La Charte d’Amiens
Article 2, constitutif de la CGT,
modifié par le IXe Congrès de la Confédération
,Amiens, du 8 au 16 octobre 1906
Le Congrès confédéral d'Amiens confirme l'article 2, constitutif de la
CGT. La CGT groupe, en dehors de toute
école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la
disparition du salariat et du patronat… ;
Le Congrès considère que cette déclaration est une reconnaissance de la
lutte de classe, qui oppose sur le terrain économique, les travailleurs en
révolte contre toutes les formes d'exploitation et d'oppression, tant
matérielles que morales, mises en œuvre par la classe capitaliste contre la
classe ouvrière ;
Le Congrès précise, par les points suivants, cette affirmation théorique :
Dans l'œuvre revendicatrice quotidienne, le syndicalisme poursuit la
coordination des efforts ouvriers, l'accroissement du mieux-être des
travailleurs par la réalisation d'améliorations immédiates, telles que la
diminution des heures de travail, l'augmentation des salaires, etc. Mais cette
besogne n'est qu'un côté de l'œuvre du syndicalisme ; il prépare l'émancipation
intégrale, qui ne peut se réaliser que par l'expropriation capitaliste ; il
préconise comme moyen d'action la grève générale et il considère que le syndicat,
aujourd'hui groupement de résistance, sera, dans l'avenir, le groupe de
production et de répartition, base de réorganisation sociale ;
Le Congrès déclare que cette double besogne, quotidienne et d'avenir,
découle de la situation des salariés qui pèse sur la classe ouvrière et qui
fait, à tous les travailleurs, quelles que soient leurs opinions ou leurs
tendances politiques ou philosophiques, un devoir d'appartenir au groupement
essentiel qu'est le syndicat ;
Comme conséquence, en ce qui concerne les individus, le Congrès affirme
l'entière liberté pour le syndiqué, de participer, en dehors du groupement
corporatif, à telles formes de lutte correspondant à sa conception
philosophique ou politique, se bornant à lui demander, en réciprocité, de ne
pas introduire dans le syndicat les opinions qu'il professe au dehors ;
En ce qui concerne les organisations, le Congrès déclare qu'afin que le
syndicalisme atteigne son maximum d'effet, l'action économique doit s'exercer
directement contre le patronat, les organisations confédérées n'ayant pas, en
tant que groupements syndicaux, à se préoccuper des partis et des sectes qui,
en dehors et à côté, peuvent poursuivre en toute liberté la transformation
sociale.