Ah qu'il était beau, le temps des colonies !

Après la loi de février 2005 visant à revaloriser le passé colonial de la France, voici qu'il est question d'ouvrir à Montpellier un musée de l'histoire de la France en Algérie (1830-1962), dans un hôtel particulier du centre ville, sur près de 2500 m2. Ce sera « le seul musée en France entièrement consacré à la présence française en Algérie » 1 .
Ce projet, adopté en février 2003 par le conseil municipal, annonce-t-on, sous la magistrature de G. Frêche et mis depuis en attente par le nouveau maire Hélène Mandroux, a été ressorti des cartons et pris en charge financièrement par l'agglomération de Montpellier et la région Languedoc-Roussillon qui ont pour président… G. Frêche.
Il est vrai que la ville compte une forte communauté de rapatriés dont certains jouent de leur influence économique et électorale.
Le musée aura pour « point de vue historique la création d'une colonie de peuplement intégrée à la France » 2. Pour Roland Dessy, président de la Maison des rapatriés : « Ce sera celui de l'œuvre de la France en Algérie, un musée franco-français. » 3 Georges Frêche précise : « Il s'agit de faire un musée de la France en Algérie et pas un musée sur la guerre d'Algérie ou l'Algérie coloniale.[…] On va rendre hommage à ce que les Français ont fait là-bas » 3 Dis, monsieur, c'est quoi la différence entre la France en Algérie et l'Algérie coloniale ? À bien comprendre ces deux-là, on va pudiquement taire ce qui dérange, par exemple que la conquête de l'Algérie n'a eu d'autre motivation qu'effacer la dette française auprès du dey d'Alger et s'emparer de son trésor. À la trappe, les horreurs des guerres coloniales et de l'assujettissement des populations !
Si certains ne sont pas d'accord, notamment des universitaires ne voulant pas cautionner une telle entreprise, Georges Frêche leur répond : « Rien à foutre des commentaires des universitaires trous du cul. On les sifflera quand on les sollicitera » 3. Les universitaires apprécieront, les Algériens aussi. Et les Français d'origine maghrébine apprécieront de leur coté cette nouvelle spoliation de leur histoire, ce nouveau témoignage de l'assimilation « républicaine » au pas cadencé.


1 - Montpellier notre ville, journal municipal d’informations, juin 2005
2 - Septimanie, journal du Conseil régional du Languedoc-Roussillon, juin 2005
3 - Midi Libre, 16 novembre 2005