Quand la Bourse danse sur le dos des morts !

 

Les séismes et les tsunamis en Asie du Sud-Est ont tué des dizaines de milliers de personnes. Mais les Bourses d'Indonésie et d'Inde battent des records. Pour les investisseurs, le chiffre clé n'a pas été le bilan humain : le monde des affaires s'est surtout penché sur des études constatant que les compagnies d'assurances étrangères, sortaient quasiment indemnes des vagues meurtrières.

« Il est évident qu'avec de si importantes pertes en vies humaines, il faudra beaucoup de temps pour nettoyer les débris, enterrer les morts et retrouver les disparus. Mais ce n'est pas nécessairement un si grand événement en termes économiques », remarque Eddie Wong, analyste en chef pour l'Asie à la banque ABM Amro. « Les dommages subis par les bons hôtels ne semblent pas graves et il y a aussi des gagnants en termes économiques, tels que les producteurs de ciment ».

En Indonésie, les cadavres qui s'entassent sont sans grande conséquence pour l'économie mondiale. Les ressources les plus importantes sont le pétrole et le gaz, sur lesquels aucun dégât n'a été constaté. La Bourse de Jakarta a atteint de nouveaux records à la hausse. En Inde la Bourse de Bombay a enregistrée une légère hausse. Les marchés occidentaux ont ignoré la catastrophe : Wall Street a terminé à son plus haut niveau depuis trois ans et demi.

Le capital, véritable fossoyeur de l'humanité, démontre ses capacités de nuisance en faisant fi des pertes humaines au profit des actionnaires. Une fois de plus, ce qui se passe au Sud n'a pas beaucoup de valeur pour les boursicotiers du Nord, l'argent ayant plus de valeur et d'intérêt que les habitants du tiers-monde, pourtant bien utiles au développement des économies nordistes. Mais que les gros rentiers du capital international se rassurent, une fois que les médias auront trouvé d'autres sujets de dissertation, le tourisme sexuel ainsi que l'exploitation néo-libérale pourront reprendre le cours de leurs activités en toute impunité.

 

Mescal, syndicat intercorporatif de Rennes

(Le Combat syndicaliste CNT-AIT – pages confédérales – janvier/février/mars 2005 n° 197) Imprimer