L’insécurité
L’insécurité, voilà le
maître mot des élections, voilà le sujet dont les Français seraient le plus
préoccupés dans leur quotidien. Droite, gauche, centre, tous
s’accordent sur le sujet : plus de flics, plus de surveillance vidéo, plus
de juges, plus de prisons. Flics pour quoi faire ? Prisons pour qui ?
Car jamais le crime n’a autant menacé nos existences
et jamais les criminels ne sont restés aussi impunis.
Il y a tous ceux qui
détournent des millions qui ne leur appartiennent pas vers le fond de leur poche.
Il y a tous ceux qui, pour leur seul profit, flexibilisent leur main-d’œuvre,
délocalisent leur production, s’asseyent sur la dignité de leurs employés et
sur les normes de sécurité les plus élémentaires, faisant couler des
pétroliers et exploser des usines près des centres-ville, ces riches qui
rackettent les pauvres. Il y a ceux qui expérimentent dans leurs laboratoires
secrets des formules magiques qui chaque jour nous rendent davantage dépendants
d’une existence morbide et qui nous forcent à accepter l’inacceptable :
nucléaire, pollution industrielle, vache folle, génétique, commercialisation du
vivant et tout ce qu’on est prêt à nous servir, sous prétexte de nous servir.
La liste de tous ces
dangereux et nuisibles qui nous menacent n’est pas close, mais rassurez-vous,
gentils électeurs, les politiques semblent avoir trouvé des méthodes
infaillibles pour ramener la sécurité et la civilité dans notre monde :
construire un commissariat juste au bas de votre rue qu’ils rempliront de
policiers devenus seuls représentants de l’état de droit, toujours mieux formés
pour lutter contre les principales nuisances de la vie moderne : le vol de
portables et les incivilités verbales de ceux qui n’ont même plus le droit de
se réunir entre eux dans leur cage d’escalier.
Il n’y a pas de hasard. La focalisation de nos
bien-aimés hommes politiques sur les voleurs de poule et les taggueurs ne
signifiera jamais que ceci :
- leur incapacité à résoudre les vrais problèmes de
notre temps,
- leur complicité dans les destructions et les
nuisances qu’on nous fait subir,
- leur volonté de nous laisser dans l’ignorance et
l’impuissance, de nous enfermer dans une société qui nous stigmatise comme
délinquants, qui nous rend fous et criminalise les plus faibles.
Ne nous trompons pas de lutte !
La réelle insécurité, c’est
l’État et le capitalisme.
Contre tous ceux qui nous
enferment dans les cités, les entreprises, les prisons, les hôpitaux
psychiatriques, construisons la solidarité par des moyens anti-autoritaires.
Spoliés de toutes les richesses que nous produisons, regroupons-nous pour que nos quartiers ne soient plus des espaces où règnent le désœuvrement et l’ennui, sources d’agressivité contre les objets, contre les personnes, contre soi-même, mais deviennent un lieu où nous investir et où créer joyeusement. C’est avec les outils forgés par cette créativité et cette solidarité que nous détruirons tous les systèmes qui nous oppriment, l’État, le capitalisme et tous leurs sbires.