Paupérisation de la fonction publique


Lors de son XXIIe Congrès, tenu à Grenade en décembre 2004, l’AIT a décidé de mener une campagne internationale contre la précarité dans le travail et son exploitation par les agences de travail temporaire.

Ce dernier se divise en trois sous-ensembles : la fonction publique d’état, la fonction publique territoriale, et la fonction publique hospitalière. Celui-ci rassemble selon une source datant du 31 décembre 2001 : 4 755 979 personnes parmi lesquelles on recense 648 966 non-titulaires (ce qui équivaut aux précaires), dont 12,7 % dans la fonction publique d’état, 20 % dans la fonction publique territoriale, et 5 % pour la fonction publique hospitalière.
Corrélativement ces chiffres s’insèrent avec une accentuation d’une disparité dans les emplois suivants : plus de 99 % de titulaires chez la police municipale contre 74,8 % pour le médico-social, 57,8 % dans le culturel, et seulement 29 % parmi l’animation.
Cette simple constatation démontre que le phénomène de la précarité et de la flexibilité s’est parfaitement enraciné dans ce secteur qui a été jadis considéré comme « ne assurance vie » de l’emploi. Cette dernière facilitait du même coup la progression ou l’élévation du « statut social » de l’individu. En 1986 le « temps partiel » ne concernait seulement que 0,7 % d’hommes contre 12,3 % de femmes du secteur de la fonction publique. On constate d’ailleurs que le phénomène s’est accentué une décennie plus tard puisque « le temps partiel » se situe chez les hommes à 1,1 %, et de 14,5 % pour les femmes du secteur de la fonction publique. Une disproportion patente se dévoile ainsi entre les deux sexes. Hormis que la France a été épargnée relativement par les réductions massives de personnels, puisqu’il suffit de se reporter au vote du congrès des États-Unis qui décréta une réduction significative de 12 % en 1994.
On a dénombré environ plus de 200 000 grévistes ce 20 janvier 2005 et ils ont ainsi pu clamer leur ras-le-bol de la politique de « la France d’en haut ». On peut remarquer encore que le corps enseignant a constitué le principal bataillon des cortèges syndicaux *. L’axe des revendications s’est articulé essentiellement autour du blocage des salaires et du projet de loi du ministre Fillon, qui souhaite repositionner le dispositif du cadre et de la finalité de l’enseignement (le socle commun des connaissances).
Cette situation actuelle s’inscrit également dans le marasme dans lequel « la France d’en haut » nous immerge par l’élévation répétée du coût de la vie (ou de survie) ; afin que cette dernière puisse naturellement poursuivre l’accumulation du capital (l’Institut national de la statistique avance le résultat de + 2,1 % pour l’année précédente).
Pendant les années 70-80, « la France d’en haut » s’est débarrassée des éléments les plus aguerris de la classe ouvrière lors de l’ébauche de « la restructuration bio-politique » par l’anéantissement méthodique des concentrations usinières. Cette dernière a annoncé de surcroît une nouvelle recomposition de classe et elle a été stimulée par l’augmentation de la part de « l’immatérialité du travail » (ex : les emplois de services).
Aujourd’hui « la France d’en haut » se charge de régler son compte à une partie importante de la classe moyenne, en privatisant tout bonnement les services publics hérités du fameux compromis historique de 1945 entre la bourgeoisie et les bureaucrates staliniens du PCF, afin d’accélérer la « paupérisation relative » de celle-ci.
Je pense qu’il est absolument nécessaire d’enrayer cette agression de « la France d’en haut » par une offensive d’ampleur telle qu’elle la fasse apeurer, et qu’elle renoue du même coup avec la vieille crainte de « l’anarchosyndicalisme ».

Syndicat intercorporatif de Caen
(Le Combat syndicaliste CNT-AIT – pages confédérales – avril/mai 2005 n° 198) Imprimer

* à noter qu’une partie des enseignants du privé avaient manifesté le samedi précédent.