Revendications immédiates et anarchosyndicalisme
De prime abord, il est naturel de s’interroger sur la pertinence de soutenir des revendications immédiates lorsque l’on s’évertue à construire une organisation révolutionnaire. Faut-il participer à des luttes qui ne revendiquent pas une transformation radicale et immédiate de la société où faut-il s’abstenir ? Cette question, la réalité nous la renvoie tous les jours et il n’est pas commode d’y répondre car elle demande que nous fassions un choix entre deux options – s’engager ou ne pas participer – qui comportent chacune des inconvénients.
La question des revendications immédiates renvoie à l’ambiguïté du syndicalisme.
« Le syndicat ouvrier est de par sa nature réformiste et non pas révolutionnaire », il peut devenir « un instrument de conservation des privilèges et d’adaptation des masses les plus évoluées aux institutions sociales présentes » 1. Ce constat de Malatesta, nous le retrouvons à maintes reprises exprimé par les anarchistes. La défense des intérêts immédiats
peut amener à des dérives. Au Congrès d’Amsterdam de 1907, Cornelissen l’expliquait ainsi : « Ne nous dissimulons pas que le syndicalisme d’une part, l’action directe de l’autre, ne sont pas toujours et forcément révolutionnaires. On peut aussi les employer dans un but conservateur, voire réactionnaire. Ainsi les diamantaires d’Amsterdam et d’Anvers ont grandement amélioré leurs conditions de travail sans recourir aux moyens parlementaires, par la seule pratique de l’action syndicale directe. Or que voit-on ? Les diamantaires ont fait de leur corporation une sorte de caste fermée, autour de laquelle ils ont élevé une vraie muraille chinoise. Ils ont restreint le nombre des apprentis et s’opposent à ce que d’anciens diamantaires retournent à leur métier abandonné. Nous ne pouvons cependant approuver ces pratiques ! » 2
Partant de ce constat, difficilement contestable, nous devons donc nous intéresser à la pratique de l’anarchisme social. Car, par exemple, lorsqu’une lutte sur les salaires est menée par une catégorie de personnel, qu’est-ce que cela implique ? Des travailleurs qui veulent une amélioration immédiate de leurs conditions de vie. Beaucoup de critiques sont alors recevables : le sort de cette catégorie de personnel va être amélioré, mais qu’advient-il du reste de l’humanité qui vit, pour une part, dans des conditions bien plus difficiles ? La logique du système capitaliste est telle, qu’avec les jeux d’inflations des prix, de dépréciation de la monnaie, le gain obtenu par les travailleurs sera vite rattrapé. Est-il utile de dépenser tant d’énergie dans des luttes de ce type, ne perdons-nous pas de vue notre objectif révolutionnaire ? Les catégories professionnelles qui obtiennent le plus d’acquis ne vont-elles pas se désolidariser des autres et ne penser qu’à elles ? Toutes ces objections sont justifiées et les luttes pour les revendications immédiates peuvent amener au plus égoïste des corporatismes, elles peuvent diviser les travailleurs, les révolutionnaires peuvent y perdre leur latin et « batailler », une vie durant, sans avancer d’un pouce vers la révolution qu’ils souhaitent.
Alors, participer à la lutte, ou ne pas participer ? Il est envisageable de ne pas participer à ce genre de luttes et d’expliquer, par de la propagande, pourquoi. Mais qu’est-ce que cela implique ? Nous nous désolidarisons des personnes les plus combatives, celles qui cherchent à agir sans attendre que les améliorations de leurs conditions de vie ne tombent du ciel, ou d’une loi, ce qui revient à peu près au même. Et nous nous mettons du coté des jaunes, de ceux qui ne font rien. Le profil de caractère n’est pas le même, qui est susceptible d’en arriver à agir dans le cadre d’une révolution ? Ceux qui écoutent les chefs et se renferment dans un individualisme forcené et borné, ou ceux qui font preuve de rébellion et de solidarité ?
Quelle conception avons-nous de l’Histoire ?
Évidemment, la morosité actuelle ne peut pas nous permettre d’appréhender les changements d’attitudes qui peuvent survenir dans une période révolutionnaire et l’égoïsme peut aussi être du coté des grévistes... Il convient cependant de constater que c’est moins fréquent. Audel à de ces considérations, c’est notre conception de l’Histoire qui est mise à l’épreuve. Si nous nous contentons de faire de la propagande et de ne pas participer, en tant qu’organisation, à des luttes pour des revendications immédiates, alors cela implique que nous considérons qu’il y a des périodes historiques où le mécontentement général est tel que les « masses » se « réveillent », « entrent » dans l’Histoire, et se tournent vers les positions révolutionnaires tandis que, le reste du temps, elles seraient endormies et hermétiques à nos discours.
Cette conception de l’Histoire n’est pas nouvelle, c’est la conception marxiste de la lutte des classes. Lorsque les conditions sont réunies, la révolution est inévitable. Si les anarchistes acceptent le concept de lutte des classes dans le monde capitaliste, ils ne reconnaissent pas le déterminisme historique, ni cette division de la réalité. Il est assez étrange de penser que la Révolution russe et toutes les révolutions échouées de cette période 3, par exemple, seraient des phénomènes que nous pourrions dissocier de l’essor du mouvement ouvrier. L’idée même de conseil n’est pas tombée du ciel. Au Congrès de Bâle, en 1869, lors du Congrès de l’Association Internationale des Travailleurs, Hins déclarait « Les conseils des organisations de métiers et d’industries remplaceront le gouvernement actuel et cette représentation du travail remplacera une fois pour toutes les vieux systèmes politiques du passé ». 4 Et cette réflexion du délégué n’est ue le fruit d’un travail empirique, acquis au regard de l’histoire de ceux qui ont lutté et au regard de sa propre expérience. Tout ceci pour dire que les idées, les positionnements sont le fruit d’un lent travail et que, si certaines circonstances historiques permettent parfois des changements révolutionnaires, le travail fait en amont est indispensable. La révolution espagnole n’aurait pas été ce qu’elle a été sans le travail entrepris en Espagne depuis Anselmo Lorenzo.
Mais, quel intérêt alors, de se préoccuper des revendications immédiates et pourquoi ne pas simplement fustiger les réformistes et diffuser nos idées ?
Développer un pôle anti-capitaliste et anti-autoritaire radical
Peut-être pouvons nous partir de la réflexion de Malatesta : « Les syndicats ouvriers (les ligues de résistances et les autres manifestations du mouvement ouvrier) sont indubitablement utiles : ils sont même une phase nécessaire de la montée du prolétariat. Ils tendent à donner conscience aux travailleurs de leurs véritables positions d’exploités et d’esclaves ; ils développent en eux le désir de changer de situation ; ils les habituent à la solidarité et à la lutte, et par la pratique de la lutte, ils leur font comprendre que les patrons sont des ennemis et que le gouvernement est le défenseur des patrons. Les améliorations que l’on peut obtenir au moyen des luttes ouvrières sont certes peu de choses, puisque le principe de l’exploitation et de l’oppression d’une classe par une autre demeure et puisque ces améliorations risquent toujours de rester illusoires et d’être supprimées aussitôt par le jeu des forces économiques des classes supérieures. Mais même pour incertaines et illusoires qu’elles sont, ces améliorations servent cependant à empêcher que la masse s’adapte et s’abrutisse dans une misère toujours égale, qui ôte le désir même d’une vie meilleure. La révolution que nous voulons, faites par la masse et se développant par son action, sans imposition de dictatures ni déclarée ni larvée, aurait du mal à se produire et à se consolider sans la présence antérieure d’un grand mouvement de masse. » Ne sommes-nous pas dans une situation où le recul des luttes et la résignation vont de pair ?
Kropotkine souligne quant à lui la nécessité de nous organiser, dès aujourd’hui, dans des structures qui peuvent nous permettre de reprendre la société à notre compte, le jour venu : « Dans le schéma social-démocrate, l’État s’occupe de l’organisation de la production, du lendemain révolutionnaire ; et dans la nôtre, qui s’en charge ?
Ce sont les groupes des travailleurs de la production, au courant des urgences pratiques, c’est-à-dire les organisations professionnelles. Ces groupes liés à la reprise de la production ont pour nous une importance tout aussi vitale que le parlement pour les sociaux-démocrates ; leur volonté, leurs idées, leur tempérament sont pour nous ce qu’est pour les sociaux-démocrates la composition du futur gouvernement socialiste.
Les syndicats méritent donc notre attention non seulement en tant que future organisation, mais aussi en tant que facteur actuel important puisqu’ils sont dans le milieu des travailleurs » 5. C’est d’ailleurs dans cette optique que le Congrès de Bâle avait déclaré : « tous les travailleurs doivent s’efforcer de créer des caisses de résistance dans les différents métiers » 6. Et au Congrès d’Amsterdam, Pierre Ramus constatait : « Le mérite supérieur du syndicalisme, de l’action syndicale, consiste essentiellement dans ce fait d’évidence qu’il s’oppose pratiquement au parlementarisme bourgeois » 7. Malgré les dérives qu’elles peuvent engendrer, les luttes sociales sont un puissant moyen de construire les solidarités, développer notre combativité et la conscience que nous pouvons, nous-mêmes, organiser la société à la base, sans gouvernement.
Encore faut-il que ces luttes ne soient pas manipulées et aboutissent, car l’échec n’a rien de stimulant, nous ne le savons que trop...
Le syndicalisme n’est jamais neutre.
Malatesta se positionnait contre la division du mouvement ouvrier : « Je ne demande pas des syndicats anarchistes qui légitimeraient, tout aussitôt des syndicats socialistes, républicains, royalistes ou autres et seraient, tout au plus, bons à diviser plus que jamais la classe ouvrière contre elle même [....] Je veux au contraire des syndicats largement ouverts à tous les travailleurs sans distinction d’opinions, des syndicats absolument neutres » 8. Nous devons constater que le mouvement ouvrier a éclaté et l’idée des syndicats « absolument neutres » posent un problème : quelles pratiques vont-ils adopter, puisque, comme nous l’avons vu, le syndicalisme est toujours susceptible de dérives ? Il est intéressant alors de nous rappeler des propos de Solomonoff qui nous expose la position de la Fédération Ouvrière de la Régionale Argentine pour qui « l’élaboration idéologique et l’action syndicale constitue un tout inséparable et que l’organisation spécifique des anarchistes, hors du mouvement ouvrier, impliquerait entre eux, l’établissement de relations autoritaires et aristocratiques reproduisant les problèmes propres aux relations conflictuelles qui existent entre les partis politiques et les syndicats » 9. Cette position est corroborée par Lopez Arango : « Pour nous, l’anarchisme n’est pas une découverte de laboratoire, ni le fruit de penseurs géniaux, mais un mouvement spontané des opprimés et exploités qui sont arrivés à la compréhension [...] de la nocivité de l’État, et qui veulent lutter pour un ordre social qui assure à l’homme son libre développement. La philosophie coopère à la concrétisation et à la définition de ces aspirations latentes chez les masses rebelles, mais elle n.a pas le droit de s’approprier les conceptions de l’anarchisme... » et d’avertir, si les libertaires « renoncent à la possibilité d’agir dans le monde du travail comme force autonome, en se contentant de monopoliser le mouvement anarchiste dans de petits groupes de propagande, [leur] avenir n’a rien de prometteur » 11.
Cette préoccupation est présente dans la volonté de reconstruire l’Association Internationale des Travailleurs, en décembre 1922. Il s’agit d’éviter que le mouvement ouvrier ne tombe dans des pratiques qui l’entraînent dans une impasse. L’anarchosyndicalisme tente de répondre à la nécessité de nous investir dans les luttes sociales sans perdre notre identité et nos objectifs, il a un double but :
« 1- faire aboutir les revendications des producteurs pour la sauvegarde et l’élévation de leur niveau de vie ;
2- Enseigner aux travailleurs la direction technique de la production économique en général et les préparer à prendre en main l’organisation socio-économique et à la transformer selon les principes socialistes » 12.
Dans ce cadre, il est naturel de voir la CNT ne pas se contenter de prendre des positions syndicales et aborder des visions plus « globalistes »... et s’engager dans le cadre de revendications immédiates.
À ce propos, dans le contexte actuel d’un mouvement ouvrier éclaté, l’objectif est double pour nous autres, les exploités. Tout d’abord il s’agit de favoriser l’autogestion des luttes et l’action directe. Nous devons favoriser l’unité à la base : elle est la seule qui nous permettra d’obtenir gain de cause, en court-circuitant les directions syndicales et en rétablissant de véritables rapports de forces à même de faire plier le patronat et l’État. Et cela ne peut se faire en assénant des leçons, en dehors de ces luttes, nous devons y participer car nous sommes partie prenante, des exploités parmi les exploités, et il serait indécent que laisser les autres agir à notre place. Indécent et incohérent. « Les comités de luttes ou de grève sont à la fois un lieu d’auto-éducation et un moyen de défense face à l’exploitation capitaliste » 13, nous y sommes à notre place. À nous de participer à ces assemblées en faisant en sorte que les luttes aboutissent, c’est une question d’éthique et de bon sens . comme disait Malatesta, « l’appétit vient en mangeant » . tout en gardant à l’esprit que « la lutte revendicative peut être évolutive. On démarre sur du revendicatif mais on ne sait pas où cela va aboutir » 14 et notre rôle est aussi de permettre d’arriver à une généralisation des luttes et à leur unification vers des intérêts, qui, forcément, amènent à une remise en question du système dans son ensemble.
Pour conclure, je laisse la parole à l’un des fondateurs de la CNT, Pierre Besnard : « La lutte revendicative, première et quotidienne étape de la grande lutte révolutionnaire, qui oppose les travailleurs à leurs maîtres, est monotone et ardue. Elle est aussi, souvent incomprise et sa valeur est niée par une partie de ceux qui ont pour devoir de la mener [...] parce que les négateurs n’en comprennent pas toute la valeur, qu’ils ne lui donnent pas sa véritable signification et ignorent les développements en profondeur qu’elle comporte.
Lutter pour une augmentation de salaire peut paraître, de nos jours, inutile, vain, dérisoire et fastidieux [...] Ce ne sont là que des vérités superficielles, dont on a négligé d’extraire tout le contenu. Une lutte, quelle qu’elle soit, ne se limite jamais à son objet. Elle le dépasse toujours, surtout si ceux qui ont mission de la mener savent en montrer tous les aspects, toutes les conséquences proches et lointaines. [...] Aujourd’hui, on lutte pour l’augmentation de salaire, bien qu’on sache qu’elle sera annulée par une hausse rapide de la vie, mais on ne lutte pas pour elle ; on bataille pour obtenir de meilleures conditions de travail ou d’hygiène, mais sans limiter l’action à celles-ci ou à celles-là. La bataille engagée « apparemment » pour l’une ou pour l’autre, permet de sortir des sentiers battus d’autrefois, pour porter la lutte sur un autre terrain, plus vaste et plus large, en rapport avec la forme nouvelle du capitalisme [...] Acceptons l’idée que les grèves, pour obtenir des augmentations de salaires ou des conditions de travail meilleures, ne résolvent pas la question. Acceptons même le fait, puisque nous avons la conviction que nous tournons dans un cercle vicieux infranchissable, mais ne nions pas l’efficacité de ces luttes sur d’autres terrains.
Par l’extension, toujours plus grande que nous leur donnerons, nous ne cesserons de nous rapprocher de nos buts.
Et puis, si dérisoires qu’elles soient . ou plutôt qu’elles paraissent . n’ont-elles pas pour conséquence de mettre un frein « provisoire » à l’exploitation capitaliste qui, sans elles, se croirait tout permis. N’est-ce donc rien, matériellement et moralement que de battre, par des grèves de cet ordre, un patron puissant, un consortium insolent ? Ne doit-on attacher aucune importance à une victoire . même momentanée, aux conséquences provisoires remportée sur le capitalisme moderne ?
Je crois, au contraire, que tout cela est infiniment important, que l’effet en est considérable, moralement, chez les travailleurs qui acquièrent ainsi la preuve que leur ennemi n’est pas invincible, comme on a une tendance trop exagérée à le leur faire croire [...] Ce serait une grave erreur de notre part que d’accepter de ne plus le faire, car c’est peut-être le seul moyen qui nous reste encore pour pouvoir poser le problème social sous son vrai jour, son véritable aspect [...] Je crois que ceux qui s’opposeraientà une telle action trouveraient peu de crédit chez les masses travailleuses, victimes de surcroît de cette exploitation. » 15
Jipé, Syndicat intercorporatif de Pau
(Le Combat syndicaliste CNT-AIT – pages confédérales – avril/mai 2005 n° 198)
1 - Articles politiques, Errico Malesta, série Noire et rouge, coll. 10/18, France, 1979.
2 - Anarchisme et syndicalisme, le congrès anarchiste d’Amsterdam (1907), introduction Ariane Mieville et Maurizio Antonioli, Nautilus, éd. Du Monde Libertaire, Italia, 1997.
3 - Citons simplement la Révolution spartakiste, la République des Conseils de Bavière, celles de Hongrie et de Slovaquie, les usines occupées italiennes.
4 - Cité dans Les soviets trahis par les Bolcheviks, la faillite du communisme d’État, udolf Rocker, Spartacus, Paris, 1973.
5 - Oeuvres, Pierre Kropotkine, Petite Collection Maspero, Corbière et Jugain Alençon, 1976. Cité dans Les soviets
6 - trahis par les Bolcheviks, la faillite du communisme d’État, Rudolf Rocker, Spartacus, Paris, 1973. Anarchisme
7 - et syndicalisme, le congrès anarchiste d’Amsterdam (1907), introduction Ariane Mieville et Maurizio Antonioli, Nautilus, éd. du Monde Libertaire, Italia, 1997.
8 - Idem
9 - Cité dans Anarchisme ouvrier contre « syndicalisme révolutionnaire », Ariane Mieville, extrait de Ideologias del movimiento obrero y conflicto social , Jorge N. Solomonoff, editorial Proyeccion, Buenos Aires, 1971, p. 194.
10 - Cité dans Anarchisme ouvrier contre « syndicalisme révolutionnaire », Ariane Mieville, extrait de El anarquismo en el movimiento obrero, Diego Abad de Santillan, ediciones Cosmos, Barcelone, 1925, p. 164.
11 – idem
12 - De la doctrine à l’action, l’anarcho-syndicalisme des origines à nos jours, Rudolf Rocker, Les cahiers de l’anarcho-syndicalisme, volume no 25, éditons CNT-AIT, Caen.
13 - Anarcho-syndicalisme et autonomie populaire, Les cahiers de l’anarcho-syndicalisme, volume no 8, éditions CNT-AIT, Caen.
14 - Des revendications à l’utopie, Les cahiers de l’anarcho-syndicalisme, volume no 22, éditions CNT-AIT, Caen.
15 - L’Éthique du syndicalisme, Pierre Besnard, mars 1938.