Augmentation de la durée du travail avec la réforme des retraites, allongement du temps de travail par la remise en cause des 35 heures (notamment dans la métallurgie), développement des emplois précaires...
L’instauration du CNE pour les PME, puis du CPE pour les moins de 26 ans n’est qu’une nouvelle étape dans l’exploitation des salariés. Le CDI sera bientôt remplacé par un contrat unique reprenant les principes de ces 2 précurseurs qui seront progressivement généralisés. Tout le monde sera soumis à cette période d’essai de 2 ans qui vous oblige à accepter les conditions imposées par les patrons. Tous les salariés pourront être jetés sans la moindre justification.
Les premiers effets du CNE se font déjà sentir, les licenciements abusifs se multiplient : salariés réclamant le paiement d’heures sup, femmes enceintes, tenue négligée (pour un boucher faisant ses courses dans le supermarché où il travaillait), employé annonçant qu’il doit subir une opération ou arrivé avec 10 minutes de retard
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« Les premiers dossiers de salariés embauchés en CNE arrivent aux prud’hommes », Le Monde, 14/02/2006.
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Malheureusement, ces nouveaux contrats sont loin de bouleverser le monde du travail. Les licenciements individuels sont en plein essor et sont autorisés simplement si l’entreprise dit craindre une éventuelle baisse de compétitivité
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Le 11 janvier 2006, la Cour de cassation a rendu un arrêt remettant en cause l’article L 321-1 du Code du travail relatif aux motivations du licenciement économique : une entreprise peut licencier même si la baisse de compétitivité n’est pas encore avérée. « La justice redéfinit le licenciement économique », Le Monde, 15/01/2006.
. La plupart des salariés sont déjà sur un siège éjectable.
Une entreprise peut virer ses employés dans le cadre d’une restructuration, autrement dit une délocalisation. C’est le cas de Seb, qui avec 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires (+ 7,6 % en un an) va se débarrasser de 890 salariés en France pour délocaliser sa production dans son usine de Shanghaï
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« 890 emplois supprimés et 3 usines fermées en France », Le Monde, 26/01/2006. Août 2005, le même sort frappe les salariés de Barenthal, cf. « Chantage à tous les étages », L’Humanité, 22/07/2005. Puis en septembre, c’est l’usine sidérurgique de Lannemezan qui est menacée, cf. « Le géant fait fondre l’emploi », L’Humanité, 26/09/2005. Le « cas d’école », c’est sans doute l’usine Ronal de Saint-Avold (Moselle) : le groupe a transféré son activité en Pologne, réduisant ainsi les commandes du site français qui a pu être déclaré en faillite, cf. « Victimes de délocalisation les Ronal enquêtent en Pologne », Le Monde, 19/06/2004.
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Inversement, un patron peut importer des salariés très mal rémunérés en contournant la législation française, c’était déjà possible avant le vote de la directive Bolkestein
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« Polémique sur la paie d’ouvriers polonais d’une centrale EDF », AFP, 07/02/2006. Le film Un monde moderne montre l’exemple des chantiers navals de Saint-Nazaire qui ont refait parler d’eux en août 2005. En mai, un sous-traitant de France Télécom est montré du doigt car il exploite des Portugais, cf. Le Monde, 18/05/2005. Voir aussi « à Marseille, des ouvriers polonais étaient payés 4 euros de l’heu- re », http://www. Lemonde.fr, 04/12/2005.
. Le 7 février dernier, le recours à des travailleurs polonais sous-payés dans la centrale EDF de Porcheville (Yvelines) a été dénoncé.
Ces stratégies montrent que le capitalisme et le libre-échange sont conçus en faveur des intérêts des patrons et des actionnaires. Ils peuvent accroître leurs profits en exploitant d’autres travailleurs dont les droits sont encore plus réduits. Bientôt, on nous dira qu’il faut accepter les conditions de travail de la Chine pour sauver l’emploi !
La directive Bolkestein et le CPE sont des régressions pour les travailleurs et doivent donc être farouchement combattus. Mais ces mesures ne sont que l’aboutissement logique d’un système qui vise l’accumulation des profits au détriment des intérêts des individus. Fondamentalement, le salariat se traduit par l’exploitation des travailleurs.
Il ne faut pas se contenter de s’attaquer aux symptômes, mais au mal lui-même. Pour en finir avec la précarité, il faut remplacer le capitalisme par un nouveau système fondé sur la satisfaction des besoins de chacun et la solidarité entre les travailleurs. On peut échapper à la domination et à l’exploitation d’un patron, ça s’appelle l’autogestion.
Utopie ? Non, des travailleurs gèrent déjà leur entreprise (coopératives ouvrières des réseaux REPAS, SCOP...). Et quand le présent est inadmissible, le réalisme conduit à se tourner vers des alternatives « utopiques ».