Séville, de lutte en lutte

Après Tomares (134 jours de grève), Aussa (117), l'Université de Séville (58) ou l'AVE – l'équivalent du TGV – (14), la CNT de Séville est devenue célèbre dans la ville à cause de sa combativité, mais surtout à cause de ses très belles victoires. En faisant du militantisme et de l'entraide la base de ses réussites.
Manuela est une travailleuse du service de nettoyage de l'Université Pablo Olavide, dont la lutte pour son respect au boulot (avec parfois des journées de travail de 14 heures) l'a directement envoyée au chômage, alors qu'elle avait un CDI, et que la lettre recommandée annonçant son licenciement disait que « son licenciement n'était pas justifié » ! 
Elle était membre des Commissions Ouvrières, le syndicat le plus riche du pays, mais quand elle a demandé l'aide de ces bureaucrates, ils l'ont « invitée à prendre l'indemnisation et à partir de l'entreprise ». Elle voulait néanmoins lutter pour réoccuper son ancien poste et, pour ce faire, elle a contacté la CNT-AIT.
Là, elle a trouvé l'entraide de toute une organisation prête à lutter avec elle. Et cette lutte était militante ! En février dernier, ils ont organisé 6 manifestations et 14 rassemblements à Séville sur les 28 jours du mois ! Aucun étudiant, aucun travailleur de la fac n'ignorait Manuela et les causes de son licenciement.
Huit mois après son licenciement, elle a réintégré son ancien boulot et il est sûr que la prochaine fois, le patron réfléchira bien avant de la contrarier.
Or, Séville est encore mobilisée. Fatima était caissière aux Supermarchés Plus quand elle est tombée enceinte. Pour mieux s'occuper de son enfant, elle a demandé de changer d'emploi du temps. Mais l'entreprise ne lui a pas répondu. Fatima a donc été obligée d'aller devant un juge, qui a condamné les Supermarchés Plus à donner à la travailleuse les moyens de s'occuper de son enfant. Mais quand la réponse de la chaîne de supermarchés est arrivée, Fatima a été misérablement jetée dehors.
Si ce conflit s'est d'abord développé à Séville, on sait bien que le travail précaire et la discrimination des femmes nous concerne tous. Toute la CNT espagnole est maintenant mobilisée et même ailleurs les anarchosyndicalistes démontrent que, dans ce monde où gouvernants et capitalistes sont liés internationalement, le développement d'une internationale ouvrière capable de répondre n'importe où aux agressions du capital est possible et indispensable.
La FAU-IAA allemande s'est solidarisée avec Fatima. Elle a déjà organisé plus de 50 rassemblements devant des Supermarchés Plus mais il y en a plus de 2.500 dans tout le pays, il faut donc travailler encore. D'autre part, la FAU-CH de Suisse a commencé à s'organiser aussi contre cette chaîne allemande. Malheureusement, l'entreprise n'a pas de magasins en France, mais la CNT espagnole sait bien qu'on est là pour les soutenir de la même façon qu'on sait qu'on peut leur demander soutien si on en a besoin.

Réintégration de Fatima !

Alex, Syndicat intercorporatif de Montpellier
(Le Combat syndicaliste CNT-AIT – pages confédérales – avril/mai 2006 n° 204) Imprimer