La précarité c’est le salariat


Lors de son XXIIe Congrès, tenu à Grenade en décembre 2004, l’AIT a décidé de mener une campagne internationale contre la précarité dans le travail et son exploitation par les agences de travail temporaire.

La précarité c’est la flexibilité, l’instabilité de l’emploi, la crainte de perdre son travail, l’incertitude du lendemain, la fragilité des droits de la classe ouvrière et des conditions de travail si facilement remis en cause par l’État et le Patronat (retraite, temps de travail...).

Précarité des emplois
12,5 % des travailleurs occupent un emploi précaire (CDD, intérimaires, apprentissage) et les agences d’intérim en profitent pour s’enrichir sur le dos des plus fragiles obligés de passer entre leurs mains, avec peu d’espoir de décrocher un véritable emploi 1.
En 10 ans, les CDD ont augmenté de 60 % et les emplois intérimaires de 160 % 2.
18 % des salariés travaillent à temps partiel contre 8 % il y a 30 ans 2.
Les rapports Virville et Camdessus proposent de remettre en cause les CDI pour favoriser des contrats limités dans le temps, par exemple à une mission ponctuelle. Vive les « salariés-kleenex » !
L’État donne l’exemple en favorisant les emplois précaires : un tiers des salariés de la Poste ne sont pas fonctionnaires, 30 % de la fonction publique territoriale est composé de non-titulaires 3, 20 000 aide-éducateurs sont congédiés...
1 million de travailleurs sont considérés comme pauvres et 1 SDF sur 3 occupe un emploi selon une enquête de l’INSEE d’octobre 2003 4.
Le RMA et le CI-RMA sont des sousemplois précaires, limités à 18 mois, destinés à casser le coût du travail tout en obligeant les RMIstes (1,2 million de personnes) à accepter n’importe quel emploi sous-payé.

Précarité des conditions d’existence
Réduction des moyens de subsistance des exclus : réduction des périodes d’indemnisation des chômeurs (600 000 personnes devraient être évincées des ASSEDIC d’ici à la fin de l’année 2005 selon l’UNEDIC 5), contrôle et sanctions accrues contre ces derniers, révision du statut d’intermittent du spectacle, projet de limitation dans le temps des droits à l’ASS... 3,6 millions de personnes vivent officiellement en-dessous du seuil de pauvreté. Mais si l’on utilise les critères de calcul européen (60 % du salaire médian au lieu de 50 %), notre pays compte plus de 7 millions de pauvres 6.
3 millions de personnes sont mal logées selon le Conseil économique et social. Pour 6 millions de personnes, il manque un élément essentiel du confort (salle de bain, chauffage...) 7.
Contre ces abus, il n’y a qu’une seule solution : la lutte, car l’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes et uniquement eux-mêmes !
Solidarité internationale des exploités contre la précarité ! Ni Dieu, ni maître, ni frontières !

Syndicat intercorporatif de Châteauroux
(Le Combat syndicaliste CNT-AIT – pages confédérales – avril/mai 2005 n° 198) Imprimer

1 - INSEE, enquête emploi 2003.
2 - E. Perrin, « Chômeurs et précaires », La Dispute, 2004.
3 - Projet de loi de finances 1999.
4 - « Travailleurs sans logis », Le Monde, 09/11/2004.
5 - « 265 000 chômeurs avaient été exclus en janvier de l’assurance chômage », AFP, 15/04/2004.
6 - « La définition du seuil de pauvreté », Le Monde, 17/10/2004.
7 - « La crise du logement touche plus de 3 millions de Français », La Nouvelle République, 28/01/2004.