Les 35 heures auraient pu être un acquis social !


... Seule la riposte de toutes et tous pourra, en bloquant les rouages économiques de l’État et du patronat, faire aboutir nos revendications.

Le passage aux 35 heures n’a pas été un cadeau du patronat, les concessions faites par les directions syndicales ont été chèrement payées par la collectivité et les travailleurs : réduction des charges patronales, blocage des rémunérations, flexibilité du temps de travail, avec des semaines pouvant aller jusqu’à 45 heures, voire plus.
Les entreprises ont assoupli les horaires tandis qu’on augmentait le contingent d’heures supplémentaires annuelles, bien moins payées qu’auparavant (180 h annuelles, majorations pouvant tomber à, à peine, 10 %).
La nouvelle charge du gouvernement, fidèle serviteur du MEDEF, ne fait que vider un peu plus la coquille de ce qui aurait pu être une avancée sociale. Si le patronat garde la flexibilité, les travailleurs ont tout à perdre : qui peut croire que c’est le salarié qui décidera des heures supplémentaires à effectuer ou de l’utilisation de son CET (compte épargne temps) ? Qui peut croire que c’est librement qu’ils « travailleront plus pour gagner plus » quand les heures supplémentaires seront moins bien payées et que les salaires sont de fait bloqués ? On assistera en réalité à une augmentation du temps de travail, un retour vers les 40 heures et plus. Un seul gagnant : le patronat. Les explications du MEDEF et des ministres viennent mettre sur le dos de la fainéantise des Français le fait que le chômage augmente : « Ils ne savent plus se lever le matin. » disait Raffarin depuis l’étranger. Ils oublient de dire que la productivité horaire en France est l’une des plus élevées du monde. Ils oublient aussi de dire que la seule cause de chômage est la recherche effectuée du profit. Quitte à utiliser le chantage à la délocalisation ou au licenciement, les patrons veulent faire du travailleur un simple outil au service des actionnaires, corvéable à merci et jetable (la précarisation générale de l’emploi est déjà en bonne voie, non ?).
Les profits sans frein, la canalisation des deniers publics vers les entreprises gérées par des fripouilles, l’allongement du temps consacré au travail, pour ne rien dire de la misère qui croît et se multiplie, voilà tout ce que nous offre le capitalisme. L’objectif est précis : discréditer le travailleur ou le terroriser (s’il ressent toute velléité de lutte) afin qu’il ne s’avise pas de regarder de trop près les agissements de ses chefs moralistes, patrons ou gouvernants.

Syndicat intercorporatif de Bordeaux
(Le Combat syndicaliste CNT-AIT – pages confédérales – avril/mai 2005 n° 198) Imprimer