Suite au procès intenté par Lipietz et les siens à la SNCF pour son rôle dans la déportation des juifs pendant la seconde guerre mondiale, la condamnation de celle-ci à des dommages et intérêts, suscite bien sûr des réactions.
Nombre de cheminots sont outrés que l'on s'en prenne à la sacro-sainte SNCF comme si le corporatisme leur avait enlevé toute faculté critique. C'est incroyable cette tendance qu'ont les larbins à s'identifier au maître.
Il y a eu de forts noyaux de résistance au sein de la population cheminote, beaucoup furent tués ou déportés pour avoir tenté simplement de se libérer de l'inacceptable. Ils se considéraient avant tout comme résistants ; s'ils avaient été métallos ou paysans ils l'auraient été également. Mais ils étaient cheminots et ils devaient se méfier autant des soldats et policiers allemands qui les surveillaient que de leur propre encadrement qui, au nom du travail bien fait, collaborait en zone occupée avec les nazis et en zone libre avec le gouvernement de Vichy.
Fait aggravant pour la SNCF : de la zone libre, qui subsistera jusqu'en novembre 1942, partirent des dizaines de convois de déportés en transfert vers la zone occupée. Ces convois circulèrent sous le nom de « Transports iapt » (israélites - allemands - polonais - tchécoslovaques) et étaient encadrés par les GMR (Gardes Mobiles de Réserve créés par Vichy).
On peut penser que dans cette zone, où les policiers et militaires allemands étaient absents, la SNCF jouissait au moins d'une faculté d'interprétation des ordres du gouvernement pétainiste si prompt à aller au devant des désirs de l'occupant, particulièrement en ce qui concerne la persécution des juifs. L'interprétation de ces ordres aurait autorisé au moins le freinage des deux pieds dans l'accomplissement de ces « missions sensibles ». Au contraire, le zèle jusque dans la standardisation de la composition des convois montre la SNCF comme une société obéissant servilement aux circonstances et voulant impressionner par son don de l'organisation.
Dans la zone occupée et par la suite quand toute la France fut occupée il était beaucoup plus dangereux de résister et pourtant...
La forte mobilisation montre qu'il y avait des gens courageux et cela ne dédouane pas pour autant les dirigeants de cette entreprise. Il y eut également des dirigeants résistants nous n'en doutons pas, mais après la Libération les épurations aux sommets de la SNCF ne visèrent pas les collaborateurs actifs ou idéologiques avec l'occupant, mais ceux qui avaient pratiqué avec trop de zèle la répression anticommuniste officiellement imposée par une législation spécifique mise en œuvre en 1939 !
Et à l'heure de la reconstruction, le gaullisme et le communisme unissaient leurs forces, avec bien sûr des buts différents !
à l'heure actuelle on s'interroge sur le degré d'opposition des cheminots à certains transports mortifères comme ceux des déchets nucléaires, imposés également par l'état et accompagnés par une compagnie de CRS.