Syndicat Intercorporatif de l'Essonne
Société industrielle technologique

« L'industrie nucléaire est étroitement liée à l'utilisation militaire. Elle suppose un monde stable, hiérarchisé, discipliné dans lequel tout s'exécuterait parfaitement (maintenance et fiabilité du matériel), sans actes ou changements brutaux aléatoires (économiques, politiques, religieux, climatiques, etc.). Comme chacun sait, ce monde n'est pas le nôtre et nous avons toutes les raisons de nous inquiéter des effets de cet antagonisme.
Pour nous, le nucléaire n'est pas une source d'énergie, une histoire de pollution ou de rentabilité comme les autres. L'intérêt de cette énergie va bien au-delà d'un besoin de production d'énergie centralisée pour l'industrie. Par la menace énorme qu'elle représente et les conditionnements humains qu'elle engendre (esprit de résignation, d'adhésion, de cogestion au système), la technologie nucléaire, qu'elle soit civile ou militaire, est plus dissuasive qu'aucun programme politique d'endoctrinement. Elle se révèle en fin de compte la meilleure camisole sociale que l'État industriel capitaliste ait inventée. Est-ce un hasard si le développement du programme électronucléaire français, vanté pacifique, s'est effectué peu de temps après mai 68 ?
Aujourd'hui la population est comme indifférente face à ce problème. L'opposition est comme asphyxiée faute de combattants. La raison en est certainement que l'ampleur de ce danger est tellement insupportable à affronter que l'individu préfère s'aveugler pour tenter de refouler l'angoisse et continuer à vivre. A notre avis cette capitulation a conduit à beaucoup d'autres résignations ou démissions.
Les industries nucléaire et chimique sont le produit d'une vision scientiste et réductionniste de la vie et ne se limitent pas aux raisons de leur utilisation, elles engendrent en retour un monde maladif et inhumain. La génétique trouve dans cet état de fait sa raison d'être : essayer de réparer, de limiter les dégâts techno-industriels, d'adapter les êtres vivants à ces nouvelles conditions morbides. Bien entendu cette nouvelle technologie nous ouvre la voie à de nouveaux dangers !
Dans cet engrenage mortifère, l'individu isolé, impuissant, est dépossédé de toute autonomie, de toute emprise sur ses moyens d'existence, de contrôle sur quoique ce soit d'essentiel. Il ne peut que devenir l'instrument de sa propre déchéance, de sa servitude involontaire, un citoyen rivé à l'État protecteur, à cet État incontournable dans la gestion des catastrophes.
C'est pour ces raisons et pour qu'un projet de société libre, autonome et autogérée soit possible que nous devons exiger une sortie immédiate du nucléaire. »