Vous avez dit grève générale ?

Si la réduction du temps de travail a toujours été une revendication constante de la classe ouvrière, on peut noter que, depuis le passage à 39h hebdo, on n'en parlait plus trop. Puis ce furent des politiciens et des patrons qui, par médias interposés, remirent la question à l'ordre du jour. Méfiance !
Les années 80 ont vu le chômage progresser de manière catastrophique. La gauche au pouvoir a permis cette mutation du capitalisme, en distillant ici ou là des promesses sans lendemain et des mesures à vertu soporifique, comme le RMI. Résultat : 5 millions de chômeurs, des SDF, de la misère... et des patrons qui se gavent de bénefs, merci pour eux. Certains osent – maintenant que leur temps est révolu – venir s'indigner.
Dans les années 90, nouvelle mutation économique. Nouvelle crise, pour nous. L’âge du robot-mangeur d'emplois est fini ; les marges bénéficiaires se jouent maintenant sur l'adaptation de l'outil à la demande, du service à la demande. Bienvenue dans l'ère du « flux tendu » et du « stock zéro », de matériel comme de main d'œuvre.
L'époque bénie arrive, où l'on demande au travailleur la même disponibilité que la machine. Dans la fonction publique, on emprunte au privé le « Il faut être rentable », « Il faut vendre », et l'usager devient un «client»! 100% du temps travaillé doit devenir 100% de temps productif, d'où la multiplication du temps partiel. Deux travailleurs à temps partiels sont plus productifs qu'un travailleur à plein temps (fatigue, etc..), et le salaire devient partiel lui aussi ! N'oublions pas la précarisation d'une partie des travailleurs (multiplication des CES, vacataires, stagiaires et autres objecteurs de conscience) qui va de pair avec la politique de privatisation et de suppression de postes. Aucune revendication n'est légitime, si elle ne tient pas compte de cette réalité. Comment peut-on quémander des améliorations de nos conditions de travail, des améliorations salariales, si on laisse une partie du corps social sombrer dans la flexibilité et la précarité. A travail égal, statut égal !
Prochaine étape : l'annualisation du temps de travail. Si nous ne la refusons pas avec la plus grande fermeté, nos vies (temps libre et temps travaillé) dépendront entièrement des objectifs fixés par une économie et une politique générant chaque jour un peu plus d'exclusion. Avec l'annualisation du temps de travail, c'est la refonte du droit du travail au seul profit du capitalisme, qui s'annonce.
La grève de 24h du 10 octobre n'est qu'un acte symbolique de plus, qui ne va pas changer grand-chose à tout ça. Certains iront négocier dans les ministères en utilisant le ras-le-bol qui nous pousse dans la rue. Mais sommes-nous heureux de ce qui se négocie pour nous depuis des années.
Appelons les choses par leur nom. La Grève Générale est une action révolutionnaire qui a pour but la réappropriation économique de la société, marquant la mort de l'État, du capitalisme, de la société de classes et du salariat.
Nous en sommes loin. C'est pourquoi les anarchistes appellent dés maintenant chacun et chacune à réinvestir le terrain social, à élaborer dans les quartiers comme sur les lieux de travail un projet politique et social affirmant que le partage du travail ne peut aller qu'avec la répartition égalitaire des richesses. Retrouvons notre dignité et notre liberté, redevenons des acteurs sociaux.

L'ANARCHO-SYNDICALISME : UN ANARCHISME SOCIAL

Syndicat Intercorporatif de l'Hérault.