Comme dans le harcèlement sexuel, le but visé par le harceleur moral est la soumission, sans condition, du harcelé. Cette pratique génère de graves perturbations physique et psychologique chez la victime qui, peu à peu perd toutes ses capacités de résistance, et finit par se rendre aux exigences de son harceleur.
Les procédés pervers sont des procédés qui engendrent du stress et de l'angoisse puisque rien n'est nommé par l'agresseur qui puisse expliquer les raisons de son attitude. Les victimes cherchent des explications logiques, alors que le processus est autonome, qu'il n'a plus rien à voir avec elles. Elles disent souvent que ce qui fait naître l'angoisse, ce ne sont pas tant les agressions franches, auxquelles elles pourraient répliquer, que les situations où elles ne sont pas sûres de ne pas être en partie responsables.
Elles répondent en vain par des réponses inadaptées qui aggravent la violence et qui entraînent une usure, puis un dysfonctionnement neurovégétatif.
Elles sont en même temps comme anesthésiées et ne sont évidemment pas au maximum de leurs possibilités intellectuelles...
Comme ces pressions se poursuivent sur de longues périodes (des mois, parfois des années), la résistance de l'organisme s'épuise, il ne peut plus éviter l'émergence d'une anxiété chronique avec un état d'appréhension et d'anticipation permanent.
Ce n'est en général qu'au stade de la décompensation que les victimes de harcèlement moral commencent à chercher de l'aide.
D'une façon étonnante, à ce stade, lorsque la médecine du travail reçoit des salariés harcelés sur leur lieu de travail et qu'elle leur propose un arrêt de travail il est rare qu'elles l'acceptent au motif qu'elles pensent alors que la situation ne ferait qu'empirer à leur retour.
La décompensation peut se faire:
1) sur un mode psychosomatique ce qui ne peut s'exprimer verbalement est joué à travers le corps (crise de colite aiguë nécessitant parfois une opération, ulcères à l'estomac, maladies de peau, crise d'hypertension artérielle, etc...). On voit des victimes prendre 10 à 30 kg ou maigrir de façon anormale qui les affaiblit exprimant ainsi à travers leur corps une atteinte psychique dont elles ne prennent pas conscience. Les troubles psychosomatiques ne résultent pas uniquement de l'agression, mais surtout du fait que les sujets sont dans l'incapacité de réagir puisque, quoi qu'ils fassent ils ont tort et que, quoi qu'ils fassent ils sont coupables.
2) par des états dépressifs majeurs pouvant amener au suicide.
3) sur un mode comportemental caractériel chez des sujets plus impulsifs, la décompensation peut se faire par des passages à l'acte violent. Ces réponses résultent directement de la provocation perverse. Elles sont des tentatives vaines de se faire entendre. Ce peut être la crise de nerfs en public ou bien le passage à l'acte agressif à l'encontre de l'agres.
Les femmes demandent de l'aide plus souvent que les hommes, mais les hommes se suicident plus que les femmes. Cette réalité rejoint celle de la dépression dans la population en général.
On peut penser qu'il est plus difficile pour un homme que pour une femme d'avouer qu'il est victime de harcèlement, parce que cela ne cor respond pas à l'attitude " virile " qu'on demande aux hommes d'adopter.