Fin de la
grève illimitée des travailleurs
de la
fourrière municipale de Séville
Après 117 jours de grève,
sans le soutien du PSOE [Parti socialiste ouvrier espagnol] ni d'Izquierda
Unida [Gauche unie] de l’équipe dirigeante de la mairie de Séville, les travailleurs
ont obtenu la plupart de leurs objectifs. La CNT de Séville arrêtera dans les
prochains jours toutes les protestations et les actions en Espagne et fera un
communiqué en plusieurs langues pour faire cesser les protestations
internationales.
Le
9 septembre à 13 heures, le comité de grève de la CNT a signé le document qui a
été approuvé en assemblée de travailleurs de la CNT, pour l'apporter à la
négociation prévue aujourd'hui [le 10] et terminer ainsi la grève. Les
travailleurs licenciés qui ont voulu retourner à leur poste de travail ont été
réintégrés, toutes les sanctions imposées ont été retirées, et les employés ont
obtenu une série de points qu'ils exigeaient dans cette grève [paiement de la
prime de productivité, conditions de la journée de travail].
Les
travailleurs de la fourrière municipale de Séville ont commencé cette grève
avec le syndicat CSI-CSIF le 16 mai dernier, à cause de 4 licenciements
injustifiés faits par Aussa et des sanctions prises contre 17 employés ayant
participé à une grève, tout cela avec l'accord de l'équipe municipale composée
du PSOE et d’Izquierda Unida. Au bout de 29 jours de grève illimitée, les
travailleurs ont reçu comme proposition la réintégration de 2 employés et le
maintien au chômage de 2 autres. Proposition refusée par l'assemblée des
travailleurs et qui a fait sortir techniquement du conflit le syndicat
CSI-CSIF, qui n'était pas d'accord avec le collectif des travailleurs.
Avec
la solidarité de milliers de personnes d'Espagne et de l'étranger, la CNT est
parvenue à la fin du conflit avec la réintégration de tous les travailleurs qui
ont voulu reprendre leur poste de travail. L'un d'eux, qui n'a pas voulu
retourner à la compagnie, a été indemnisé en contrepartie à hauteur de
35 000 euros, soit 6 000 euros de plus que le montant stipulé lors de
son licenciement abusif – aveu explicite évident de la part du conseil
municipal de sa mauvaise foi envers cet employé. Ainsi, l'autre travailleur qui
veut revenir sera réintégré sans conditions et percevra la totalité des
salaires dus depuis son licenciement. Il faut souligner que celui-ci n'avait
pas encore eu son jugement. On peut déduire dans ce cas également que le
conseil municipal reconnaît le caractère non-fondé du licenciement du salarié.
La
compagnie a d'autre part retiré toutes les sanctions prises contre les employés
suite à la grève de la foire d'avril dernier, 17 sanctions au total, contre ce
qui avait été décidé par le PSOE et Izquierda Unida lors des dernières séances
plénières municipales ayant approuvé lesdits licenciements et sanctions.
Aspect
négatif de l'accord : la non-obtention des garanties de travail, excepté
un engagement succinct de l'entreprise et « un engagement plus que douteux »
d'Izquierda Unida, à défendre les employés. Ce parti, au côté du PSOE, est
rejeté énergiquement par les grévistes, car tous deux ont provoqué la grève
illimitée la plus longue de l'histoire de la ville, et asphyxié économiquement
leurs familles pour des faits qu'ils n'ont pas commis ; ces partis ont
aussi approuvé à plusieurs reprises, lors de séances plénières municipales, les
agissements de la compagnie, en acceptant entre autres la violation de droits
fondamentaux inscrits dans la Constitution et dans le droit du travail, tels
que : violations du droit de grève, d'information et harcèlement policier sans précédents, ce qui
est indigne de partis qui se disent progressistes et démocrates.
Pour
la CNT ce conflit a été gagné mais nul ne peut s'en réjouir, car la grève a été
une honte pour ceux qui l'ont provoquée et un malheur pour les familles des
grévistes qui ont frôlé la mendicité, tandis que les politiques partaient en
vacances en Afrique du Sud, au Japon, au Venezuela et à Cuba (avec l'argent des
contribuables de Séville), ou n'ont pas proposé de réel dialogue et se sont
littéralement moqués « des employés sur l'escalier de la mairie de Séville
les 117 jours ».
Pour
finir, la CNT veut faire remarquer l'absence plus que regrettable dans ce long
conflit du moindre geste de solidarité des syndicats dits « majoritaires »,
qui ont laissé ces travailleurs à leur sort en voyant que les grévistes ne
cherchaient pas d'élections syndicales mais une solution à un litige difficile
contre une équipe de gestion municipale pleine de mensonges envers les
habitants de la ville.
CNT de Séville, 10 septembre 2005, site CNT-Espagne :
http://www.cnt.es
Traduction Jacquie, Syndicat intercorporatif de l'Hérault
(Le Combat syndicaliste CNT-AIT – pages confédérales – octobre novembre 2005 n° 201)