Nous ne
sommes pas contre le vote comme moyen,
nous
sommes contre les élections comme système
Les élections arrivent, nombreuses. Les médias, les politiques, les
« citoyens » se mobilisent. Après avoir servi à faire élire la droite
dure, l’extrême droite va-t-elle servir à refaire une virginité à la droite
molle qui se dit socialiste ? On entend beaucoup de critiques quand on
refuse de voter, surtout avec le FN qui tourne comme une grosse mouche autour
du seau à merde politique. Ce n’est pas ce qui doit nous (r)amener aux urnes.
L’anarchosyndicalisme et les élections
Anarchosyndicalistes,
nous nous sommes organisés pour dénoncer le système capitaliste et mettre en
pratique l’auto-organisation, fondée sur l’union des exploités (travailleurs,
chômeurs, étudiants, retraités), leur solidarité et le partage du pouvoir de
décision à partir de la base. C’est pourquoi nous refusons la délégation de
pouvoir conçue comme un chèque en blanc, parce que nous savons que tout pouvoir
corrompt : le nouvel élu apprend vite le « réalisme politique »
et les privilèges dont il bénéficie lui donnent vite l’idée d’un mandat
éternellement reconductible. Nous pratiquons l’abstention active, par un
travail sur les idées, notamment sur ce préjugé que le vote serait un obstacle
à l’émergence des régimes totalitaires, alors que c’est bien ceux qui votent
qui font passer ces régimes.
Réformes ou
révolution ?
Nous sommes conscients que la
société ne se réforme pas : on ne passe pas d’un système capitaliste, donc
autoritaire, à l’auto-organisation, donc au partage de la production et des
richesses, par des réformes, qui, par définition, doivent être acceptées par le
pouvoir en place. Un tel changement ne peut être obtenu que par une révolution,
pas par des élections. Les élections sont au mieux la voie de la réforme, au
pire la voie d’aucun changement. Même réformé, le système capitaliste sera
toujours le système capitaliste. Au mieux, serait-il un peu moins choquant sous
nos latitudes, les pauvres des pays riches se partageant des miettes un peu
plus grosses. Aller voter revient à faire semblant de croire à ces fausses
promesses de changement. Quelle logique y aurait-il à voter pour qui que ce
soit, quand on pratique le fédéralisme libertaire et qu’on rejette la
démocratie représentative ?
D’abord, c’est quoi la démocratie ?
Pour nous, la démocratie, c’est cette
mère de famille qui pique les jouets de Noël dont ses gosses rêvaient ;
c’est Simon qui s’en va d’Israël pour ne pas faire le service militaire et tuer
ses frères au coin d’une rue ; c’est Gérard, employé dans un hôtel de
Roissy, qui refuse d’aménager des chambres pour que les flics y stockent les
sans-papiers en attente d’expulsion ; c’est Alice quand elle crache à la
gueule du délégué CFDT de sa boîte lorsqu’il signe l’accord sur les 35 heures
(la flexibilité). La démocratie, la vraie, ce sont tous ceux et celles qui
refusent ce système, tous ces exploités qui s’entraident et résistent tant
qu’ils peuvent à ce monde infâme qui leur parle de justice et de droit, et
organise la privation comme la surconsommation.