et de l’économique, et donc son expansion !
L’Angleterre fut la première nation à réinvestir dans l’outil de production, installant la concurrence et le droit de propriété des moyens de production, faisant ainsi l’ébauche du salariat moderne. Ailleurs en Europe, les structures poltico-économiques de type féodal se renforçaient : s’appuyant sur des divers pouvoirs et privilèges extra-économiques, les seigneurs et les officiers de l’État s’appropriaient les surplus des paysans sous forme de rentes ou d’impôts. Le commerce permettait l’enrichissement de quelques-uns qui achetaient sur tel marché et revendaient avec profit sur d’autres.
C’est donc sous la pression du système politico-économique anglais que le capitalisme prendra racine dans le monde, par la puissance de son marché, que chaque pays s’empressera d’imiter provoquant des remous d’une violence extrême.
De grandes poussées de « modernisation » dirigées par les États-Nations, pour une adaptabilité aux technologies « novatrices » expulseront, souvant par le sang, les paysans de leurs bocages et les draineront vers la ville, où, miséreux, soit ils se feront happés par l’aspirateur de viande fraîche à bon marché, soit ils finiront dans la déchéance.
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Cette concurrence capitaliste infernale, tant bénite, provoquera des « révolutions », signe de résistance à la déshumanisation programmée par une « évolution » prétendue bienfaitrice.
Plus tard, elle provoquera aussi des guerres mondiales, menées pour une redistribution de territoires coloniaux en organisant une boucherie sans nom, pour la première (22.477.500 morts). Favorisée par l’échec des économies politiques en place, la montée au pouvoir de régimes autoritaires aux volontés expansionnistes et tortionnaires, déclenchera la seconde (60.011.900 morts) ; alors, des boucs émissaires seront parqués dans des camps d’extermination et de concentration (quelque 6.000.000 de morts dus au régime nazi, quelque 800.000 dus au régime soviétique, 20.000 dus au régime socialiste chinois…, le bilan reste à faire à l’heure actuelle pour le Moyen-Orient).
Pour appuyer encore sur le champignon de l’horreur, la planification et les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki (quelque 325.000 et 80.000 morts estimés), qui s’inspirent du gros « incident » d’Halifax (un choc entre deux navires, dont l’un transportait des munitions et matières explosives venant des États-Unis, au large de la ville d’Halifax, au Canada, qui fit quelque 1.600 morts en 1917), n’ont pas encore été reconnus comme crime contre l’humanité – à cause d’un manque de documents visuels ? Une suite logique au « projet Manhattan » (complexe militaro-scientifique industriel créé en 1939 aux États-Unis, au service de l’État, et employant plus de 130.000 personnes) qui sévit encore depuis 1945 avec d’autres noms dans le nucléaire « civil », comme Maïak, Three Miles Island, Tchernobyl, Fukushima… (65.000 morts estimés actuellement, suite aux travaux de la commission Chris Busby du parlement européen, de 1998), autre crime contre l’humanité, que l’omerta entretient – à cause d’un manque de documents visuels et faute de guerre ?
Avec la séparation du politique et de l’économique, la division du travail fut rendue possible, impliquant la participation des travailleurs à leur propre perte en leur faisant perdre le sens de leur activité : la victime se met au service du bourreau (syndrome de Stockholm). En inversant les valeurs, l’humain, devenu un objet jetable, travaillait dorénavant pour l’entreprise qui, elle, devenait sujet de fait.
Le capitalisme n’a jamais eu de fonction civilisatrice ! Faut-il le rappeler ? Les entreprises ne produisent que pour le bénéfice, sans cela elles ferment leurs portes ! Coincées dans un marché devenu mondial et s’inscrivant dans une concurrence entre États-nations, où donc, le coût de fabrication se base sur le plus bas, elles ne peuvent perdurer qu’en diminuant, flexibilisant, minorant les salaires de leur « masse salariale », seul levier pour ajuster le coût de production (un tracteur étasunien récolte du coton en une journée ce que 300 Indiens, eux, ramassent dans le même temps ! devinez combien sont payés ces travailleurs ?).
L’heure n’est plus à réclamer des matraques en caoutchouc doux. Il nous faut une organisation sérieuse et responsable qu’il reste à construire au niveau international, capable d’insuffler la reprise et la modification radicale de l’existant… si c’est encore possible ? L’anarchosyndicalisme, plus que jamais, est une tactique à mettre à l’ordre du jour. Par son internationalisme, sa pratique de lutte de classe et d’émancipation individuelle et sociale, ses principes d’entraide et de résistance ; ses moyens sont en fonction de son objectif : l’abolition des classes sociales dans le monde par la fin de l’exploitation de l’humain par l’humain et l’adaptation des structures politiques et économiques à de nouvelles organisations basées sur l’entraide.
Mouvement social
Notre position sur le mouvement
des « gilets jaunes »
(d’après l’assemblée des assemblées)
Nous reconnaissons une fibre libertaire dans les outils utilisés sur le terrain : autonomie, action directe sans intermédiaire, démocratie directe avec des assemblées locales et une assemblée d’assemblées semblant se diriger vers un fédéralisme revendiqué.
Comme eux, nous pouvons dénoncer la répression, le mépris, le dénigrement venant de ce gouvernement ainsi que sa campagne de communication médiatique (grand débat…), de même que des médias à ses ordres.
Comme eux, au niveau économique, nous dénonçons les inégalités sociales et sommes pour une amélioration des conditions de vie des « défavorisés ».
Sur le plan tactique, nous ne pouvons qu’encourager la création de comités dans les lieux de travail, des grèves et un blocage de l’économie.
Mais pourquoi ces moyens et ces tactiques si sympathiques à nos yeux et qui sont aussi les nôtres ne débouchent-ils pas sur le même but que le nôtre ?
Parce que ce mouvement rassemble des personnes appartenant à deux classes distinctes et aux intérêts opposés : travailleurs, chômeurs, retraités, étudiants pauvres d’un côté et petits patrons exploitant les premiers, de l’autre.
Par l’alliance exploiteurs-exploités, la synthèse des revendications ne peut aboutir qu’à un concept national, opposé à un concept a-national prônant l’union des exploités contre les exploiteurs.
Et, de fait, ce mouvement ne remet pas en cause le système politique et économique dans lequel nous vivons, l’État et le capitalisme, mais veut simplement un changement de République et de « représentants » de l’État, parce qu’il est fondé sur un citoyennisme (le pouvoir au peuple, pour le peuple et par le peuple) se limitant à une nation, un territoire.
Nous aussi, anarchistes, nous voulons une autre société, mais dans un monde sans frontières, organisé de manière non hiérarchique en communes libres, autonomes et fédérées entre elles par un contrat d’entraide - l’humain restant la base de cette société.
Mouvement social
Assembléisme, Citoyennisme et Lutte de classe
Assembléisme : |
Système prônant l’autonomie de groupes informels qui n’ont pas de lien entre eux, groupes formés de diverses classes sociales aux intérêts antagonistes, l’une exploitant l’autre en l’employant. Ce système est opposé à un fédéralisme fondé sur l’humain qui, lui, pose un pacte d’entraide entre toutes les assemblées d’une même classe sociale (celles-ci échangeant leurs problèmes et solutions pour conjuguer une liberté qui ne peut être que sociale).
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Citoyennisme : |
Idéologie dont les traits principaux sont la croyance en la démocratie comme pouvant s’opposer au capitalisme, le projet d’un renforcement de l’État (des États) pour mettre en place cette politique, avec les citoyens comme base active de cette politique.
Le but avoué du citoyennisme est d’humaniser le capitalisme, de le rendre plus juste, de lui donner, en quelque sorte, un supplément d’âme. La lutte de classe est ici remplacée par la participation politique des citoyens, qui doivent non seulement élire des représentants, mais agir constamment pour faire pression sur eux afin qu’ils appliquent ce pour quoi ils sont élus. S’appuyer sur les exploités permet l’internationalisme : l’union des exploités à travers les frontières. Au contraire, se référer au « citoyen » ne permet finalement que de s’appuyer sur un « peuple » interclassiste, et surtout nous amène à la nation comme horizon indépassable…
Ainsi, du « peuple » à la « nation », le pas est vite franchi !
Bien entendu c’est un nationalisme de « gauche » qui est mis en avant, mais cela reste problématique. En tant qu’anarchistes, nous savons que bien souvent, c’est de la référence à la nation que sortent les pires horreurs : lois sécuritaires, politiques migratoires à gerber, extrême droite fascisante, colonialisme et guerres. Pour nous, la nation doit être critiquée et non mise en avant.
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Lutte de classe : |
Réalité découlant d’une organisation politique hiérarchisée et pyramidale inhérente à un système économique, la lutte de classe oppose les détenteurs de moyens de production aux producteurs ; elle ne cessera que lorsque l’humain aura établi la justice sociale (égalité politique et économique de tous). Tactique opposée au nationalisme, qui implique une concurrence entre pays et donc des guerres politiques et économiques. La lutte de classe regroupe dans ses rangs tout individu sur terre n’exploitant pas l’humain et elle se veut donc a-nationaliste (terme préféré à internationaliste car notre stratégie comprend l’abolition des frontières) et, de fait, a une valeur universaliste. |
Antiproductivisme
Pendant les cadeaux, la lutte continue !
♪ « En décembre, c'est l'apothéose,
La grande bouffe et les p'tits cadeaux... » ♬
(Hexagone, Renaud)
Il y eut d'abord les Saturnales et autres fêtes des Fous où, ne serait-ce que quelques jours, le maître devenait l'esclave et vice-versa. Même si le pouvoir en place organisait sciemment cette mascarade, tempérant ainsi les revendications populaires, il y avait alors dans l'air comme une saine ambiance de subversion des rapports sociaux : ces débordements furent souvent frappés d'interdiction.
Puis vint le temps des églises chrétiennes qui s'accaparèrent chacune à sa manière le temps de Noël, s'accordant pour y placer la naissance de leur Messie et récupérer du même coup les fêtes du solstice d’hiver.
Puis vint le temps du dogme capitaliste où l'Oncle Sam revêtit la houppelande rouge et la barbe blanche d'un père Noël débonnaire pour promouvoir urbi et orbi la grande fête de la consommation qu’une surproduction alimente,
la grande communion mondiale qui rassemble le maître et l'esclave aux pieds de l'idole-marchandise.
Mais combien d'esclaves ont encore conscience de leur esclavage, à l'heure où leurs anciens cris de révolte et leurs poings levés servent à vendre, par exemple, des tee-shirts ?...
Combien se croient naïvement les acteurs de ce système politico-économique, alors qu'ils n'en sont que les rouages dociles ?
Combien se croient naïvement à l'abri dans ce système politico-économique qui exclut de plus en plus de gens sur terre ?
Le temps de Noël ne sera pas celui d'un consensus social impossible. C'est quand il nous impose sa trêve que le Capital est le plus dangereux.
Pas plus de paix sociale à Noël que le reste de l'année !
Rentrons dans le lard de cette société de production-aliénation, avec sa grande bouffe produite chimiquement et ses p'tits cadeaux prêts à jeter.
PRÉPARONS LES NOËLS JOYEUX ET PARTAGÉS DU TEMPS D'ANARCHIE
Antimilitarisme
La guerre, c’est le Capital et l’État-nation !
♪ « Moi, mon colon, cell' que j'préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit ! » ♬
Il n’avait pas tort Brassens, car, de toutes les boucheries que la soldatesque capitaliste a perpétrées, c’est bien celle de 14/18 qu’est la plus chouette !
Mais comment en est-on arrivé là ?
Au milieu du XIV e siècle, la peste noire arrive en Europe. En éliminant le tiers de la population européenne, elle provoquera une crise sans précédent du féodalisme. Au XVI e siècle, la réponse anglaise à ce « manque à gagner » fut la réquisition de terres (enclosures) et le « prêt » de celles-ci, moyennant une rente (fermage), à des fermiers qui, employant des salariés pour maximiser la production, sont mis en concurrence : le capitalisme était né !
À la fin du XVII e siècle, les aristocrates capitalistes ( gentry) et les monarchistes tenants du régime absolu ( nobility) anglais s’affrontent pour le pouvoir. Ils finiront par se le partager, les premiers prenant l’économie et les seconds le politique. Alors qu’à la même époque, il existe en France 360 codes juridiques différents, en Angleterre le féodalisme se centralise, et la seule common law est appliquée (élaborée du XI e au XV e siècle) : l’ État-nation était né !
Bien que le capitalisme n’ait pas donné naissance à l’État-nation (seule organisation sociale au XVII e siècle séparant les sphères économique et politique), et que ce dernier ne soit pas à l’origine du capitalisme, les transformations sociales qui ont favorisé son essor furent les mêmes qui permirent à l’État-nation de bien s’implanter et de se définir. L’État-nation et le capitalisme sont dès lors inséparables, tant et si bien qu’il nous semble évident qu’abolir l’un ne peut se faire sans abolir l’autre.
En investissant dans sa production une grosse partie de ses extorsions coloniales, l’Angleterre devint rapidement un pays très puissant. L’activité était alors mécanisée (regroupement d’artisans dans des manufactures ; les travailleurs gardaient la maîtrise de la production), et la machine hydraulique, dont le fonctionnement exigeait une cohésion collective (construction, puis entretien de canaux pour une alimentation constante en eau), fut délaissée au profit de la machine à vapeur qui offrait davantage de souplesse et de mobilité (le charbon ne gèle pas !). Ce « choix » historique ne doit-il pas être interrogé à la lumière des problèmes écologiques actuels ? Jusqu’au début du XVIII e siècle, les autres pays d’Europe utilisaient leurs rackets coloniaux à lever des armées pour, d’une part, étendre leurs colonies, mais également dans le but d’extorquer impôts et autres taxes à leur propre paysannerie. Cela leur permettait aussi de revendre le butin de leurs pillages coloniaux ou le fruit du travail des esclaves sur différents marchés (sucre, tabac, etc.). Tandis que le capitalisme se base sur la production rationnelle et la concurrence, le féodalisme, quant à lui, reposait sur la circulation des biens pour l’enrichissement de ses tenants.
L’impérialisme, qui n’est pas propre au capitalisme, prit dans ces conditions une nouvelle forme. Le pouvoir anglais colonisa l’Irlande en s’accaparant des terres et en y installant le fermage. Ces terres colonisées furent « allouées » à des paysans anglais, écossais et irlandais, pris en otage et mis en concurrence. Le capitalisme, qui n’est alors qu’agricole, se répandit jusqu’à ce que l’Angleterre finisse par absorber son voisin.
D’autres pays d’Europe suivront la « réussite » anglaise. Par exemple, il aura fallu attendre près d’un siècle pour qu’un pays comme la France passe d’un régime monarchiste absolutiste, avec une gestion de type féodal, à une « république » de type État-nation séparant, de fait, les sphères politiques et économiques.
Ainsi donc, les Etats-nations se constituèrent sous forme d’empire, de monarchie constitutionnelle, de république… et, tous, passèrent successivement de la mécanisation à l’industrialisation capitaliste (Grande-Bretagne 1790, France 1830, Allemagne 1850, Russie 1880, Japon 1890, Italie 1890, etc.). Dès lors, les fabriques seront gérées par les capitalistes avec des règles pour augmenter la production – temps de travail, punition pour manque de rendement, etc.
Conséquemment à ce bouleversement économique, politique et social, des dissensions ne tardèrent pas à se manifester, poussant les États-nations à se militariser. En interne, ces conflits vinrent de divergences tant politiques – recherche du système le mieux adapté au capital – qu’économiques – passage de la mécanisation à l’industrialisation (révolutions de 1818, 1830, 1848, 1870…). Et, en externe, cela se traduisit par deux volontés complémentaires : soit celle de redistribuer ou d’acquérir des colonies afin d’y déverser la surproduction de marchandises - une source non négligeable d’enrichissement -, soit par celle d’acquérir à bas prix des matières premières - la garantie d’une production pérenne grâce à un approvisionnement continu et sécurisé.
Au début du XXe siècle, nous relèverons deux faits particulièrement marquants. D’abord, on assiste au délitement de l’empire ottoman (favorisant sa future alliance avec l’Allemagne entre autres) sur fond de guerres géostratégiques, larvées le plus souvent, comme en témoigne la crise dite « d’Agadir ». En voici le résumé : En 1911, à l’appel d’un sultan se sentant menacé par la convoitise d’un pouvoir allemand s’estimant en retard dans la course coloniale, le gouvernement français fait intervenir son armée au Maroc. La guerre sera évitée de peu grâce à un jeu diplomatique qui aboutira en 1912 au traité de Fès, actant la sécession à l’empire allemand de territoires précédemment conquis au Congo et au Cameroun par les militaires français ; en échange, la république française et le royaume espagnol auront les mains libres au Maroc. Ensuite, c’est sur le continent européen que ça se passe.
En 1914, l'Autriche-Hongrie, soutenue par le pouvoir allemand, déclare la guerre à la Serbie accusée d’avoir fomenté l'assassinat de l’archiduc. La première guerre mondiale vient d’éclater.
On ne compte plus les morts que cette organisation politico-économique, États-nations et Capital, a digéré et digère toujours et encore. C’est pour sortir de ce marasme que nous, anarchosyndicalistes, aspirons à de nouvelles formes d’organisation de la société.
Selon nous, le changement ne viendra en aucun cas d’un nouveau régime de propriété des moyens de production ou d’une répartition plus juste des bénéfices de celle-ci. Nous, ce que nous visons, c’est la fin des antagonismes de classe ! Aussi, pour éliminer cette compulsion mortifère de la « production-pour-la-production-et-pour-le-profit », il nous paraît évident qu’il faudra en passer par l’expropriation de tous les propriétaires des moyens de productions (avec pour conséquence l’abandon du salariat et de toutes ses formes dérivés) et par l’abolition de l’État. Tout ce qui soutient la logique marchande n’a pas de raison d’exister ailleurs que dans son propre système : le personnel militaire et policier, les banques, le système financier et les assurances, la publicité et le marketing, les bureaucraties nationales et internationales, des pans considérables de l’industrie (militaire ⇾ production d’armes et d’équipement militaire ; chimique ⇾ l’écrasant secteur agrochimique – pesticides, fongicides, herbicides… –, les biotechnologies ⇾ OGM ; énergie ⇾ le funeste secteur du nucléaire, etc.). Une fois libérés de leurs chaînes, les producteurs s’organiseront librement et entameront la transformation sociale.
Non à toutes les guerres ! À bas l’État-nation et le capitalisme !
Vive l’anarchie !
1er Mai
Travailleurs avec ou sans emploi, ex ou futurs exploités, réfugiés et apatrides
Hormis pour celles et ceux qui travaillent souvent double à cette occasion, depuis déjà plusieurs décennies, en France, le 1er Mai est vécu soit comme un simple jour férié (le seul de l’année où on ne bosse pas tout en étant payé à se la couler douce, « fête » officiellement instaurée en 1941 par Pétain), soit comme l’occasion d’une cérémonie d’un autre âge (quelques défilés traîne-savates de plus en plus désertés clamant de nombreuses revendications disparates). Il n’en fut pas toujours ainsi.
- 1er mai 1886, à Chicago : à la fin d’un rassemblement (340 000 travailleurs) à l’usine Mac Cornick demandant la journée de 8 heures, autour de 200 policiers chargent les travailleurs, en blessent un grand nombre et en tuent un. August Spies, militant anarchiste, rédige alors un appel à un nouveau rassemblement pour dénoncer les violences policières. Il se tiendra trois jours plus tard.
- 4 mai 1886, toujours à Chicago : sur la place Haymarket, à la fin d’une grosse manifestation, tandis que la police décide une fois encore de charger, une bombe éclate. Si un flic meurt sur place du fait de l’explosion, dans le chaos, plusieurs d’entre eux y laisseront la peau.
8 anarchistes sont inculpés, 4 finiront pendus (tous seront réhabilités en 1893).
Voilà comment pour longtemps, partout dans le monde, le 1er Mai représentera une journée de lutte pour l’obtention de la journée de 8 heures.
Rien de neuf n’est à attendre lorsque les slogans faussement unanimes ressemblent à ceux déjà entendus :
♪ Les jeunes dans la galère ! Les vieux dans la misère ! Les travailleurs précaires ! ♫
♬ De cette société-là, on n’en veut pas ! ♪
À quels jeunes, vieux et travailleurs cette complainte fait-elle allusion ? Et bien qu’il soit a fortiori raisonnable d’honnir une société pareille, des plaintes stériles frisant le repli sur soi non plus, on n’en veut pas !
Alors sur quoi baser un éventuel cri de ralliement pour une souhaitable convergence des luttes ? Déjà, peut-être en inventant quelque chose qui nous rappelle que des luttes il n’y en a qu’une : LA LUTTE DE CLASSE !
CONVERGENCE DE LA LUTTE DE CLASSE
Nous savons pertinemment que cette lutte n’est pas nationale ; elle est planétaire. Et tandis que seul un mouvement massif des producteurs organisés mondialement peut le renverser, le système capitaliste parvient à faire de nous tous les rivaux d’une compétition généralisée. Les guerres ne sont-elles pas toutes fratricides, commandées par de sales motifs politico-économiques ?
Mais un point retient particulièrement notre attention. Ce système génocidaire et cataclysmique ne peut pas se passer des États-nations. En effet, sans ces derniers, qui garantirait par exemple que notre billet de banque représente la valeur qui lui est attribuée ?
Capitalistes & politiciens, main dans la main, sont au commande de l’État. En effet, que ce soient les marchands d’armes ou d’OGM, tous, sans exception, s’appuient sur une bande de « représentants du peuple » que de rares moutons sévèrement aliénés continuent encore – souvent la boule au ventre ! – d’asseoir sur le trône.
N’en déplaise à certains citoyens encore asservis au parlementarisme, l’État constitue la superstructure qui organise notre soumission forcée au capitalisme. Quant à notre classe sociale, elle est complice, otage et au final toujours victime de l’État, seul détenteur de la violence légale. Victime de maltraitances et d’humiliations répétées, oui ! Victime d’intimidation et de relégation sociale, oui ! Victime de précarisation et, parfois indirectement, menacée de mort, oui !
Mais, surtout, nous sommes malgré nous victimes d’habiter un pays qui s’enrichit au son du canon et sur le dos de populations paupérisées habitant des territoires géopolitiquement attrayants (richesses en tout genre dont les éphémères énergies fossiles, stratégies militaires pour s’en emparer et/ou les protéger, etc.). Les Etats-nations les mieux équipés technologiquement remportent la mise ! Qui prétendrait aujourd’hui le contraire ? Nous n’arrivons même plus à nous regarder dans la glace tellement ça crève les yeux ! Oui, nous sommes victimes de vivre dans un des États qui vend le plus d’armes à travers le monde, une nation impérialiste, belliqueuse et agressive, qui, sous son masque droit-de-l’hommiste, exporte comme un virus sa volonté de puissance.
Enfin, avons-nous à ce point perdu de vue que pour zapper de système et abolir l’exploitation de l’humain par l’humain, il nous fallait avant tout venir à bout de la propriété privée (terres arables et moyens de production) ? Voilà la base d’un discours révolutionnaire.
Dans ces conditions, comment changer la donne ? Comment susciter l’espoir de se libérer de la hiérarchisation et de la marchandisation de nos vies ? Comment court-circuiter notre participation au capitalisme ? Comment ne pas collaborer ?
- Nous rejetons l’État-nation et ses frontières arbitraires. À la place, nous préférons des lieux de vie et d’activité librement fédérés entre eux.
- Aux partis politiques et au parlementarisme, nous opposons la gestion directe, le mandat impératif (contre le mandat représentatif) librement décidé lors d’Assemblées Générales souveraines.
Un mouvement social n’existe pas tant qu’il n’a pas dépassé sa dimension électoraliste et nationale, il n’est rien s’il ne vise pas – la Sociale, cette révolution tant souhaitée ! – à résoudre les antagonismes de classe, et ceci le plus largement possible, c’est-à-dire à l’échelle mondiale.
Ainsi, il nous semble que nos slogans mériteraient d’évoquer les causes et les effets de la violence institutionnelle. Pour nous le changement, c’est la fin des hégémonies, la disparition de l’esclavage moderne, autrement dit, c’est quand, encouragée et soutenue par les exploitéEs faisant masse, l’insubordination des travailleurs associés librement répondra aux crimes organisés du capitalisme et de l’État !
* Non à l’État, ce monstre criminel et froid !
* À bas la propriété privée et le travail aliéné !
* Ni cogestion ni même autogestion du capitalisme !
* Stop à la répression morale et policière, à la surveillance généralisée !
* Halte au sexisme !
* Libre circulation et libre sédentarisation des individus !
* Socialisation de l’économie, de la production jusqu’à la distribution, selon l’adage :
« de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ».
Une arme redoutable : la grève générale !
Deux mots d’ordre : Non aux chefs et gestion directe !
Manifestation du 22 mars
Pour en finir avec le travail ! Un changement radical politique et économique de la société
Les coûts de production doivent sans cesse baisser du fait d’une concur-rence agressive et de la compétition généralisée. À ceci vient s’ajouter un chômage technologique provoqué par l’automatisation et l’automation ; par vagues successives, les travailleurs sont éjectés des entreprises pour être remplacés par des machines. Trop de production, moins de consommation et des crédits devenus non solvables provoquent l’arrêt de la circulation monétaire et donc des crises économiques, qui s’avèrent inéluctables dans le système capitaliste.
Les gouvernements s’enchaînent et accompagnent à coup de mesures anti-sociales les chefs d'entreprise dans leur plan de restructuration. Flexibilité tous azimuts, licenciement facilité, allégement des « charges »... sont votés par « nos » élus. Tout ceci prouve l'évidente collusion d'intérêts entre patrons et gouvernants.
Aujourd’hui l’externalisation est un mode de travail qui absorbe de plus en plus les travailleurs se prédestinant hier encore au salariat. Le nouveau cadre de l'auto-entreprenariat débouche sur deux statuts différents : soit celui de simili « artisan », soit celui du « salarié-déguisé ». L’antagonisme patron/salarié bascule vers une coopération client/prestataire. Des plateformes numériques surexploitent les nouveaux travailleurs sans droits, en répondant à cette nouvelle réalité. Ainsi, tandis que notre classe perd des compagnons sortis de la lutte de classe, les capitalistes font radier de leur comptabilité macabre des « chômeurs » par poignées.
La croissance, en tant que perspective sans fin du système capitaliste, nous livre à une compétition mondiale généralisée qui met en péril l’ensemble de l’humanité et son éco-système. La raison se voit abandonnée au seul intérêt du profit : « croître et mourir », voilà à quoi se résument la modernité et l’idée du progrès.
Puisque c’est l’offre qui crée la demande, il est foncièrement malhonnête de faire porter la charge des affres du « consumérisme » à l’individu isolé ; nous sommes pris en otages, parfois complices, mais toujours victimes serviles de la croissance. Voila pourquoi c’est plutôt le productivisme qui est l’effet de la croissance ! Seul un changement dans l’organisation et dans les choix de la production pourra modifier durablement notre façon de vivre.
Un des choix à forte plus-value unissant patrons et gouvernants qui prospectent le monde : la production et la vente de leurs machines à tuer, marchandises high-tech pour leurs stratégies guerrières. À chaque fois, des prétextes sont avancés, pour ne pas dire inventés (exemple : les photos truquées exhibées par le gouvernement Bush Georges junior des armes de destructions massives soi-disant détenues par le régime de Saddam Hussein en Irak), qui justifient des interventions militaires toujours très médiatisées. Aux yeux du monde, ces guerres servent ainsi à tester le matériel in vivo, le meilleur moyen de démontrer l’efficacité de l’industrie de la mort à éradiquer toute forme de vie et à détruire ce que la sueur a fait sortir de terre. Non seulement tous ces conflits armés ne manquent jamais de générer du « terrorisme », en prime ils séparent les Hommes en suscitant nationalisme, xénophobie et racisme. Les prétextes invoqués sont multiples et variés : humanitaires, démocratiques, humanistes et universalistes. Mais au fond, il est toujours question du contrôle soit des ressources, soit des matières premières ou des flux commerciaux, ou encore de garantir des positions géostratégiques. L’esprit colonialiste et impérialiste n'a rien perdu de sa vigueur ! Bien au contraire, la guerre fait rage et devient une habitude commandée par le calcul froid du système politico-économique capitaliste dans sa vague libérale actuelle.
Nos modes de vie sont imposés par un système dans lequel des groupes d’individus en interaction s’allient ou se font concurrence au gré de leurs intérêts. Par conséquent, il nous faut changer radicalement notre organisation politique et économique si nous voulons voir s’épanouir l’humanité sur cette unique Terre.
Voilà pourquoi nous pensons que le combat doit se mener sous trois angles : politique (l’État en tant que gouvernement de l’homme par l’homme), écono-mique (la propriété des moyens de production, source du capital en tant que moyen d’exploitation de l’homme par l’homme) et idéologique (la religion et le scientisme en tant que soumission de l’homme par l’homme).
Nous, anarchosyndicalistes, fédérés pour améliorer nos conditions de tra-vail et de vie dans une perspective d’entraide internationale entre tous les prolétaires, n’avons pas de système clef en main à proposer, mais simplement un projet de société.
Comme exemple, il n’a fallu que 25 années d’existence à la CNT espagnole pour grouper plusieurs centaines de milliers de travailleurs espagnols – dont la plupart étaient illettrés – et mettre en place en 1936 les prémices d’une société basée sur une gestion directe du politique et de l’économique. Certes, face à l’adversité, cette révolution sociale capota en une année à peine.
La CNT espagnole créée en 1910, fédère 1 577 000 membres sur les 24 000 000 d’habitants recensés dès 1936. Mais le mouvement initié par la CNT, la FAI et le POUM entre juillet 1936 et mai 1937 a été laminé par l’extrême-droite, les conservateurs, les libéraux, les sociaux-démocrates et… les communistes autoritaires.
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Aujourd’hui encore, plus que jamais, tout ce que nous désirons est d’en finir avec les frontières administratives, la hiérarchie, la subordination et les classes sociales.
VIVE LA LIBERTÉ ! ET VIVE LA PAIX !
Combat syndicaliste n° 255
Edito
Hormis un Benoit Hamon qui cherche à se raccrocher à n'importe qu'elle branche qui passe pour masquer l'absence totale de perspectives nouvelles que peut proposer la social-démocratie, les candidats à la présidentielle prônent tous l'idée que le travail est l'aboutissement que nous recherchons tous. L'affirmation est contestable. Que nous soyons au travail ou précaires, les deux problèmes majeurs auxquels nous nous confrontons sont les difficultés matérielles à vivre décemment et notre incapacité à reprendre le contrôle sur les décisions qui conditionnent nos vies.
Dans cette optique, l'abstention est la seule option réaliste et conséquente que nous pouvons adopter. S'il fallait encore balayer des illusions sur les possibilités que nous offrent les élections, le spectacle actuel se suffirait à lui-même. Et lorsque nous observons ce qui se passe dans les autres pays, nous renforçons nos certitudes.
Les mouvements spontanés de contestation qui sont nés autour de 2008, inspirés par les printemps arabes, nous permettent de faire plusieurs constats « Occupy Wall street » montre avec évidence que la démocratie directe à la base est indispensable à ceux qui veulent éviter les récupérations politiques ; la pathétique épopée de « Podemos » est le témoignage criant qu'il est impossible de régénérer la social-démocratie sans se fourvoyer et finir intégré-e-s au système ; avec Syriza, nous constatons les dégâts que génère cette gauche « régénérée » lorsqu'elle arrive au pouvoir, l'apathie du mouvement social, la trahison des nouvelles élites qui appliquent sans état d'âme la même politique que les autres franges de l'oligarchie.
S'abstenir, c'est faire le deuil de l'idée que d'autres peuvent agir à notre place. C'est affirmer que le système des représentants n'est pas le nôtre et qu'il faut le renverser pour nous réapproprier notre pouvoir de décision sur les plans politiques et économiques, comme dans nos luttes. C'est avant tout se mettre en ordre de combat pour les luttes futures. Quel que soit le Président qui sortira des urnes: il va falloir se battre pour défendre nos intérêts et nous devrons le faire contre toutes les élites politiques, médiatiques, économiques et syndicales. N'attendons pas les résultats du carnaval électoral pour entrer en résistance : construisons les solidarités partout où nous le pouvons, c'est la première chose à faire pour construire de nouvelles perspectives.
Archives
1er mai
Un système mortifère qu’il nous faut détruire !
Il est urgent de concevoir une alternative au capitalisme, basée sur l’équité, la liberté, l’entraide et la gestion directe dans nos lieux de vie et de travail. Nous n’attendons rien de l’État et nous refusons de donner tout pouvoir de décision à des politiciens.
PARCE QUE la politique et l’économie d’un pays sont déterminées par des règles de concurrence économique et géopolitique au niveau mondial ;
PARCE QUE certains politiciens mènent une politique favorable aux entreprises et aux sociétés financières (qui les subventionnent), politique contraire à nos intérêts ;
PARCE QUE d’autres nous mystifient en nous faisant croire en un capitalisme non libéral, « à visage humain », qu’ils pourraient gérer au mieux de nos intérêts ;
PARCE QUE les uns et les autres, en nous appelant aux urnes, nous incitent à abandonner en leur faveur notre capacité à nous occuper nous-mêmes de nos intérêts ;
PARCE QUE, en nous faisant croire qu’ils peuvent gérer nos intérêts du haut de l’assemblée nationale, ils nous éloignent de la seule chose qui peut faire changer la société : la lutte frontale au niveau international des travailleurs contre leurs exploiteurs.
Les années 80 ont vu un tournant au sein des structures économiques et politiques mondiales qu’englobe le capitalisme :
- délocalisation de la production (industrie textile en Inde ; industrie informatique en Chine, par exemple) ;
- paupérisation accrue (8 millions de personnes vivant seules ont moins de 910 euros par mois en France ; 5 millions de travailleurs dans des mini-jobs payés 450 € par mois en Allemagne ; concurrence croissante organisée entre salariés au niveau mondial, etc.) ;
- précarisation des conditions de travail (utilisation des ressources privées, véhicules, domiciles..., à des fins commerciales – Uber, Delivero, d’abord aux États-Unis. Les usines et les mines sont maintenant des lieux où l’on trouve plus d’inégalités avec la prolifération des prestataires de services, des intermédiaires de placement, et d’autres structures qui interviennent dans la production en Afrique du Sud, notamment) ;
- dégradations des conditions de vie et de travail (accidents du travail - 2,2 millions de morts dans le monde en 2008 - ; maladies professionnelles ; harcèlement et phénomènes de burn out ; augmentation des suicides de 60 % en 45 ans dans le monde, avec les exemples français de La Poste, France Télécom, EDF, SNCF…).
Rappelons que le 1er Mai, né de la lutte des ouvriers aux États-Unis pour l’obtention de la journée de travail de huit heures, reste une manifestation de notre volonté commune, par-delà les frontières, d'en finir avec l’exploitation quotidienne et sans trêve que nous subissons. Cette nécessaire solidarité entraide des travailleurs face à un capitalisme qui nous exploite partout dans le monde a été à l’origine de la création de la 1re Internationale à Londres, en 1864 (qui a engendré l’Association Internationale des Travailleurs). C’est la réponse qu’ont alors choisie les travailleurs pour faire face aux pratiques du capitalisme.
Nous voulons une société libre, sans État, sans armée, sans exploiteurs ni exploités, sans hiérarchie ni discrimination d’aucune sorte ; une société basée sur l’entraide où chacun apportera ce qu’il a et recevra ce dont il a besoin ; une société où les décisions seront prises dans des assemblées générales souveraines et où les mandatés seront porteurs d’un mandat impératif et seront révocables à tout moment ; une société qui laissera la fenêtre ouverte à nos rêves. Cette société, c’est à nous de la construire car aucun politicien ne le fera à notre place.
Entraide Anationale
Ford espagne complice de la répression syndicale
dans des entreprises partenaires prestataires de services
La fédération locale de Valencia de la CNT espagnole appelle à une campagne internationale contre Ford dénonçant le licenciement d’un de ses adhérents, qui travaillait chez Quality Services Production (prestataire de services pour Ford).
Roberto Pérez Castellanos, délégué syndical CNT (représentant son syndicat et non élu par l’ensemble des salariés) chez Quality Services Production à Almussafes, Valencia, a été licencié en 2016, alors qu’il était en arrêt maladie en raison du harcèlement moral qu’il subissait.
Il avait en effet dénoncé des infractions à la législation du travail :
- abus de « contrats de formation », non accompagnés de formation, avec des semaines de 40 heures et plus, pour un travail équivalant à celui de salariés en CDI ;
- information syndicale empêchée ;
- refus de fournir des vêtements de travail de protection contre le froid, réclamés sous forme de pétition par des travailleurs qui ont alors été menacés de licenciement ;
- utilisation des conventions collectives du commerce d’activités diverses au lieu de celles de l’industrie du métal concernant l’activité de Quality Services Production (QSP), ce qui entraînait une perte de salaire mensuel de 400 euros.
Le syndicat a communiqué ces informations à la gérance de Ford-Almussafes en mars 2016, puis a demandé à rencontrer la direction de Ford, en vain. Une campagne nationale menée par la CNT espagnole a eu lieu du 12 au 18 décembre 2016.
Roberto revendique sa réadmission dans son poste de cariste, cet emploi qui, même précaire, est « le pain » de sa fille, selon ses propres mots.
Nous relayons la demande de solidarité de la CNT Valencia appelant au boycott des achats de véhicules Ford, jusqu'à la résolution de ce conflit.
Pour la réintégration du délégué syndical de la CNT espagnole licencié !
Ford responsable !
Solidarité internationale !
Sources :
http://valencia.cnt.es/category/noticias/conflicto-laboral
www.rebelion.org/noticia.php?id=220797
Agir au lieu d'élire
À nos dirigeants !
Vous êtes tranquillisés, car votre avis est plus important que le nôtre ?
Rassurés, parce qu’on vous laisse décider ?
Seulement, savez-vous que des « gens » n'ont plus de travail pour vivre
et se sentir dignes,
qu’ils rognent sur leur loisir pour simplement avoir de quoi nourrir leur famille ?
Sans compter que nombreux sont encore celles et ceux qui, trop jeunes,
n’ont pas eu d’autre choix que de trimer pour survivre. Aussi, bien sûr que
nous ne sommes pas tous des intellos ou de beaux parleurs ; loin s’en faut.
Mais, en revanche, nous savons tous travailler et aimer, produire et créer,
apprendre et transmettre. Et malgré le mépris que vous nous témoignez,
vous êtes bien obligés d’admettre que sans nous, vous n’êtes plus grand chose !
NOUS SOMMES LES TRAVAILLEUSES - NOUS SOMMES LES TRAVAILLEURS
C'est nous qui plantons, fabriquons, réparons et livrons, soignons et éduquons...
C’est encore nous qui tombons en première ligne
de vos sales guerres impérialistes.
Et vous, pendant ce temps, seule compte la capitalisation de vos privilèges.
Nous, « sans dents » - mais prêts à mordre ! -, ne sommes pas dupes.
Comment osez-vous appeler « souveraineté du peuple » cette mascarade ?
Nous savons bien que ce sont les rupins qui font les lois.
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À quoi sert de voter puisque nos plaintes ne sont pas entendues ?
L’unique « droit » qui nous est accordé est celui de s’écraser,
« droit » que vous faites valoir à grands coups de matraque, de grenades et de flash-balls.
C’est pourquoi notre bulletin de vote est - et restera - un pavé !
Notre liberté doit s’exercer : au bureau, à l'atelier, au champ, dans la rue, dans une forêt du Tarn…
Jamais plus nous ne reviendrons aux urnes où vous enterrez nos illusions !
Et puis, si vous croyez vous en tirer grâce à vos partis NAZionalistes haineux et corrompus
vous vous mettez le doigt dans l’oeil. Rien désormais ne pourra plus vous protéger !
Vous constaterez que la situation n’est plus tenable. Vous ne perdez rien pour attendre !
Et ne nous dites pas d'aller voir ailleurs ! Nous savons que partout dans ce monde financiarisé votre
caste réalise toujours de plus gros bénéfices. La camelote se ressemble, seul l’emballage change !
L’État et le capitalisme nous tuent sans pitié. Notre environnement se meurt et
l’avenir se bouche. Les sommations d’usages ne sont pas respectées.
Voilà pourquoi nous optons pour un projet de société radicalement autre.
Nous en avons plus que marre de grappiller vos miettes et de recevoir des ordres !
Notre union est fondée sur la volonté commune de participer à l’autogestion de notre société.
Nous visons l’émancipation des rapports sociaux, la coopération égalitaire et libertaire
du travail basée sur les capacités physiques, intellectuelles et les goûts de chaque individu(e).
Notre exigence économique respecte le vivant tout en répondant aux besoins de chacun(e).
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Terminons-en avec l'exploitation de l'Homme par l'Homme !
Nous les seuls producteurs de richesse, NOUS les travailleuses et les travailleurs,
que ce soit en France comme partout ailleurs sur la planète, avons les mêmes intérêts.
Ne nous laissons pas berner par les réactions nationalistes et les replis communautaristes.
Réhabilitons sans plus tarder la lutte de classe sans frontières !
Vive la révolution sociale ! Vive les communes libres !
Vive l’autogestion ! Vive le fédéralisme !
Combat syndicaliste n° 254
Edito
C'est le branle bas de combat médiatique, la classe politique gesticule : le carnaval électoral a commencé. Afin d'éviter tout déboire, le gouvernement dépense sans compter pour éviter un conflit chez Alstom. Là, il n'est plus question de compter les sous, l'enjeu politique est trop important: il ne faut pas qu'un plan social vienne perturber le « débat démocratique ». Les dirigeants d'Alstom l'ont bien compris : c'est le moment de menacer, le politique est en position de faiblesse, il doit se faire élire. Plutôt que de compter sur les promesses électorales, il vaut mieux mettre le bazar avant les élections et se faire payer comptant.
Tandis que les premiers effets de la loi El Khomri se font sentir, nous pourrions nous étonner de la trêve sociale -tacite mais bien réelle- à laquelle nous astreignent les directions syndicales. Ces syndicalistes sont-ils moins malins que les patrons d'Alstom ? Mais ce serait être bien naïf et manquer de mémoire. Ont-ils fait quoique ce soit pour amener à une grève reconductible pour bloquer le pays plusieurs jours, lors de la lutte contre cette réforme ? Les a-t-on vus une seule fois lancer une grève en période d'élections ? Ils ne valent pas mieux que les politiciens, ils font partis de l'oligarchie qui nous gouverne. Nous ne pouvons pas plus nous fier à eux que nous ne pourrons nous fier au prochain président. Tout ce beau monde se connaît et s'entend sur l'essentiel. Pour le reste, un peu de « comedia del arte » pour nous distraire et le tour est joué. Pourtant, certains s'interrogent. Des syndicalistes commencent à entrer en dissidence comme cela a pu être le cas dans le collectif « On bloque tout », des femmes et des hommes se sont investis, un peu partout en France, dans le mouvement « Nuit debout ». Nous n'en sommes qu'aux balbutiements et la confusion est encore grande. Mais c'est dans ce début que résidera la résistance aux gouvernements autoritaires qui vont essayer de nous imposer des mesures libérales dans les années à venir. C'est peut être ici que naîtra cet indispensable mouvement anticapitaliste et antiétatique qui fournira enfin des perspectives aux amoureux de la liberté et de la justice sociale, Il va nous falloir beaucoup d'énergie, beaucoup de réflexions et de discussions pour faire émerger quelque chose. Comme le disait José Luis Garcia Rua : « La lutte idéologique des temps à venir sera très forte ».
L'avenir immédiat n'est pas rose, les temps sont durs. Souvenons-nous du parcours de nos vieux compagnons, de ce qu'ils ont vécu, ce à quoi ils ont survécu, pour nous donner du courage. S'ils n'ont pas baissé les bras, c'est parce qu'ils ont su conserver des valeurs et qu'ils n'ont jamais oublié que la solidarité était notre bien le plus précieux. Armés de nos idées et liés par nos actes, nous aussi, nous pouvons apporter notre pierre dans l'édification d'un autre futur. La lutte n'est pas un choix de tout repos, mais c'est celui de la dignité.
Combat syndicaliste n° 253
Edito
« C'est le propre du privilégié et de toute position privilégiée que de tuer l'esprit et le cœur des hommes. L'homme privilégié soit politiquement, soit économiquement, est un homme intellectuellement et moralement dépravé [...] Tous les pouvoirs établis, [veulent] s'éterniser en rendant la société, confinée à [leurs] soins, toujours plus stupide et par conséquent plus nécessiteuse de son gouvernement et de sa direction [...], lors même qu'[ils] sont issues du suffrage universel. Ce dernier peut en renouveler la composition, il est vrai, ce qui n'empêche pas qu'il se forme, en quelques années, un corps de politiciens privilégiés de fait, non de droit, et qui, en se vouant exclusivement à la direction des affaires publiques d'un pays finissent par former une sorte d'oligarchie politique ou d'aristocratie. »* Ces lignes datent de 1869 mais pourraient tout aussi bien avoir été écrites aujourd'hui.
Comment ne pas constater, en effet, que nous sommes dominés par une oligarchie qui associe les pouvoirs politiques, économiques et médiatiques ? La presse nous vante les mérites des patrons dans des émissions dégoulinantes de bons sentiments comme «?Patron incognito » mais ne manque pas une occasion de présenter les manifestants comme des criminels et les forces de l'ordre comme les derniers remparts de la liberté ! Le gouvernement nous explique qu'il faut faire des sacrifices, que les caisses sont vides, mais s'empresse de sortir le carnet de chèque à la moindre pseudo menace des dirigeants d'Alstom. La justice n'est pas en reste, il suffit de comparer les jugements en comparution immédiates des manifestants et ceux des industriels et politiciens véreux.
Au bout du compte, que constate-t-on ? Les aménagements de la loi El Khomri rendent la position des travailleurs plus précaires, nos territoires sont détruits et phagocytés par des projets qui ne répondent qu'aux intérêts des grandes entreprises, les pauvres sont plus pauvres et les riches plus riches. Dans ces conditions, pas étonnant que le ras-le-bol se généralise. Mais sans perspective globale pour faire converger les mécontentements, l'oligarchie aura beau jeu d'appliquer le vieil adage : diviser pour régner. D'ailleurs, ne nous vent-on pas des oppositions français/ immigrés, travailleurs/chômeurs, jeunes/ vieux quand la seule qui vaille reste celle d'oligarques/ exploités ?
* Michel Bakounine, Dieu et l’État.
Mémoire
Une expérience de gestion directe en Espagne 1936
La brochure que nous vous présentons est une fabrication propre à l’événement qu’est le 80e anniversaire de la révolution sociale espagnole. Elle reprend différents textes parus dans une revue Itinéraire et un livre La collectivisation en Espagne.
Nous nous sommes particulièrement attachés à montrer la gestion directe dans l’œuvre de ces pionniers de l’organisation. Organisation à la base qui fut réalisée aussi bien sur le plan politique qu’économique. Ce fut la première et sûrement la dernière révolution syndicale. La CNT-AIT ayant abandonné l’idée que soutient la Charte de Paris (1946), de la reprise des entreprises par les syndicats pour la laisser aux mains de tous les travailleurs, condition sine qua non pour ne pas tomber dans le piège de la dictature du prolétariat.
Dans l'avant-propos, nous nous sommes contentés d’une ébauche des conditions préfigurant ce bouleversement social qui prit naissance un 19 juillet 1936 et finit en juillet 1937. Le gouvernement républicain de la Généralité où les communistes étaient majoritaires décidait d’en finir avec les collectivisations, l’armée du colonel Lister de conviction profondément stalinienne repend son œuvre sanguinaire. La guerre sociale révolutionnaire laissait place à une guerre civile nationaliste.
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19h00 : "Fallait pas" (chacun apporte un truc à boire et à manger à partager ensemble)
19h30-19h45 : projection d'un montage vidéo sur l'Espagne en 1936.
19h45-20h00 : lecture, si possible interactive, du témoignage de Miguel Celma, « La Collectivité de Calanda, 1936-1938 »
A la suite, infos sur des expériences contemporaines (Lip, Chiapas...). Débat, questions éventuelles.
Animation musicale: chansons révolutionnaire accompagnées à la guitare.
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Samedi 10 décembre 2016 à partir de 19 h
Au local du Centre Ascaso Durruti :
6 Rue Henri René 34 000 Montpellier
« Gestion directe d'hier à aujourd'hui »
Les 80 ans de la révolution sociale
espagnole de 1936-1937
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Mémoire
Concert commémoration révolution espagnole
L'union locale de la CNT-AIT de Montpellier vous informe qu'aura lieu une soirée d'hommage à "la révolution sociale Espagnole" le samedi 26 Novembre au local associatif le "KJBI" (8 rue des pointes 34920 le Crès) à 19 h30.
Cette soirée concert exposition est coorganisée par le CGA, la CNT, le centre Ascaso Durruti dans le cadre des 80 ans de la révolution sociale Espagnole. Les organisations présentes feront tables de presses.
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Combat syndicaliste n° 252
Edito
Le 5 septembre 1936, Robert Capa photographiait un soldat républicain fauché par une balle, en pleine course. L'homme en question, Federico Borrell. Garcia était anarchiste et se battait pour la révolution sociale qui débutait, en réaction au pronunciamiento franquiste. 80 ans après, il n'est pas inutile de nous souvenir de ce combat et de ce qu'il représente. Finalement, ce passé répond à des questions de notre présent. Le capitalisme nous écrase toujours, et lorsque la crise sociale devient trop forte, il finance la montée de l'extrême droite. Nous n'en sommes pas encore à la guerre civile mais la répression policière des manifestations, l'État d'urgence et les discours des politiques de tous bords, n'annoncent rien de bon. Le système est déterminé à passer en force. Il détruit les quelques droits qui restent aux travailleurs, il nous dépossède de notre territoire pour des projets aussi destructeurs que lucratifs et il mine notre santé par une pollution, elle aussi, lucrative. Notre avis ne compte pas pour cette oligarchie obsédée par l'argent.
Pourtant, si le danger fasciste est bien réel, partout des résistances s'affirment. Dans les ZAD, dans les mouvements sociaux, lors du mouvement « Nuit debout », des voix s'élèvent pour dénoncer le pouvoir de l'argent et l'absence de démocratie. On commence à comprendre que la véritable démocratie ne peut se réduire à la liberté d'expression relative que nous connaissons encore. Mais si les résistants commencent à mieux cerner les problèmes, les perspectives restent floues. Raison de plus pour se pencher sur ce passé, pas si lointain, qui nous parle de la plus radicale révolution que nous ayons connu jusqu'à ce jour.
Lutte de classe
Bon de souscription
(Même si tu ne retournes pas ce bon à ton patron, faute de te mettre en grève, il y aura souscription)
J’adhère à la loi El Khomri :
- je veux travailler jusqu’à 67 ans ;
- je veux pouvoir être licencié(e) plus facilement, qu’il s’agisse d’une incapacité due à un accident du travail ou à une diminution des bénéfices de mon entreprise ;
- je souhaite que mes indemnités soient réduites en cas de licenciement (y compris en cas de licenciement abusif) ;
- je suis favorable à ce qu’il y ait un droit pour chaque entreprise et non un même droit pour tous ;
- je ne souhaite plus passer la visite médicale du travail ;
- je veux que mes horaires de travail, c'est-à-dire leur répartition, puissent être modifiés n’importe quand ;
- je veux pouvoir travailler jusqu’à 60 heures par semaine, et même sans limite en cas de forfait jour ;
- je souhaite que mes heures supplémentaires soient moins bien rémunérées (quand elles le sont !) ;
- je suis d’accord pour que mes dates de départ en congé puissent être légalement modifiées moins d’une semaine avant mon départ ;
- je suis favorable à ce que les apprentis mineurs puissent travailler 40 heures par semaine ;
- je souhaite que tous les acquis sociaux soient remis à zéro tous les 5 ans ;
- je suis favorable à la disparition progressive de l’inspection du travail.
Et pour finir :
- je suis favorable au retour de la religion dans l’entreprise, ce qui annulera du coup le décret de 1871 (adopté à l’unanimité J.O. du 3 avril 1871) : « Art. 1. L’Église est séparée de l’État...) ou de la loi de 1905 sur la séparation de l’église et de l’État.
En option nous pouvons préparer l’avenir avec modernité :
- je ne veux pas bénéficier des améliorations gagnées par le passé (heures de grève et de blocage avec les occupations d’entreprise qui ont « pris en otage » les usagers) ;
- je renonce à mes congés payés ;
- je renonce à la sécurité sociale ;
- je ne veux plus de salaire minimum ;
- je suis favorable à l’interdiction des syndicats ;
- je suis favorable à l’interdiction du droit de grève.
Nom :   Prénom :   Signature :
Mais si tu ne souscris pas, tu peux aussi rejoindre à la rentrée les compagnes et compagnons déjà mobilisé-es, sans prêter attention au jeu politique des syndicats corporatistes.
Tu peux aussi décider que demain sera différent car, jusqu’à maintenant, ce sont les hommes et les femmes qui font l’histoire dans le rapport de force imposé par le capitalisme. Tu peux détruire cette organisation politico-économique injuste, le capitalisme.
Tu peux aussi construire, en te solidarisant avec tous les travailleurs du monde ayant le même but : une société équitable reposant sur la responsabilité et le dialogue entre chacune de ses entités et chaque individu, un projet politique opposé au centralisme, le fédéralisme.
Tu es libre de façonner cet autre futur, à toi de travailler le développement social !
Combat syndicaliste n° 251
Edito
Ceux qui pensent que la lutte des classes est un concept dépassé ne doivent pas comprendre ce qui se passe en France en ce moment. L'ampleur de la mobilisation contre la loi travail n'a d'égal que la violence de la répression qui l'accompagne. Des centaines d'interpellations, des dizaines de blessés, un local syndical saccagé par les force de l'ordre, à Lille, des manifestations « dispersées » sans ménagement et sans avertissement, une manifestation interdite, puis autorisée sous la forme d'un manège ridicule, la lutte des classes est bien d'actualité !
Le gouvernement socialiste nous prouve, s'il en était besoin, que l'État est toujours là pour défendre les intérêts des privilégiés. En prévoyant de subordonner les droits fondamentaux de la personne au besoin de l'entreprise dès le premier article, la loi travail se pose comme la plus grande attaque ultra libérale de ces dernières années. Le combat que nous menons pour son retrait est d'une importance majeure pour notre avenir immédiat. Dans ce contexte, il est difficile de comprendre pourquoi les centrales syndicales se refusent à appeler à un mot d'ordre clair de grève générale pour bloquer l'économie. Les salariés des raffineries, de la SNCF, de l'EDF et les dockers ont plus de courage que les chefs.
Nous nous devons d'être à leur coté dans ce combat qui s'annonce comme le premier d'une longue série où nous devrons être solidaires face à une classe politique et un patronat qui, quelque soit la configuration politique d'après 2017, sont déterminés à nous faire subir le même sort que les travailleurs espagnols, grecs, italiens et portugais.
Lutte de classe
Retrait de la loi El Khomri |
Tant qu'il y aura des patrons |
Sous prétexte que la Loi est illisible, le patronat et ses soutiens poliques exigent la réforme du Code du Travail. De quelle réforme s'agit-il ? Le rapport Combrexelle et la loi qui doit en découler s'inscrivent dans la continuité des réformes précédentes et ont pour but : |
Poussés par les lois du marché et de la concurrence, ils chercheront à augmenter leurs bénéfices, toujours, et toujours plus, à nous exploiter chaque jour un peu plus, sans trêve ni répit. Sans trêve ni répit, nous aurons à lutter pour défendre notre droit à vivre. Cette guerre qu'ils nous imposent ne cessera qu'avec la disparition du patronat et du salariat. |
1. de faire primer l'accord collectif sur la loi, et ce, dans tous les domaines du droit du travail (dans certains cas, cela est déjà possible). Cela entraînerait autant de lois que d'entreprises.
2. de faire prévaloir l'accord collectif sur le contrat de travail. Cet accord, plus défavorable, pourrait entraîner le licenciement du salarié qui refuserait de renoncer aux droits inscrits sur le contrat qu'il a signé, avec une indemnité de licenciement inférieure à celle stipulée dans la loi... l'indemnité que l'accord collectif aura retenue ! Sur ce dernier point, le sale travail a déjà été largement déblayé par la loi Macron où est désormais inscrite la possibilité de remplacer le Code du travail par le Code civil si patron et salarié se me.ent d'accord.
Cerise sur le gâteau dégoulinant du capitalisme: aucun contrôle et aucune sanction ne sont prévus en cas de non respect de ces accords collectifs ! La loi sera remplacée par des « accords » forcément favorables aux patrons (car issus de chantages et de pressions), mais en plus ils ne risqueraient rien, s'ils décidaient de ne pas les respecter…
Pour réussir, cette destruction des droits des travailleurs s'accompagne de la destruction des moyens de défense des salariés ; représentants du personnel, syndicalistes, médecine du travail, inspection du travail, droit de grève, conseil des prud'hommes (cf. loi Rebsamen entre autres...).ANI, loi Macron, loi Rebsamen, Rapport Combrexelle... si on ajoute à cela la destruction du système de santé, la destruction des services publics, les lois répressives et de surveillance, la chasse aux immigrés (et aux Roms), jamais il n'y a eu autant d'attaques violentes de la part des classes dirigeantes.
La réforme du code du travail va laisser chacun d'entre nous face à son patron, sans autre recours que celui de négocier seul les conditions de son exploitation. Toute réponse collective, notre seule force face à ceux qui nous exploitent se heurtera à la nouvelle législation. Chacun de nous va se retrouver, pieds et poings liés à la merci de son maître, esclave malléable et corvéable à merci.
Il est vital de gagner cette lutte, mais aussi de prendre l'élan nécessaire pour reconquérir les acquis perdus ces dernières années : unique façon de ne plus reculer. |
Poussés par les lois du marché et de la concurrence, ils chercheront à augmenter leurs bénéfices, toujours, et toujours plus, à nous exploiter chaque jour un peu plus, sans trêve ni répit. Sans trêve ni répit, nous aurons à lutter pour défendre notre droit à vivre. Cette guerre qu'ils nous imposent ne cessera qu'avec la disparition du patronat et du salariat.
Chaque victoire est provisoire ; elle n'est rien d'autre qu'une opportunité pour reprendre notre souffle et nous devons veiller à ne pas nous satisfaire de ce que nous venons d'obtenir car ils ne manqueront pas de nous le reprendre dès le lendemain, et même plus si on leur en laisse le temps. C'est ce qu'ils sont en train de faire depuis 40 ans.
Notre arme la plus efficace : c'est la grève. Elle marque l'arrêt de notre exploitation et le gel des bénéfices qu'ils en tirent. Elle met en panne l'économie capitaliste et leur fait perdre le contrôle sur l'économie et sur nos vies.
C'est pourquoi nous ne devons pas nous en laisser déposséder et que nous devons en garder le contrôle : si personne ne fait grève à notre place, personne ne doit en décider pour nous.
Seules les assemblées de grévistes et les comités de grève qu'elles mandatent dans l'intervalle de deux assemblées générales et qui doivent rendre compte de leur mandat à l'assemblée suivante sont légitimes pour porter la parole des grévistes.
Les syndicats et les intersyndicales ont leur rôle à jouer, entre deux grèves. Mais en période de grève, seuls les grévistes peuvent décider des suites à donner à leur lutte.
Il est temps pour nous, futurs, actuels ou ex-travailleurs, de savoir où sont nos intérêts, de nous reconnaître dans notre classe d'exploités et de nous regrouper pour construire un mouvement de grève et de lutte, dans nos lieux de travail, de formation et de vie.
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Lutte de classe
Avec la loi El Khomri, un cap est franchi !
Sous les applaudissements nourris des capitalistes, le gouvernement lance une réforme du Code du Travail gravissime. La nouvelle loi qui plane sur nous, bien qu’elle s’inscrive dans la continuité des mauvais coups précédents (Accord National Interprofessionnel – ANI –, « pacte de responsabilité », « crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi », loi Macron, loi Rebsamen), opère une rupture radicale et structurelle avec l’esprit des acquis sociaux obtenus au fil du temps par la grande classe des prolétaires.
Deux rapports consécutifs – Combrexelle et celui de la commission Badinter – d'où est issue la loi El Khomri, consacrent définitivement la priorité aux accords d'entreprises en se proposant d'inverser la « hiérarchie des normes » ; le code du travail est mutilé et devient secondaire. En effet, grosso modo, ce dispositif scandaleux prévoit de faire primer l'accord collectif d'entreprise sur les accords de branche, les conventions collectives et sur le code du travail, entraînant ainsi une situation inédite en France : davantage de liberté pour exploiter le travail d'autrui, et ceci sans réelles contreparties accordées à des travailleurs précarisés. Quelques exemples ? Une augmentation du temps de travail (jusqu'à 10 h par jour pour les apprentis), une baisse de salaire (majoration pour heures supplémentaires réduite à 10%), des licenciements facilités (plafonnement des indemnités prud'homales à 3 mois de salaire pour 2 ans d'ancienneté et à 15 mois pour les salariés plus anciens). Ainsi, la direction du groupe Airbus a anticipé le projet de loi en supprimant – des horaires habituels de travail – les temps d'habillage et de déshabillage (estimés à 20 minutes par jour), à compter du 1er avril.
Si les savants compromis censés encore constituer un rempart face à une exploitation sans limite volent un à un en éclats (représentants du personnel et syndicalisme, droit de grève, conseil prud'homal, médecine du travail, inspection du travail, indemnisations chômage, etc.), en revanche aucun contrôle ni sanction ne sont envisagés pour les entrepreneurs qui, eux, ne se priveront pas d'exercer chantages et pressions. Il est à craindre la fin programmée des C.D.I. ainsi qu'une vague de licenciements expéditifs chargée à moindre frais de réguler une masse salariale flexible à souhait et corvéable à merci.
Comment pourrions-nous accepter ce marché ? Qui pourrait, comme le préconise Macron, se « mettre d'accord » avec nos exploiteurs ? Et, sincèrement, faut-il compter sur les syndicats majoritaires pour radicaliser une lutte ô combien légitime ? Laisserons-nous une fois de plus les « partenaires sociaux », ceux-là même qui ont bradé nos retraites, négocier notre servitude actuelle et à venir ? Jusqu'où sommes-nous prêts à être manipulés et maltraités ? Enfin, les yeux dans les yeux, saurons-nous expliquer aux générations futures tous ces reculs sociaux et leurs funestes conséquences ?
Alors, camarades, ne serait-il pas enfin temps de nous prendre en main selon le principe : L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes, et uniquement eux-mêmes ?
Avec la casse des services publics et du système de santé, les lois répressives et de surveillance, la chasse aux immigrés ou supposés tels, les parlementaires, toujours au nom du patronat, n'avaient pas mené la lutte de classe avec autant de férocité depuis longtemps ! Ne nous laissons plus opprimer ! Il est temps pour nous, futurs, actuels ou ex-travailleurs, de savoir où sont nos intérêts, de nous reconnaître dans notre classe d'exploités et de nous regrouper pour construire un mouvement de grève et de lutte, dans nos lieux de travail, de formation et de vie.
Travailleuses et travailleurs, avec ou sans emploi, il est de toute première urgence d'organiser à la base de larges Assemblées Générales décisionnelles !
Organisons-nous librement et luttons !
Vers une société fédéraliste et autogérée !
À BAS LE CAPITALISME !
Répression
Communiqué de la CNT-AIT concernant la détention, en Espagne, de marionnettistes accusés d'apologie du terrorisme.
Le vendredi 5 Février 2016, les deux membres de la troupe « Marionnettes d'en bas » (dont l'un est adhérent d'un syndicat de la CNT espagnol) ont été arrêtés durant la représentation de leur dernière production, « La Sorcière et Don Cristobal », sur des accusations d'apologie du terrorisme.
La première du spectacle a eu lieu le 29 Janvier dernier et a été reprise le 31 à Grenade, sans incidents et avec un public nombreux. La position défendue, qui se veut humanitaire, face à certains problèmes de l'actualité, pouvait trancher avec celle d'autres positions politiques. L'œuvre prône la coexistence, la tolérance et l'acceptation des différences.
Lors de la représentation du 5 février, à Madrid, une partie du public s'est sentie gênée par cette œuvre, et loin de se limiter à une question ou des critères esthétiques, a appelé la police pour dénoncer une prétendue apologie du terrorisme. La police a procédé à l'arrestation des membres de « Marionnettes d'en Bas », qui, depuis, sont détenus au secret.
La presse a publié le rapport tel quel, sans y opposer la version des accusés, donnant par là même une version totalement erronée de l'œuvre. Les médias soulignaient la glorification du terrorisme qui y était faite par une pancarte portant le slogan « Gora Alka-ETA » (Vive Alka-ETA : jeu de mot à partir de la phrase basque et du mot Al-Qaïda), sorti de son contexte. Les médias parlaient aussi d'assassinats et de viols de religieuses et de juges.
En fait, « La Sorcière et Don Cristobal » veut représenter la « chasse aux sorcières » dont a été victime le mouvement libertaire ces dernières années, avec des affaires policières du style « opération Pandora », et ceci par les figures récurrentes des contes et du théâtre. Le personnage principal, une sorcière, représente les personnes de mauvaise réputation, et elle se voit obligée d'affronter les quatre pouvoirs régissant la société : la Propriété, la Religion, la Force de l'État et la Loi. L'héroïne est chez elle et sa vie est d'abord interrompue par l'apparition du « Propriétaire », qui est le possesseur légal de sa maison. Il n'y a pas de religieuses violées ici, mais une tentative de viol de la sorcière par le propriétaire qu'elle tue au cours de l'agression. Elle se retrouve enceinte, et un enfant naît. Là, apparaît la deuxième figure : une religieuse incarnant la Religion. Celle-ci veut emmener l'enfant, mais la sorcière s'y oppose, et durant l'affrontement, la religieuse meurt. C'est alors qu'apparaît le Policier représentant la Force de l'État ; il frappe la sorcière jusqu'à ce qu'elle tombe inconsciente, puis fabrique un montage policier pour l'accuser devant la Loi en accrochant une pancarte de « Gora Alka-ETA » sur son corps, qu'il tente de maintenir debout pour prendre une photo, comme preuve. A la suite vient la quatrième figure, le Juge, qui accuse et condamne la protagoniste à la pendaison. La sorcière trompe le juge, qui passe la tête dans la propre corde, et elle en profite pour le pendre, sauvant ainsi sa propre peau…
On peut estimer que cette œuvre est ou non pour des enfants ou pour tout public, mais il est surprenant que deux personnes soient détenues au secret pour une question d'âge. Par contre la troupe « Marionnettes d'en bas » n'a jamais mentionné que sa dernière création était pour les enfants. Alors que, dans son blog, elle présente ses œuvres à tout public de manière séparée : « théâtre populaire » ou « Spectacles pour enfants ». Et « La Sorcière et Don Cristobal » n'apparaît pas dans cette dernière catégorie, on ne peut donc accuser ses auteurs de tromperie et d'attirer un public déterminé, malgré l'utilisation de poupées. De plus, dans le synopsis présenté, il était clairement question de « matraques » et de « liberté » ; le public connaissait donc le thème du spectacle, évidemment, pas le terrorisme, parce que, là, il n'y a pas de terrorisme ni d'apologie du terrorisme (motif de la détention au secret). Une mesure répressive extrêmement paradoxale : c'est précisément ce que dénonce cette œuvre. Il est surprenant de voir comment les lois anti-terroristes peuvent servir des préjugés politiques bien définis avec autant d'efficacité et peuvent mettre les accusés en situation d'impuissance, à cause de quelques plaintes. Les plaintes de personnes qui confondent le terrorisme avec ce qu'elles n'acceptent ni socialement ni politiquement.
C'est dans ce contexte international de société sécuritaire que notre confédération exprime son soutien à la troupe « Marionnettes d'en bas ». Nous exigeons la remise en liberté immédiate des détenus et revendiquons le droit à la libre expression.
Combat syndicaliste n° 250
Edito
Attentats, droitisation de la société, montée de la xénophobie, migrants mis à l'index tout cela sur fond de crise sociale... la situation n'est pas simple pour celles et ceux qui aspirent à la liberté.
Pourtant, à prendre du recul, il devient évident que tous ces sujets sont liés. Dans les années 80, les dictateurs issus du nationalisme arabe ont imposé à leurs peuples un tournant vers l'ultralibéralisme et ont jugé judicieux de permettre aux frères musulmans d'étendre leur influence pour contrer les mouvements anticapitalistes qui menaçaient leur pouvoir personnel. Dans les années 90, la situation s'est aggravée encore, avec l'intervention militaire des puissances occidentales dans la région qui entendaient mettre la main sur les ressources pétrolières. Dans les années 2000, alors que les mouvements sociaux agitaient la région, l'islamisme est devenu un courant politique puissant prêt à concurrencer les gouvernants traditionnels. Avec la crise de 2008, l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient ont connu un vaste mouvement révolutionnaire tandis qu'en Europe, les dirigeants mettent en place des politiques d'austérité qui ont pour but de faire payer la crise économique à leurs peuples
Aujourd'hui, les peuples arabes sont pris entre le marteau islamiste et l'enclume des dictatures militaires. Ici, la détresse sociale s'accroît. Les migrants sont des victimes de cette société capitaliste, qui aspirent à la justice sociale et à la liberté, tout comme nous. Ils ne veulent ni des islamistes, ni des dictatures militaires, ni de la guerre : ils aimeraient vivre en paix et avoir de quoi vivre, tout comme nous. La lutte contre le renforcement répressif des États en Europe, les mesures d'austérité et la solidarité avec les migrants sont toutes les variantes d'une même lutte contre le système capitaliste qui nous impose cette situation. Celui-ci ne s'y trompe pas lorsqu'il s'attaque, dans le même temps, aux militants No borders et à ceux d'Air France. Les fiches S ne concernent pas que les islamistes et l'État d'urgence a permis au préfet de Dordogne de faire perquisitionner les habitations de militants anarchistes. La mobilisation médiatique autour des attentats met au second plan les luttes sociales pourtant plus utiles que jamais. On ne parle plus des aspirations de justice sociale et de liberté des peuples égyptiens, tunisiens et syriens. On ne parle pas plus de mouvements anti-austérité qui secouent l'Europe. Comment pourtant ne pas voir la convergence de ces luttes ? En France, l'État a saisi l'opportunité que lui fournissaient les attentats pour écarter la question sociale. Finalement, la montée du fascisme arrange beaucoup de monde, pas seulement Daesh qui, tout comme nos États et ceux des pays arabes, est un fervent partisan du capitalisme.
Nous devons établir des liens de solidarité entre tous les exploités, par delà les frontières, si nous voulons nous défendre efficacement contre ce système qui est la cause de tous nos malheurs. Faire comprendre que nos combats sont liés, est essentiel pour contrer, à la fois, la montée de l'extrême droite et celle de l'islamisme. C'est également une question vitale pour contrer la répression d'État. Pour cela, il faut clairement identifier l'ennemi et proposer un projet de société qui réponde au problème en proposant d'éliminer l'exploitation économique et la domination étatique. Remettons au goût du jour la seule arme que nous possédons : la solidarité.
Fiche "S"
Etat d'urgence
NOM : FRANCE
PRÉNOM : RÉPUBLIQUE
NÉE LE : 22/09/1792 À PARIS
PÈRE : ÉTAT-NATION
MÈRE : ASSEMBLÉE NATIONALE
ALIAS : MARIANNE
SEXE : TRICOLORE
NATIONALITÉ : DÉMOCRATURE
DESCRIPTION : BONNET PHRYGIEN, COCARDE, SEINS NUS
RECHERCHÉ POUR ESCLAVAGISME MODERNE, EXPLOITATION D'HUMAINS, VOL AGGRAVÉ, TERRORISME D'ÉTAT ET VIOLENCE ARMÉE EN BANDE ORGANISÉE, TRAFIC D'ARMES, CORRUPTION, ETC.
CONDUITE À TENIR : INDIVIDU FÉROCEMENT AGRESSIF, LOURDEMENT ARMÉ, SOURNOIS ET HYPOCRITE.
NE PAS SE LAISSER ENDORMIR PAR LES MOTS DE "?LIBERTÉ, EGALITÉ, FRATERNITÉ ".
Que ceux qui défendent les « valeurs » de la République Française avec des larmes de crocodile arrêtent de jouer les faux-culs !
Et tenons enfin compte du fait que l'État français est parmi les premiers vendeurs, fournisseurs (à des pays aussi « démocratiques » que l'Arabie Saoudite ou l'Égypte…) et utilisateurs d'armes (Mali, Syrie, etc.).
Organisons l'arrêt de la fabrication et de la circulation d'armes !
Luttons pour le retrait total des armées impérialistes et coloniales partout dans le monde !
Un seul outils efficace contre les intérêts économiques et politiques au pouvoir :
Grève générale internationale
NON à la guerre !
Combat syndicaliste n° 249
Edito
Ça y est! C'est la rentrée.
Les travailleurs avons du mal à joindre les deux bouts et à jongler avec les horaires de nos enfants séquestrés par les institutions édu-castratives.
Syndicalement parlant, des centaines de petits con?its explosent partout dans l"hexagone pendant que les "partenaires sociaux responsables et représentatifs" grimacent des journées de mobilisation et de gréve sans aucune base directe.
De l`action directe, on en a vu: des Roms qui bloquent les routes et des travailleurs en colère qui dessapent et coursent leur DRH et leurs chefs. Là, la peur change de camp et l`État resserre ses liens avec le patronat pour condamner les "violences".
Des ouvriers, pointés du doigt et accusés de ces débordements, risquent d"avoir la ?icaille sur le dos. Ce n"est pas le cas pour les mobilisations des patrons de la FNSEA, qui ont toujours carte blanche.
Pour rajouter du piment, l'Europe qui a collaboré a piller et à générer des conflits armés partout se voit obligée de recevoir des êtres humains qui arrivent pour améliorer leur existence et échapper à la mort. Mais attention nous disent les gestionnaires de la misere, on veut seulement des "réfugiés", comme pour nous faire croire qulil existe des bons et des mauvais sans-papiers...
Nous sommes tous et toutes des exploité-es, et d'où on viens, on s"en fou, on travaille sur là où on va, éclaircir et polariser, dévoiler la confusion et appeler un chat, un chat. Le probleme ici ce sont bien les états, le capital, leu.rs patrons et leurs sbires années.
On les combat et on les combattra , jusqu'à llabolition de l`état et du salariat et l`avènement de la fraternité universelle : L'ANARCHIE !
Statuts de la CNT-AIT
Réformés au trente-cinquième congrès d'octobre 2015
TITRE PREMIER
BUT
Article premier
la Confédération nationale du travail a pour but :
– de grouper pour la défense de leurs intérêts matériels et moraux, tous les salariés du territoire de l'État français, à l'exception des forces répressives de l'État et du Capital, considérées comme des ennemies des travailleurs ;
– de poursuivre, par la lutte de classe et l'action directe, la libération des prolétaires qui ne sera réalisée que par la transformation totale de la société actuelle.
Elle précise que sa volonté, dans une société de classes en lutte, est de regrouper les exploités dans le but d'abolir le Capital et l'État par un moyen qui ne peut être que la disparition immédiate des classes sociales par l'émergence du communisme anarchiste. Cette transformation ne s'accomplira que par la suppression du salariat, par la réappropriation collective des moyens de production, de répartition, d'échange et de consommation, et leur organisation autonome et directe par les assemblées et conseils d'individus concernés ; la suppression de tous les États, du travail en tant qu'activité contrainte et séparée du restant de la vie sociale, et du prolétariat en tant que classe ; et l'établissement d'une organisation libre, fédéraliste et autogestionnaire de la société.
La CNT est internationaliste et proclame sa solidarité avec les travailleurs de tous les pays et de toutes les origines. Elle s'associe avec les organisations anarchosyndicalistes d'autres pays pour étudier les questions sociales à l'échelle internationale et pour œuvrer avec elles à la libération totale des travailleurs.
La CNT œuvre pour développer la solidarité et une conscience de classe antiautoritaire parmi ses adhérents et tous les prolétaires et resserrer les liens de fraternité qui les unissent.
TITRE II
COMPOSITION
Art. 2 –
La CNT est constituée par :
– des syndicats de travailleurs salariés ;
– des unions locales et des unions régionales de syndicats ;
– éventuellement, des fédérations de syndicats d'industrie.
Cette association est conçue et organisée sur des bases fédéralistes. Nul syndicat ne peut faire partie de la CNT s'il n'adhère pas à l'union régionale, à l'union locale et à la fédération d'industrie correspondant à son implantation et à son secteur d'activité.
Sauf exception décidée par un congrès confédéral, la double appartenance d'un adhérent ou d'un syndicat à la CNT et à une autre organisation syndicale n'est pas admise. Aucun syndicat adhérent à la CNT ne peut appartenir directement ou indirectement à un parti politique, une secte philosophique ou religieuse. Aucun individu adhérent à un syndicat de la CNT ne peut détenir directement ou indirectement de responsabilité relevant d'un parti politique, d'une secte philosophique ou religieuse.
Les organisations adhérentes à la CNT ont droit à la marque distinctive appelée label confédéral.
TITRE III
ORGANISATION ET ADMINISTRATION
Art. 3 –
La CNT est administrée suivant les directives données et les décisions prises par les syndicats réunis en congrès confédéral, tous les deux ans.
COMITÉ CONFÉDÉRAL NATIONAL
Art. 4 –
Dans l'intervalle des congrès, la CNT est administrée par le comité confédéral national qui propose les campagnes de solidarité, de propagande et d'action, s'assure de l'application des décisions de congrès et contrôle les mandats confédéraux.
Le CCN est constitué par une délégation de chaque union régionale.
Il se réunit au moins une fois par an et extraordinairement, en cas de nécessité, à la demande de 1/3 des unions régionales ou de 1/3 des syndicats.
Chaque région a une voix.
Les mandatés confédéraux et un délégué de chaque fédération siègent à titre consultatif et rendent compte de leur mandat.
Les frais de délégation occasionnés par la tenue des CCN sont remboursés par la trésorerie confédérale dans les conditions prévues à chaque CCN.
Art. 5 –
Les délégués sont tenus de rendre compte des discussions des CCN à leurs mandants.
Les procès-verbaux de chacune des séances du CCN donneront le nom des régions représentées, excusées et absentes, ainsi que des décisions adoptées et rejetées, et seront envoyés au BI et à chaque syndicat.
COMMISSION ADMINISTRATIVE
Art. 6 –
Article supprimé par le trente-cinquième congrès (octobre 2015).
MANDATÉS CONFÉDÉRAUX
Art. 7 –
Les mandatés confédéraux sont les agents d'exécution de la CNT.
Le congrès confédéral définit les attributions de chaque mandat confédéral et en confie la charge à un syndicat volontaire jusqu'au prochain congrès. Nul syndicat ne peut cumuler la responsabilité de plus d'un mandat confédéral. Le mandat s'exerce dès la clôture du congrès et prend fin après le vote sur le rapport d'activité lors du congrès suivant.
Des décisions de congrès précisent les modalités d'organisation des mandats confédéraux.
Le syndicat en charge doit s'organiser pour effectuer cette tâche et nomme un de ses adhérents mandaté vis-à-vis de la confédération. Le mandaté rend compte de l'exécution du mandat aux syndicats par des circulaires adressées à tous les syndicats, lors de chaque réunion en CCN et à l'occasion d'un rapport exhaustif lors du congrès confédéral suivant. En cas de défaillance du mandaté, il revient au syndicat en charge du mandat de nommer un autre de ses membres au poste de mandaté et d'en informer la confédération.
Les mandatés confédéraux ne peuvent se prévaloir de leur mandat de la CNT en dehors de ce qui le concerne directement.
Le CCN peut révoquer à tout instant le mandat confédéral confié à un syndicat à la demande d'au moins une union régionale. Dans tous les cas de vacance d'un mandat confédéral, le CCN doit faire appel aux syndicats et organiser une consultation pour la désignation de l'un d'entre eux pour assurer l'intérim jusqu'au prochain congrès confédéral.
Art. 8 –
Aucune fonction au sein de la CNT et de ses syndicats, unions et fédérations ne peut être exercée contre rémunération. Seuls peuvent être versés par les caisses syndicales aux adhérents de la confédération des remboursements de frais dûment justifiés.
Dans un souci de rotation des tâches la réélection des mandats est à éviter.
Art.9 –
Le secrétaire confédéral représente juridiquement la confédération et doit assurer sa défense juridique, assure le suivi organique des CCN et des congrès, et diffuse par des circulaires les informations reçues et les calendriers nationaux.
Art. 10 –
La désignation de délégués de la CNT aux diverses commissions, comités ou conseils extérieurs à la CNT est faite en réunion confédérale, congrès ou CCN.
Les mandatés confédéraux aviseront les syndicats des invitations qui pourraient leur parvenir.
Ils seront tenus de demander un mandat du plus prochain congrès ou du CCN sur l'objet de leur invitation.
Ils auront à rendre compte de son accomplissement dans la forme que le congrès ou le CCN leur demandera.
Art. 11 –
Les mandatés confédéraux doivent adresser, avant chaque CCN, un compte-rendu d'activité confidentiel aux syndicats.
UNIONS RÉGIONALES ET LOCALES
Art. 12 –
La confédération est divisée en unions régionales, dont le nombre et la délimitation géographique sont fixés par le congrès confédéral, en tenant compte de l'implantation des unions locales et des syndicats isolés.
La répartition des aires d'activité des unions locales ou des syndicats isolés est fixée par les unions régionales en tenant compte de leur implantation et de la géographie physique et humaine du territoire.
Les UL et les UR sont l'expression même du fédéralisme de la CNT au travers des activités exercées en commun par les syndicats au-delà de leur secteur ou de leur branche, dans la lutte de classe comme dans l'administration de la confédération.
Les UR reçoivent et agréent ou non les demandes d'adhésion de nouveaux syndicats dans la confédération et elles informent le plus prochain CCN de toute décision qu'elles prennent en cette matière. Les décisions des UR en matière d'adhésion sont soumises pour ratification au plus prochain congrès confédéral.
Les UR peuvent correspondre entre elles et avec les fédérations. A chaque CCN, le secrétaire confédéral donnera toutes indications utiles pour permettre ces relations.
Les UR doivent établir un compte-rendu d'activité à l'occasion de chaque réunion du CCN. Ces comptes-rendus doivent être communiqués aux autres UR et aux fédérations.
FÉDÉRATIONS
Art. 13 –
Les fédérations ont pour mission de coordonner interrégionalement l'action des syndicats adhérents. La création de chaque fédération et la détermination des branches professionnelles concernées sont de la compétence du congrès confédéral. Chaque fédération doit établir un compte-rendu d'activité à l'occasion de chaque réunion du CCN et du congrès confédéral. Ces comptes rendus doivent être communiqués aux unions régionales et aux autres fédérations existantes.
Elles ne peuvent se soustraire aux accords de congrès et ne peuvent intervenir en dehors de leur branche.
TITRE IV
CONGRÈS
Art. 14 –
Les syndicats se réunissent en congrès confédéral tous les deux ans.
Seuls les syndicats à jour de leurs cotisation ou dont le retard de cotisations n'excédera pas d'un an la dernière échéance pourront participer au congrès. Pour les syndicats dont le retard sera plus important, la décision reviendra au congrès.
La majorité des unions régionales ou le quart des syndicats adhérents à la CNT peuvent faire la demande d'un congrès confédéral extraordinaire. Dans ce cas, le secrétaire confédéral devra, dans le délai d'un mois, organiser un référendum sur cette question. Si la majorité absolue des syndicats accepte cette demande, le congrès sera réuni dans les trois mois suivant au plus. Seules les questions proposées lors de la demande de referendum pourront être inscrites à l'ordre du jour de ce congrès.
Les frais d'organisation des congrès confédéraux sont assurés par la caisse confédérale.
Tout adhérent de la CNT peut assister au congrès à titre d'observateur.
Art. 15 –
Le secrétaire confédéral avise les syndicats de la tenue du congrès, six mois au moins avant la date du dit congrès, et leur demande les questions à mettre à l'ordre du jour.
Le syndicat qui souhaite demander l'inscription d'une question à l'ordre du jour a deux mois pour faire parvenir sa proposition au secrétaire confédéral. Il établit lui-même le rapport sur cette question. Au cas où plusieurs syndicats auraient demandé l'inscription de la même question à l'ordre du jour, c'est le syndicat qui a fait la première demande qui est chargé du rapport.
Les mandatés confédéraux établissent un rapport moral et un rapport financier de leur mandat depuis le dernier congrès. Ils transmettent ces rapports à tous les syndicats.
Le secrétaire confédéral dresse l'ordre du jour d'après les réponses des syndicats. L'ordre du jour et les rapports des syndicats et des mandatés sont envoyés par le secrétaire confédéral à tous les syndicats, quatre mois avant la date du congrès.
Après la réception de l'ordre du jour et des rapports, chaque syndicat peut établir un contre-rapport sur les points de l'ordre du jour. Ces contre-rapports sont envoyés par le secrétaire confédéral à tous les syndicats, deux mois avant la date du congrès.
Art. 16 –
Le compte-rendu du congrès sera publié sous la respon-sabilité du secrétaire confédéral. Chaque syndicat, union locale, union régionale, fédération, en reçoit un exemplaire à la charge de la caisse confédérale.
Une copie des minutes, les rapports des éventuelles commissions, ainsi que les propositions déposées pour le congrès seront versées aux archives de la CNT. Elle doit être mise à la disposition des syndicats qui le demandent. Les frais d'expédition et de photocopie sont à la charge du demandeur.
Art. 17 –
Chaque syndicat représenté au congrès dispose d'une voix. Chaque délégation ne peut, en principe, représenter exceptionnel-lement que deux syndicats au maximum.
TITRE V
TRÉSORERIE
Art. 18 –
Les ressources de la confédération et de ses syndicats sont fournies par le montant de la carte confédérale et de prélèvements sur le timbre. Le timbre confédéral est unique. Sa répartition est ainsi faite :
1. le syndicat ;
2. l'union locale ;
3. l'union régionale ;
4. la fédération ;
5. la confédération.
La carte confédérale et les timbres sont obligatoires et doivent être délivrés par tous les syndicats à leurs adhérents.
Art. 19 –
Le prix de la carte et de la part confédérale sur le timbre sont fixés par décision du congrès confédéral. Le produit des achats de carte est intégralement versé à la caisse confédérale.
Art. 20 –
Le mécanisme de répartition du prix du timbre est le suivant : les unions locales font le relevé des besoins de timbres dans leur localité par syndicat ; elles adressent ce relevé aux unions régionales. Les unions régionales se les procurent auprès du trésorier confédéral et font la répartition suivant les demandes.
Pour la bonne marche des paiements des cotisations, les unions régionales délivreront à chaque commande un reçu et adresseront le cas échéant un état des cotisations qui les concernent aux fédérations d'industrie existantes. Les unions régionales adresseront au trésorier confédéral les parts concernant la confédération et les fédérations existantes.
Les unions régionales trouvent leurs ressources dans la part qu'elles prélèvent sur le timbre confédéral qu'elles vendent aux unions locales ou aux syndicats qui leur sont rattachés. Les unions locales font de même auprès de leurs syndicats. Les syndicats font de même auprès de leurs adhérents.
Les Fédérations ne prélèvent sur le produit de la vente du timbre qu'une part correspondante aux dépenses nécessitées par leurs travaux et leur activité générale.
Le trésorier confédéral transmettra aux Fédérations les ristournes leur revenant.
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Art. 21 –
La caisse de la CNT est confiée au trésorier confédéral qui en est responsable sous le contrôle du CCN.
Un compte-rendu financier sera fait à chaque CCN par le trésorier confédéral.
Il est constitué à chaque congrès une commission de plusieurs membres élue par le congrès parmi les délégués d'au moins 3 syndicats différents. Cette commission rend compte de ses observations avant de donner quitus au trésorier confédéral.
COMMISSION DE CONTROLE
Art. 22 –
Article supprimé par le trente-cinquième congrès (octobre 2015).
CAISSE DE SOLIDARITÉ
Art. 23 –
Article supprimé par le trente-cinquième congrès (octobre 2015).
CAISSE AIT
Art. 24 –
Article supprimé par le trente-cinquième congrès (octobre 2015).
TITRE VI
DISPOSITIONS DIVERSES
Art. 25 –
Tout conflit existant au sein de la CNT concernant les organismes suivants : syndicat, union locale, union régionale ou fédération peut être soumis au plus prochain CCN ordinaire (ou au CCN extraordinaire convoqué dans les conditions prévues à l'article 4), qui a pouvoir de décision provisoire, pouvant aller jusqu'à l'exclusion d'un syndicat, d'une union locale, d'une union régionale, d'une fédération. Le congrès seul peut se prononcer définitivement.
En cas de circonstances graves, le CCN peut décider la convocation d'un congrès extraordinaire.
L'organisme incriminé garde le droit de présenter directement sa défense. Soit au CCN, soit au congrès.
Tout conflit présenté au CCN ou au congrès devra être inscrit à l'ordre du jour.
Art. 26 –
Tout cas litigieux non prévu sera soumis à la plus prochaine réunion du CCN, et tranché selon l'esprit des présents statuts. La décision du CCN devra être ratifiée par la majorité absolue des syndicats.
SIÈGE
Art. 27 –
Le siège de la CNT est celui du secrétariat confédéral.
MODIFICATION DES STATUTS
Art. 28 –
Les présents statuts ne peuvent être modifiés que par un congrès confédéral, à condition que le texte des modifications ait été porté à la connaissance des syndicats trois mois à l'avance et six mois en ce qui concerne les articles 7, 8, 10 et 11.
DISSOLUTION
Art. 29 –
En cas de dissolution, la liquidation de l'actif social sera versée à une ou plusieurs organisations à but non lucratif désignées par le congrès de dissolution.
Agir au lieu d'élire
À nos dirigeants !
Vous êtes tranquillisés, car votre avis est plus important que le nôtre ?
Rassurés, parce qu’on vous laisse décider ?
Seulement, savez-vous que des « gens » n'ont plus de travail pour vivre et se sentir dignes,
qu’ils rognent sur leur loisir pour simplement avoir de quoi nourrir leur famille ?
Sans compter que nombreux sont encore celles et ceux qui, trop jeunes,
n’ont pas eu d’autre choix que de trimer pour survivre. Aussi, bien sûr que
nous ne sommes pas tous des intellos ou de beaux parleurs ; loin s’en faut.
Mais, en revanche, nous savons tous travailler et aimer, produire et créer,
apprendre et transmettre. Et malgré le mépris que vous nous témoignez,
vous êtes bien obligés d’admettre que sans nous, vous n’êtes plus grand chose !
NOUS SOMMES LES TRAVAILLEUSES - NOUS SOMMES LES TRAVAILLEURS
C'est nous qui plantons, fabriquons, réparons et livrons, soignons et éduquons...
C’est encore nous qui tombons en première ligne de vos sales guerres impérialistes.
Et vous, pendant ce temps, seule compte la capitalisation de vos privilèges.
Nous, « sans dents » - mais prêts à mordre ! -, ne sommes pas dupes.
Comment osez-vous appeler « souveraineté du peuple » cette mascarade ?
Nous savons bien que ce sont les rupins qui font les lois.
À quoi sert de voter puisque nos plaintes ne sont pas entendues ?
L’unique « droit » qui nous est accordé est celui de s’écraser,
« droit » que vous faites valoir à grands coups de matraque, de grenades et de flash-balls.
C’est pourquoi notre bulletin de vote est - et restera - un pavé !
Notre liberté doit s’exercer : au bureau, à l'atelier, au champ, dans la rue, dans une forêt du Tarn…
Jamais plus nous ne reviendrons aux urnes où vous enterrez nos illusions !
Et puis, si vous croyez vous en tirer grâce à vos partis NAZionalistes haineux et corrompus
vous vous mettez le doigt dans l’oeil. Rien désormais ne pourra plus vous protéger !
Vous constaterez que la situation n’est plus tenable. Vous ne perdez rien pour attendre !
Et ne nous dites pas d'aller voir ailleurs ! Nous savons que partout dans ce monde financiarisé votre
caste réalise toujours de plus gros bénéfices. La camelote se ressemble, seul l’emballage change !
L’État et le capitalisme nous tuent sans pitié. Notre environnement se meurt et
l’avenir se bouche. Les sommations d’usages ne sont pas respectées.
Voilà pourquoi nous optons pour un projet de société radicalement autre.
Nous en avons plus que marre de grappiller vos miettes et de recevoir des ordres !
Notre union est fondée sur la volonté commune de participer à l’autogestion de notre société.
Nous visons l’émancipation des rapports sociaux, la coopération égalitaire et libertaire
du travail basée sur les capacités physiques, intellectuelles et les goûts de chaque individu(e).
Notre exigence économique respecte le vivant tout en répondant aux besoins de chacun(e).
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Terminons-en avec l'exploitation de l'Homme par l'Homme !
Nous les seuls producteurs de richesse, NOUS les travailleuses et les travailleurs,
que ce soit en France comme partout ailleurs sur la planète, avons les mêmes intérêts.
Ne nous laissons pas berner par les réactions nationalistes et les replis communautaristes.
Réhabilitons sans plus tarder la lutte de classe sans frontières !
Vive la révolution sociale ! Vive les communes libres !
Vive l’autogestion ! Vive le fédéralisme !
Migrations
Les migrations et les guerres ne sont que des effets
d'un système politico-économique criminel !
Chaque fois qu'une guerre fait rage, il y a une migration humaine suite aux frappes d'opportunistes locaux à la recherche du pouvoir d'une part et, d'autre part, suite à des bombardements « chirurgicaux » dus aux soutiens intéressés d'« alliés » extérieurs.
Pour nous, la liberté pour quiconque de circuler et de s'installer sur terre devrait être inaliénable, contrairement à la liberté de circulation des marchandises. Le principe d'État-Nation foule aux pieds cette liberté première en érigeant des frontières-forteresses, qui garantissent aux sociétés égoïstes les plus avancées technologiquement le confort du néocolonialiste.
Cette migration forcée alimente, d'un côté, les voix nasillardes de l'extrême-droite vociférant un : « sus aux étrangers » et, de l'autre, la voix pleureuse de l'extrême gauche gémissant : « un toit pour les migrants ». Quant aux partis ouvernementaux qui « gèrent » le flot d'humains, ils mâchouillent les quotas, recrachant ainsi les migrants prétendument « économiques » pour satisfaire l'électeur lambda. Tout est bon pour s'assurer les voies du pouvoir !
Mais nous entendons aussi la voix graveleuse des patrons claironnant : « Ah ! que voilà de la main-d'oeuvre pas chère et sans droits ! ». Il ne faudrait pas oublier non plus les quelques travailleurs égarés, avec ou sans emploi, prolétaires sans conscience de classe, bafouillant un : « Mais, ils vont me piquer mon boulot ! » ou un : « Mais, il n'y a déjà pas assez de logements pour nous ! ».
La guerre et la migration forcée ne sont actuellement que des effets de l'organisation politico-économique (le capitalisme) des classes sociales dirigeantes. Et c'est bien cette organisation qui en est la cause véritable.
Nous proposons un autre projet, par une lutte sur le plan économique : un système fédératif avec pour base l'être humain, autogérant tant sa commune que son lieu de production. Nous sommes convaincus qu'une telle organisation, au niveau mondial, éviterait la concentration d'argent qui fabrique,entre autres, des armements génocidaires ; elle remplacerait la concurrence entre États par l'entraide entre humains.
Dans l'immédiat, mobilisons-nous !
Et par une
Grève générale internationale
Ouvrons les frontières et bloquons tous les transports d'armes !
Forçons les belligérants à s'asseoir autour d'une table pour faire cesser ces guerres !
Stratégie
L’anarchosyndicalisme :
un antifascisme radical et prévenu
Fascisme :Au sens large, le terme s’est étendu à tout mouvement politique ou organisation qui, pour son seul compte, s’appuie sur un pouvoir imposé par la force. Ce groupe dominant, à la tête d’un État dictatorial, gouverne par la répression en évacuant un à un les contre-pouvoirs. L’exaltation du sentiment nationaliste, la discrimination, la ségrégation et le contrôle de la société civile en sont ses principales caractéristiques. Le culte du chef et de la hiérarchie lui est indissociable et inculqué dès la prime enfance. Son économie centralisée se base sur un capitalisme sans concurrence, ploutocratique, agressif voire impérialiste, immodéré et triomphant. Car le fascisme, c’est ça ! Quand l’État montre son plus monstrueux visage en devenant absolu, contrôlant et dominant par la puissante armée de l’argent.
Notre société moderne, régentée par le capitalisme et la science, fait la part belle aux rapports de dominations/soumissions. Depuis les révolutions bourgeoises commencées au XVIème siècle, nous prenons part à une lutte opposant les intérêts des capitalistes (et de leurs sbires) à ceux des prolétaires. C’est à chacune de ces crises économiques et/ou des agitations sociales potentiellement révolutionnaires que la classe dominante peut se laisser tenter par le fascisme afin de sauver ses billes. Autant dire que la situation politique actuelle doit nous préparer au pire.
Face au ras-le-bol de la société civile de plus en plus défiante envers des élus peu représentatifs, les institutions républicaines accentuent la pression en montant les travailleurs les uns contre les autres, en opposant d’imaginaires bons citoyens au reste de la population. Diviser - et deviser - pour mieux régner ! Les bourgeois de tous bords défendent l’État-Nation, ainsi qu’un unique modèle économique responsable de crises endémiques et chroniques mettant à mal le lien social le plus élémentaire, où la vie même est mise à mort.
Liberté ? Égalité ? Fraternité ? La vie politique continue d’être régulièrement émaillée par des propos nauséabonds qui encouragent les sentiments de repli défensif et de peur de l’autre, un autre identifié comme étranger, certes, mais surtout et toujours pauvre. De la gauche à la droite extrême, la xénophobie
*
Le pouvoir utilise plutôt le terme « racisme », ce qui pervertit l’énoncé en focalisant sur les seules différences de langue et de culture et/ou d’apparence physique ; l’emploi du mot « xénophobie » est soigneusement évité, car il mettrait en cause l’idéologie nationaliste qu’implique l’État-Nation.
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sert d’alibi. Pour nous rafraîchir la mémoire, nous pouvons évoquer « […] le bruit et l’odeur […] » de Chirac, ou encore citer Rocard et son « Nous ne pouvons pas héberger toute la misère du monde […] » en passant par Marchais pour qui « […] il faut stopper l’immigration officielle et clandestine ». Le gouvernement actuel et son ministre de l’intérieur Valls ne sont pas en reste avec leur campagne acharnée contre les migrants d’Europe de l’Est, considérés comme ayant « des modes de vie extrêmement différents des nôtres […] évidemment en confrontation », tout en ajoutant qu’ils « ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie ». Faut-il encore illustrer cette malsaine surenchère par les violents discours du FN ou de certains responsables de l’UMP ?
Cette situation - où les démocraties parlementaires semblent incapables tant de promouvoir l’égale liberté de leurs administrés que d’en assurer leur dignité - a toujours profité aux fascismes qui, à l’instar de l’entre-deux-guerres, ont su montrer leur opportunisme en profitant du désarroi d’un peuple désabusé, désorienté et paraissant toujours plus aliéné à la société marchande. Aussi, prenons garde ! Outre une propagande omniprésente, spectaculaire et démagogique, les fascistes savent avancer à pas feutrés sous un masque d’innocence affable.
Alors, comment contrecarrer ce dessein funeste ? Pour éviter la manipulation et les coups tordus, nous voulons construire une organisation fondée sur un fédéralisme autogestionnaire sans frontières et mue par la démocratie directe. Cette exigence est inaliénable, non-négociable ! Les décisions doivent impérativement se prendre à la base.
La CNT-AIT met en œuvre dès à présent des principes de fonctionnement qui protègent de l’hégémonie, des abus et des privilèges, pour un futur libre et égalitaire, autrement dit, tendant vers le communisme libertaire.
C’est pourquoi, prévenus des expériences passées, nous refusons toute tractation et coalition avec des groupes politiques autoritaires. Nous tirons un enseignement de l’histoire et, par exemple, n’oublierons jamais comment en Espagne, au matin d’une révolution sociale pleine de promesses, une alliance « républicaine » antifasciste
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Alliance conclue entre partisans de la droite humaniste, sociaux-démocrates, communistes et anarchistes.
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conclue dès 1936 vira carrément à la trahison macabre ; la logique de guerre militarisée est venue à bout des audacieuses réalisations révolutionnaires menées essentiellement à bien par les anarchistes. Cependant, forts de notre indépendance, nous participerons à toutes luttes que nous jugerons nécessaires à l’avancée de nos idées.
Notre antifascisme est révolutionnaire. Nous plaçons l’État et le capitalisme au cœur même de l’analyse du processus de fascisation. Aussi, nous invitons celles et ceux qui le désirent à nous rejoindre afin d’unir nos forces dans la lutte pour, ensemble, faire vivre l’utopie…
* Le pouvoir utilise plutôt le terme « racisme », ce qui pervertit l’énoncé en focalisant sur les seules différences de langue et de culture et/ou d’apparence physique ; l’emploi du mot « xénophobie » est soigneusement évité, car il mettrait en cause l’idéologie nationaliste qu’implique l’État-Nation.
** Alliance conclue entre partisans de la droite humaniste, sociaux-démocrates, communistes et anarchistes.
Impérialisme
Décolonisation ?
L'armée française toujours en Afrique
S’il faut choisir un camp, c’est dans celui d’une population dominée et victime de violences que nous sommes. En effet, elle est prise en otage entre des bandes de religieux armés et une armée française qui ne représente que la volonté d’une classe exploiteuse ; celle-ci s’exprimant dans sa forme par la démocratie représentative et dans ses intérêts par sa cohorte de chefs d’entreprise. Une union sacrée qui permet encore une fois de réduire notre espace de liberté en contrôlant le discours médiatique et en renforçant le plan Vigipirate.
Au sud rien de nouveau
En juin 1830, l’armée française posait le pied sur le continent africain en Algérie, le gouvernement du prince Jules de Polignac espérait consolider l’influence de la classe dominante française dans le bassin occidental et méditerranéen, par l’ouverture de marchés et de débouchés au commerce et à l’industrie naissante. Une brillante victoire à l’extérieur permettrait de juguler une opposition intérieure dont rêvait l’ultra-monarchiste au pouvoir Charles X
1
Benjamin Stora, Histoire de l’Algérie coloniale 1830-1954,
La Découverte, 1991, collection Repères, p.16..
Sous les décombres de l’empire ottoman, l’aventure coloniale commençait ainsi que la guerre d’Algérie …
1962, fin de la guerre d’Algérie : si les colons se retirent, l’armée française reste présente de façon permanente sur le territoire africain et signe le début de quelque 50 années de néocolonialisme. La politique africaine de la France relève en effet sous la Ve République de ce qu'il est convenu d’appeler le « domaine réservé » du président de la République. Ce fonctionnement monarchique ne découle pas de la Constitution, mais simplement de l’usage imposé par l’ineffable De Gaulle et maintenu par ses non moins indicibles successeurs
2
Raphaël Granvaud, Que fait l’armée française en Afrique ?
Agone, 2009, p.399..
Le Mali
L’intervention de notre Scipion l’Africain à l’appel illégitime du potentat local fleure bon l’arnaque. Le gouvernement algérien avait pourtant réussi à amener les deux principaux protagonistes du mouvement national touareg Ansar Eddine et le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) – aux revendications territoriales dans le nord du Mali entre autres – à trouver un accord en vue de négocier une solution politique avec le gouvernement de Bamako. Le MNLA et Ansar Eddine ont signé fin décembre 2012 à Alger un accord dans lequel ils s’engagent à « s’abstenir de toute action susceptible d’engendrer une situation de confrontation et toute forme d’hostilité dans la zone qu’ils contrôlent » et ont également promis d’agir dans le sens de la libération de tous les otages en captivité dans la zone concernée et de sécuriser les zones sous leur contrôle. La coordination des positions et autres actions dans toute démarche visant la recherche d’une solution politique avec Bamako figure également parmi les engagements cosignés par les deux mouvements armés
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Mais sous la pression française, le gouvernement malien a ignoré ces bons offices et a continué en secret à préparer l’offensive armée planifiée entre l’été et l’automne 2012 comme en témoignent le recrutement tous azimuts et l’entraînement de mercenaires de tous les coins d’Afrique, étant entendu que les 3000 hommes de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) n’allaient pas suffire à déloger les mouvements touaregs de leurs positions.
Lutte contre l’intégrisme religieux, ils nous ont dit ! Pourtant la bande à Sarkoflic qui n’a pas hésité à armer et soutenir les djihadistes en Libye et en Syrie passe le relais à la bande à Scipion qui, lui aussi n’hésite pas aujourd’hui à soutenir les djihadistes en Syrie. Ce dernier se découvre subitement une âme laïque et démocratique au Mali ! La laïcité ici n’est qu’un cache-sexe servant à dissimuler de sordides desseins stratégiques et économiques.
Le gouvernement français intervient car il y au Mali, et juste à coté au Niger des mines d’uranium, d’or, d’argent et de terres rares. Bien sûr les médias sont toujours discrets sur les enjeux énergétiques et économiques… Pensez donc, que dirait l’opinion publique si notre Scipion nous racontait qu’on va au Mali pour s’assurer le contrôle des ressources en uranium pour alimenter nos vieilles centrales nucléaires pourries, les derniers vestiges d’une prétention scientifique et d’un dogme quasi religieux de Bouygues, Areva... et de leurs sbires, qu’ils soient politiciens ou pseudo- scientifiques.
S’il existe un avenir radieux...
Si les entreprises françaises n’occupent plus le terrain africain, d’autre le feront. Les États-nations c’est la concurrence et pour éviter d’en venir aux mains, il faut y installer des armées bien fortes et des États-nations stables, c'est ce que se disent nos gouvernants.
Le processus RECAMP
4Cliquer pour afficher la page Web :
lafrique.free.fr/a-f/199910ra.htm,
qui prévoyait le départ des troupes françaises en autonomisant les pays de la Françafric à coup d’instructeurs militaires, se voit « détourné » de son but en augmentant ses contingents, du fait de la suprématie du maître envers ses élèves. Les armées africaines ainsi constituées alimentent les gardes prétoriennes des petits dictateurs à la solde des intérêts de l’ordonnateur politico-économique français. Ces dictateurs, générant à leur tour des forces rebelles, appellent à la rescousse leur père nourricier qui a une longue expérience des tactiques de guerre dite « révolutionnaire » 5
Guerre contre-insurrectionnelle : pratique de la torture, du dé-
placement des populations, de rafles, de camps de détention,
de perquisitions nocturnes, de viols... il s’agit de frapper les es-
prits, d’exercer une action paralysante, de dissuader les popula-
tions de rejoindre les insurgés.(cf. note 2, p.26)
depuis l’Indochine (1946-1954).
Le problème africain résulte de l’organisation sociale capitaliste et non d'une prétendue « incapacité congénitale africaine » à passer à l’âge adulte.
Travaillons à mettre en place un fédéralisme mondial basé sur l’individu – principes de non-exploitation de l’homme par l’homme, d'entraide, de justice sociale, de liberté... – avec cet outil qu’est l’anarchosyndicalisme.
1- Benjamin Stora, Histoire de l’Algérie coloniale 1830-1954, La Découverte, 1991, collection Repères, p.16.
2- Raphaël Granvaud, Que fait l’armée française en Afrique ? Agone, 2009, p.399.
3- http://www.algerie1.com/actualite/medelci-laccord-entre-le-mnla-et-ansar-eddine-est-un-pas-tres-encourageant/
4- http://lafrique.free.fr/a-f/199910ra.htm
5- Guerre contre-insurrectionnelle : pratique de la torture, du déplacement des populations, de rafles, de camps de détention, de perquisitions nocturnes, de viols... il s’agit de frapper les esprits, d’exercer une action paralysante, de dissuader les populations de rejoindre les insurgés.(cf. note 2, p.26)
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