Solidarité internationale
à l'issue d'une
manifestation internationale contre le sommet de l'Union européenne à
Thessalonique (Grèce) en juin 2003, des militants ont été arrêtés dans des
conditions pour le moins « extraordinaires ». Des vidéos tournées par les
manifestants ont ainsi permis d'établir que la police n'avait pas hésité à
substituer au sac d'un manifestant un autre sac rempli de cocktails molotov,
pour ensuite l'inculper de désordre à l'ordre public et détention
d'explosifs...
Les 7 compagnons encore sous le coup d'une procédure judiciaire devaient passer en procès le 13 janvier en Grèce, mais celui-ci a été reporté au 10 octobre 2005, en raison de l’absence de 4 d’entre eux. 9 autres manifestants devront répondre d’accusations criminelles, mais la cour n’a pas prévu de date pour leur procès.
Le
8 janvier, une journée internationale de solidarité avec les inculpés a été
organisée. à Paris, le rendez-vous était donné à 15 heures le 8 janvier devant
l'ambassade de Grèce.
Différentes
actions de solidarité ont eu lieu en Europe : Espagne (CNT-E à Madrid et
Guadalajara, groupe Nestor Makno de la FAI et groupe anarchiste Arriacense à
Guadalajara) ; Grande-Bretagne (Wombles à Londres) ; Pologne (Anarchist Black
Cross à Varsovie) ; Belgique (Anarchist Black Cross) ; Pays-Bas.
En Grèce, une marche de
solidarité et un rassemblement devant le palais de justice ont eu lieu à
l’appel de le Mouvement Antiautoritaire à Thessalonique ; le même Mouvement
organisait un rassemblement à Patra ; à Sparte, des anarchistes ont
distribué des tracts dans la ville.
Liberté
immédiate pour les prisonniers de Thessalonique arrêtés au cours des
mobilisations anti-mondialisation durant le sommet des chefs d'État européens à
Thessalonique (Grèce), le 21 juin 2003.
En
juin 2003, le sommet européen des chefs d'État s'est tenu à Thessalonique.
Pendant les jours où s’est déroulé le sommet (du 19 au 21), beaucoup de
personnes sont descendues dans la rue pour montrer leur opposition à cette
politique néo-libérale et à cet ordre mondial auquel on veut nous soumettre.
Ce
fut une journée de lutte dure et intense. L'objectif était clair : empêcher
qu'une minorité décide de l'avenir de la population mondiale. Défendant des
intérêts opposés, les manifestants, avec leurs banderoles et leurs cris, et
l'État, avec sa police prête à utiliser tout son arsenal, se sont retrouvés
dans les rues de Thessalonique. Le 21 juin 2003, la manifestation se solda par
l'arrestation de 130 personnes. Beaucoup furent identifiées, intimidées, puis remises
en liberté. Vingt-neuf en ressortirent avec des charges de délits graves :
résistance à l'autorité, désordres publics, altération de l'ordre public,
incendies, possession et usage d'armes. Huit ont été conduites en prison. L’une
d’elles, d'origine états-unienne, a été libérée quelques jours après, par une
médiation des États-Unis. Le reste des compagnons, Carlos et Fernando,
d'origine espagnole, Simon, d'origine anglaise, Castro, d'origine syrienne,
Tsitas, Jonathan, Michalls et Dimitris, d'origine grecque, ont été amenés en
prison.
Dans
un premier temps, tout indiquait qu'en trois jours, la police les relâcherait.
Mais l'État grec, à travers ses moyens de communication, a utilisé ces jours
pour tromper la population avec de fausses accusations, et pour élaborer ainsi
une mise en scène médiatique, policière et juridique. Les sept compagnons ont
été accusés de résistance à l'autorité, désordres publics, dommages, possession
et usage d'explosifs - afin de créer un incendie - et ont été amenés en prison,
du fait que la police affirmait qu'ils portaient des sacs à dos avec des écrous
et des cocktails molotov ; et ce, malgré des images vidéo du sommet qui
montrent clairement comment la police a échangé le sac à dos de Simon par un
autre qui contenait des cocktails molotov. Rapidement, le reste des États se
sont faits l'écho de la version créée par l'État grec.
Ce
coup monté cherchait d'une part à freiner le mouvement anti-globalisation pour
de futurs sommets, et d'autre part à ce que l'État grec applique pour la
première fois sa loi anti-terroriste. Une loi qui fut créée sous la pression
européenne, en la posant comme condition pour que les Jeux olympiques de 2004
puissent être célébrés à Athènes.
Avec
les évènements de Thessalonique, l'État grec dispose déjà de cobayes qui lui
ont permis de mettre en œuvre cette
loi, avant les Jeux olympiques.
Les
actions de solidarité ne se sont pas fait attendre. Rassemblements,
manifestations, actions de protestation, conférences et concerts ont été
organisés dans différentes villes européennes. Une journée de lutte
internationale exigeant la liberté de nos compagnons s'est tenue le 21 juin
2003.
Parallèlement,
l'avocat des sept inculpés a également fait en sorte que ces personnes puissent
rentrer le plus vite possible chez elles, auprès de leurs amis, compagnons et
proches.
Le
30 juin, un recours a été présenté. Il invoquait la liberté sans conditions au
vu des irrégularités observées lors des arrestations, et des déclarations contradictoires
et confuses données par la police. Ce recours a été rejeté au mois de septembre
de la même année. Des recours ont été renouvelés, mais rejetés successivement
de la même manière.
Devant
la réitération négative de la justice grecque, et la présentation d'un recours
devant la Cour Suprême, les sept compagnons ont entamé une grève de la faim.
Castro a commencé la grève le 21 septembre, les autres, le 5 octobre.
Cette
grève de la faim a duré 53 jours, pendant lesquels nos compagnons ont été
traités de manière inhumaine, d'une part par les forces de sécurité de l'État
et d'autre part par les fonctionnaires de la prison de Dlabata, où ils
accomplissaient de la prison préventive. Même les médecins des hôpitaux ont
dénoncé publiquement les humiliations et les abus auxquelles ces sept personnes
ont été exposées.
De
l'extérieur, compagnons, amis et proches, nous avons soutenu cette grève par
des actions solidaires. Le 26 novembre, la santé des compagnons étant assez
fragile, le parquet a donné l'ordre que l'on injecte aux grévistes un sérum
dans les veines, ce qu'ils ont refusé, de la même façon qu'ils avaient rejeté
les recours présentés antérieurement. Ce même jour vers 15 heures, nous
connaissions la nouvelle de la mise en liberté des sept compagnons, la joie
nous a envahis, il ne pouvait en être autrement ; mais la réalité cruelle du
système nous a fait redescendre dans la rue pour exiger la liberté sans
conditions pour nos compagnons.
Leur
situation se présentait ainsi :
-
Simon et le compagnon d'origine étasunienne avaient été graciés ;
-
Carlos était dans l'attente d'un jugement pour une charge mineure – un maximum
de cinq ans de prison ;
- pour Fernando, Castro,
Tsitas, Jonathan, Michalls et Dimitris, s’ouvrait une enquête sur les arrestations.
La
situation actuelle
La
situation de nos compagnons en ce moment, est la suivante :
L’enquête
qui s’est ouverte sur les arrestations n'a apporté aucune information nouvelle.
ainsi il se peut encore que les charges retenues contre Fernando, Castro, Tsitas,
Jonathan, Michalls et Dimitris, soient abaissées à des dé-lits mineurs (peine
maximale de cinq ans de prison).
Appel de la CNT espagnole,
actualisé à l’aide d’informations reçues du Mouvement antiautoritaire de Thessalonique
(Le Combat syndicaliste CNT-AIT – pages confédérales – janvier/février/mars 2005 n° 197)