Ils ont
voté… et puis après !
Ah la belle manif du 1er Mai qu’on
a eue, cette année !
On était jeune, on était fou, on allait
anéantir l’hydre fasciste avec un bulletin de vote. Il en allait de la
république, de la démocratie, de la survie de la France !
La vieille mobilisation
syndicale rappelant les luttes pour la journée de 8 heures de 1886 et le
martyre des pendus de Chicago s’est métamorphosée en rassemblement ramasse-voix
pour un candidat à la présidentielle, aux accents de la Marseillaise. Comment
est-on tombé si bas ?
Le danger Le Pen c’était celui d’un pouvoir
raciste, répressif, sécuritaire. Au nom de quoi les partis de gauche ont jeté
dans la rue des milliers de jeunes – et de moins jeunes – mobilisés contre le
fascisme. Manipulateurs et manipulés.
Manipulatrice, cette gauche
sortie la queue basse du premier tour des présidentielles, qui s’offre une
respectabilité républicaine pour sauver la face.
Manipulée, cette jeunesse à
qui on désigne le tronc pourri du représentant patenté du fascisme national
pour cacher la forêt nauséabonde du fascisme rampant au sein de la société.
Bilan des courses : 82
% de vote Chirac. Et maintenant ?
Le pays des merveilles,
l’autre coté du miroir du consensus républicain nous préserve-t-il désormais du
délire sécuritaire qui fait le lit de l’extrême droite ? Il suffit de
lister les mesures prises ou annoncées par le gouvernement Raffarin et le
commissaire Sarkozy :
·
Création
d’une police régionale pour la sécurité des transports en Ile-de-France (200
flics et 400 à venir).
·
Création
d’un conseil de sécurité intérieur (CSI) sous l’autorité du président de la
république.
·
Mise
en place de 28 groupements d’intervention régionaux (GIR).
·
Mise
en place de groupements opérationnels de soutien.
·
Mise
de la gendarmerie sous tutelle du ministère de l’intérieur, de la sécurité
intérieure et des libertés locales.
·
Renforcement
de l’armement des policiers dans les quartiers dits difficiles avec
autorisation d’utilisation des flash-balls.
·
Loi
de programmation :
- Recrutement de fonctionnaires de justice,
de magistrats, d’éducateurs, de surveillants de prisons, de personnels de
soutien juridique aux magistrats.
- Création de centres fermés pour mineurs
délinquants, réforme de l’ordonnance de 45 sur la délinquance des mineurs.
- Construction de nouvelles prisons.
- Création de conseils locaux de sécurité.
- éventuelle
révision de la loi sur la présomption d’innocence.
Dans un grand silence d’anesthésie générale à
82 %, passent des mesures que ne désavouerait pas Le Pen. Personne dans les
rues pour dénoncer ces glissements progressifs vers un régime de plus en plus
policier. Personne dans les entreprises, les quartiers, les facs, les lycées
pour s’organiser contre cette montée du fascisme.
Aujourd’hui, on nous appelle
à de nouvelles élections qui seront aussi inefficaces que les présidentielles
pour modifier de quelque façon l’escalade actuelle. Le vote nous dépouille de
notre capacité d’agir directement sur la société. C’est le vote qui a amené au
pouvoir Hitler comme Mussolini.
Au contraire nous
devons nous organiser sur une base de classe, pour lutter contre le capitalisme
auquel on doit ce système d’exploitation et d’inégalités où prospère le
fascisme.