Ambiance bois : exemple d'une entreprise autogérée Pour approfondir la question :
- http://www.ambiance-bois.com/
- Scions… Travaillait autrement de Michel Lulek, publié en 2003 aux éditions Repas dans la collection « Pratiques utopiques », 174 pages, 14 euros. Pour commander : Éditions Repas, 4 allée Séverine 26000 Valence (chèque à l'ordre de l'Association REPAS. Frais de port : 3 euros pour un livre).

Le communisme soviétique s'est révélé être un fiasco et le Capitalisme est aussi un échec : la France compte 7 millions de pauvres, 6 millions de personnes dépendant des minima sociaux et 4 millions de demandeurs d'emploi. Que dire au niveau mondial où ce système a engendré le colonialisme, des guerres mondiales, le pillage du tiers monde et l'exploitation des travailleurs. Selon l'UNICEF, 30 000 enfants meurent chaque jour « le plus souvent de causes qui auraient pu être évitées ». Il est donc nécessaire de concevoir une alternative au Capitalisme et l'autogestion, comme base d'une société libertaire, répond à cette aspiration.
Commune de Paris, Kronstadt, guerre d'Espagne, Yougoslavie, LIP, entreprises récupérées en Argentine en 2001... L'autogestion n'est plus une utopie. En France, des travailleurs ont décidé de s'organiser pour gérer eux-mêmes leur entreprise : sans patron et sans hiérarchie salariale. SAPO, SCOP 1 En 2004, il existait en France 1 600 sociétés coopératives de production représentant 36 000 salariés et un chiffre d'affaires de 3,2 milliards d'€. Elles sont fédérées dans une Confédération générale des SCOP qui exerce un droit de regard sur le fonctionnement de chaque entreprise. Les salariés possèdent au minimum 51 % du capital de l'entreprise et 65 % des droits de vote. Chaque salarié possède une voix, quel que soit le capital qu'il détient. http://www.scop-coop. , réseau REPAS... ces initiatives réalisent l'idéal autogestionnaire à des degrés et selon des conditions variables en fonction des entreprises. S'inscrivant dans un système capitaliste, elles ne constituent qu'une forme inachevée de gestion directe. L'autogestion étant incompatible avec l'existence de l'État et du capitalisme, elle ne se réalisera pleinement qu'au terme d'une profonde révolution sociale. Mais ces coopératives ouvrières démontrent que des alternatives sont possibles, ouvrent la voie à une remise en cause du système et servent d'école pour les travailleurs-décideurs de demain.
Ambiance bois est l'une d'entre elles. C'est une société anonyme à participation ouvrière (SAPO) appartenant au réseau d'échanges et de pratiques alternatives et solidaires 2 http://www.reseaurepas.free.fr. . Cette scierie autogérée est née en Creuse en 1988 d'un projet mené par quelques copains aspirant à travailler autrement. L'entreprise compte maintenant 20 salariés.

« Ne pas subir le travail, le choisir. Ne pas séparer tâches intellectuelles et manuelles. Ne pas avoir d'un côté des décideurs, de l'autre des exécutants. Ne pas reléguer les tâches pénibles, de production, à je ne sais quel sous-prolétariat, national hier, international aujourd'hui. Ne pas soumettre nos vies à l'impératif de la production. Ne pas confondre satisfaire des besoins et consommer sans fin. Ne pas tomber dans la course aux revenus. Ne pas rendre inhabitable la planète pour quelques gadgets de plus. Ne pas se laisser dominer par le credo économiciste de la croissance et du développement... » 3 Extrait d'une intervention de Michel Lülek d'Ambiance bois lors d'un débat de l'Adels le 7 décembre 2004. http://www.adels.org/rdv/autogestion/09_reflexions_d%27un_autogestion naire_de_base.rtf

Concrètement, les principes de fonctionnement sont les suivants : - Partage des tâches.
Une rotation de chacun sur les différents postes est organisée. La double activité atelier-bureau est la règle.
- Gestion directe et collective.
Comme dans les SCOP, c'est le principe « une personne = une voix » qui prévaut. Des temps de pause et de concertation sont prévus afin de permettre la diffusion des informations et la prise de décision collective. « Ainsi chaque jour tous les gens qui sont dans l'entreprise se retrouvent une demi-heure chaque matin autour d'un café, mais aussi du planning de la semaine à venir ou de quelques questions à trancher. Puis une fois tous les mois, le vendredi matin, une réunion de trois heures de tous, autour de sujets qui nécessitent débats ou décisions. Au total tous ces temps d'échanges, de discussions, et de ce qui est en fait de la gestion collective, représentent en temps de travail quelque chose comme presque 8 heures par jour, 30 heures par semaine, 180 heures par mois, soit l'équivalent d'un temps plein : 6 % de la masse salariale d'Ambiance bois. » 3 __________


« Gestion collective de l'entreprise, partage des responsabilités, salaires égaux, temps partiel choisi et polyvalence sur les tâches de production sont les principales caractéristiques de notre fonctionnement. » 4 M. Lülek, Scions… Travaillait autrement, Éditions Repas, 2003.

- Abolition de la hiérarchie salariale.
Il n'existe plus alors un patron-décideur et des exécutants subordonnés puisque tout le monde se trouve placé sur un pied d'égalité. Chaque travailleur reçoit la même rémunération. J'évite le terme de salaire qui renvoie à un système de dépendance du salarié vendant sa force de travail à un patron propriétaire de l'entreprise.
En tant que membre de REPAS, Ambiance bois participe à un « parcours de compagnonnage alternatif et solidaire » pour initier et former d'autres travailleurs aux pratiques autogestionnaires. C'est la stratégie de la « tâche d'huile » : démontrer la faisabilité de l'autogestion pour promouvoir son développement. L'entreprise autogérée s'affirme alors comme îlot de résistance et point de départ d'une possible reconstruction de la société. Car « l'autogestion pourrait avoir de beaux jours devant elle, si tant est qu'elle ne soit pas seulement envisagée comme une énième stratégie de management participatif, roublardise cynique d'astucieux DRH, mirlitons dociles chargés de repasser les mêmes plats en faisant croire qu'ils sont nouveaux. » 3 Extrait d'une intervention de Michel Lülek d'Ambiance bois lors d'un débat de l'Adels le 7 décembre 2004. http://www.adels.org/rdv/autogestion/09_reflexions_d%27un_autogestion naire_de_base.rtf
Le projet d'Ambiance bois est de faire vivre l'autogestion dès maintenant, lui donner une assise dans le Présent pour mieux lui permettre de représenter un Avenir meilleur, pas seulement une Utopie.


« Face au modèle d'une entreprise pour laquelle l'objectif est l'argent et l'homme un outil, nous avons cherché à utiliser l'argent comme un outil au service de l'homme. Notre entreprise ne se justifie pas par la recherche du profit pour le profit, mais par sa vocation de production (en cela elle n'est pas différente des autres) réalisée dans le cadre humain d'une oeuvre collective. Pour nous, la façon de travailler est aussi importante que le produit qui est fabriqué. Le processus de prise en charge de la nécessaire production prime sur son résultat » 4 M. Lülek, Scions… Travaillait autrement, Éditions Repas, 2003.

Limites et intérêt des coopératives de production
Ces expériences autogestionnaires souffrent surtout de limites liées à leur cadre juridique. Normal, puisqu'elles se trouvent dans un cadre théorique capitaliste et étatique. Il est donc nécessaire d'apprécier le fonctionnement réel de ces entreprises. On peut considérer qu’actionnariat et organe directeur sont des points déterminants dans le degré réel d'autogestion.
Par exemple, le fait que les salariés doivent seulement être actionnaires majoritaires n'implique pas une intrusion ni une dérive spéculative. Les travailleurs peuvent posséder l'intégralité des actions ou elles peuvent appartenir à des individus soutenant l'initiative. Une part incompressible des bénéfices constituant une réserve d'investissement, ces entreprises peuvent se passer de capitalisation externe.
L'existence d'un conseil d'administration, d'un président ou directeur général pose aussi problème. Tout dépend alors du pouvoir concret de ces instances (ou plutôt de son absence) et de l'importance du contrôle exercé par les travailleurs.
Quelle que soit la forme juridique adoptée (SA, SARL, SCOP, SAPO...), c'est essentiellement la vie de l'entreprise qui permet de dire si elle est autogérée. Ces expériences alternatives apparaissent comme un élément constructif de la remise en cause du modèle capitaliste salarial. Elles jouent un rôle déterminant au même titre que les luttes sociales ou que les efforts de propagande anarchosyndicaliste. Chacun pouvant concevoir une hiérarchie différente entre ces éléments. En le rendant crédible, elle renforce le discours révolutionnaire libertaire. Pour être efficace, celui-ci doit articuler théorie et pratique qui s'alimentent mutuellement.
Syndicat intercorporatif de Châteauroux
(Le Combat syndicaliste CNT-AIT – pages confédérales – avril/mai 2006 n° 204) Imprimer

1 - En 2004, il existait en France 1 600 sociétés coopératives de production représentant 36 000 salariés et un chiffre d'affaires de 3,2 milliards d'€. Elles sont fédérées dans une Confédération générale des SCOP qui exerce un droit de regard sur le fonctionnement de chaque entreprise. Les salariés possèdent au minimum 51 % du capital de l'entreprise et 65 % des droits de vote. Chaque salarié possède une voix, quel que soit le capital qu'il détient. http://www.scop-coop .
2 - http://www.reseaurepas.free.fr .
3 - Extrait d'une intervention de Michel Lülek d'Ambiance bois lors d'un débat de l'Adels le 7 décembre 2004. http://www.adels.org/rdv/autogestion/09_reflexions_d'un_autogestionnaire_de_base.rtf
4 - M. Lülek, Scions… Travaillait autrement, éditions Repas, 2003.

Pour approfondir la question :
- http://www.ambiance-bois.com/
- Scions… Travaillait autrement de Michel Lulek, publié en 2003 aux éditions Repas dans la collection « Pratiques utopiques », 174 pages, 14 euros. Pour commander : éditions Repas, 4 allée Séverine 26000 Valence (chèque à l'ordre de l'Association REPAS. Frais de port : 3 euros pour un livre).