Dans la nuit du 15 novembre 2006 à Levallois, 17 personnes (dont des jeunes scolarisés à Levallois) ont été évacuées par la force de l’immeuble qu’elles occupaient, car celui-ci était jugé insalubre, sans proposition concrète de relogement. Certaines de ces personnes vivaient ici depuis plus de 25 ans et demandaient un logement depuis 1984 ! En réaction, des jeunes de Levallois s’organisent en Mouvement Solidaire pour le Logement
1Coordonnées du Mouvement Solidaire pour le Logement : http://solidaires.blogspot.com/
avec certaines des personnes expulsées et appellent à manifester devant la mairie
2Coordonnées de la mairie : Hôtel de Ville, Place de la République, 92300 Levallois. Tel : 01 49 68 30 00 Fax : 01 47 31 26 73. Pas d’adresse mail sur le site Internet mais la possibilité d’envoyer un message directement sur le site ici : http://www.ville-levallois.fr/eQ_contact1.php3
le samedi 2 décembre. Ils font le tour de diverses organisations syndicales et politiques afin d’obtenir du soutien et de faire connaître leur lutte. Le PS – sous la forme de sa représentante au Conseil municipal – contacté refuse de venir aider le rassemblement, disant que l'opposition c'est eux et que les jeunes peuvent aller se faire voir.
Samedi 2 décembre : Première manifestation organisée par le Mouvement Solidaire et déposée à la préfecture. Une délégation est reçue par la mairie, qui ne donne aucune réponse. Une élue PCF annonce qu'elle enverra une lettre à la préfecture afin d'obtenir d'elle des « logements-tiroirs »... Suite à ce rassemblement, le skyblog [site Internet créé sur le site de la radio RAP Skyrock soi-disant la radio libre numéro un sur le rap : «
total respect, zéro limite » tu parles…] créé une semaine avant afin de lancer l'appel à la manif, a été supprimé sans préavis de la part de l’hébergeur, de même que tous les autres skyblogs faisant référence à cette mobilisation... Le rassemblement étant un succès, l'élue PS rappelle le collectif pour lui dire qu'elle a entendu parler de la manif, que c'est très bien que des jeunes se mobilisent, mais que maintenant il faut arrêter les manifs et laisser faire les professionnels de la politique…
Samedi 9 décembre : malgré un nouvel appel à manif, non déposée cette fois, seule la police municipale est sur place. Les manifestants, contrairement à la semaine précédente, respectent cette fois-ci la volonté d’autonomie du mouvement, car ils ne portent plus d’autocollants organisationnels. En présence de la famille expulsée, nous avons tenté de rentrer dans la mairie ; nous nous sommes fait repousser à la fois par la police municipale et par ses amis sans uniforme (PS, Téléthon...). Sous la pression de ce comité d’accueil, une vitre de la mairie a fini par céder, permettant de faire partager à nos chers élus un peu du froid que subissent au quotidien les mal-logés.
Samedi 16 décembre : c'est le début du marché de Noël dans la cour de la mairie. Nous sommes toujours là. Ce coup-ci, face à nous, la police nationale est bien présente, formant un cordon devant la mairie pour nous empêcher d'approcher. Nous distribuons donc les tracts sur le marché de noël expliquant la situation et demandant le relogement de la famille expulsée à Levallois. La lettre du préfet adressée à la mairie de Levallois est alors lue au mégaphone : celle-ci stipule que la famille doit être relogée à Levallois et pas ailleurs. Le maire a pourtant annoncé à la famille lors de leur dernière rencontre qu'elle devait accepter la proposition de logement à Bois-Colombes, sans quoi la mairie ne s'occuperait plus d'elle ! Par ailleurs, la famille a été « invitée » à ne plus venir lors des rassemblements. Censure et intimidation constituent donc l'essentiel des méthodes de la mairie, qui essaie par tous les moyens d'étouffer l'affaire. Notons également que le préfet ne mentionne que la famille expulsée dans son courrier et pas les autres personnes jetées dehors, qui se débrouillent aujourd’hui entre la rue et l’hôtel et dont personne ne se soucie dans les sphères institutionnelles.
Lundi 18 décembre : Un conseil municipal se tenant ce jour, nous avons décidé de venir y déployer une banderole pour maintenir la pression sur la mairie. En entrant nous avons pu constater que la police municipale était présente en nombre. Nous avons pu assister à une partie du conseil municipal et nous rendre compte de l'emprise totale de Balkany sur l'ensemble du conseil, rejetant avec mépris toutes les critiques venant des rares élus d'opposition, que seules les questions d’impôts locaux trop élevés semblaient intéresser. C'est alors que nous avons silencieusement déployé une banderole « s
olidarité avec les mal-logés ». Balkany agita immédiatement sa clochette dorée afin de suspendre la séance et il demanda aux « forces de l'ordre d'évacuer les perturbateurs ». Les policiers municipaux vinrent pour nous expulser de la salle, nous avons été fermement conduits hors de la mairie, croisant au passage l'élue PCF, qui jouait parfaitement son rôle d'opposante inutile à Balkany, comptant par la même occasion sur ce coup de gueule pour se mettre dans la poche à peu de frais les lycéens en colère. à notre sortie, les agents ont retenu l'un des nôtres dans le bâtiment afin de contrôler son identité, ce à quoi il avait déjà eu droit plus tôt dans la soirée par un policier de la BAC (comme s’il avait changé d’identité depuis…). Nous avons donc déambulé banderole à la main en distribuant des tracts aux bourgeois qui parcouraient encore le ridicule marché de noël. En repartant, nous avons pu voir, sur une vitrine d'une agence immobilière, que la mairie vend un 4 pièces dans ses propres murs pour la modique somme de… 690 000 euros ! Et après, il y en a qui prétendent qu'il n'y a pas de logements vides...
En raison des vacances de Noël, les rassemblements hebdomadaires sont suspendus.
Samedi 6 janvier 2007 : Fin des vacances, reprise des rassemblements. De nouvelles personnes souffrant de problèmes de logements rejoignent la lutte. Rien à signaler de spécial, si ce n’est une petite visite au local de l’UMP tout proche où se tenait une permanence. Une chanson slogan fait son apparition : «
Promenons-nous dans Levallois, tant qu’Balkany n’y est pas, mais si tu veux te loger, tu peux aller te brosser ». Aucun contact avec qui que ce soit de la mairie n’a lieu, le bâtiment étant soi-disant vide d’élu… Un journaliste du Parisien est présent, cela donnera lieu à un article que nous n’avons pu voir.
Samedi 13 janvier : Ce samedi, c’est galette des rois à la mairie. Une fois rassemblés, nous sommes entrés dans la cour de la mairie, comme d’habitude, en criant nos slogans : «
non aux expulsions », «
expulsez la mairie, relogez les sans-logis ». Immédiatement, le maire surgit de la mairie et commença, seul, à nous pousser. Les policiers, tant nationaux que municipaux, lui emboîtèrent le pas et nous expulsèrent manu militari hors de la cour de la mairie pendant que Balkany, en première ligne, y allait de ses intimidations physiques et provocations verbales : «
c’est moi qui fais la police ici », «
t’as vu ta tronche ? ». Il ne manque pas de préciser qu’aujourd’hui il ne peut pas nous tolérer car « il reçoit ».
Les portes n’ouvraient pour la galette municipale qu’à 17 heures. Les gens étaient donc invités à attendre dans la cour, dans des files d’attente. Quant à nous, les policiers nous ont empêchés d’approcher sous prétexte qu’il fallait un carton d’invitation. Nous sommes allés vérifier cette information auprès des braves citoyens qui infirmèrent les propos des policiers.
Nous regrettons la réapparition des étiquettes politiques sur les manifestants cherchant à mettre en avant leur organisation, principalement le PCF. Cerise sur le gâteau, le maire PS de Clichy-la-Garenne est venu nous serrer la main à la chaîne en nous vantant les mérites de sa politique du logement social puis repartit aussi soudainement qu’il était apparu, nous laissant tout pantois devant tant d’opportunisme politicien.
Tout compte fait, nous sommes satisfaits de ce rassemblement : les 200 ou 300 personnes venues pour la galette n’ont pas pu ne pas nous voir et nous entendre, certains très jeunes manifestants étant même parvenus à passer le barrage policier pour distribuer des tracts dans les files d’attente dans la cour de la mairie.
Samedi 20 et 27 janvier, samedi 10 février (Pas de rassemblement le
3sources: http://www.20minutes.fr/article/139007/20070213-actualite-france-Levallois-Perretfait-cadeau-de-231-000-euros-a-Balkany.php
) : Voir sur le blog du Mouvement Solidaire pour le Logement pour les infos.
Lundi 12 février : Pour la deuxième fois depuis le début de la lutte, se tenait un conseil municipal. Comme la fois précédente, nous nous sommes déplacés pour y assister. à notre étonnement, il nous a fallu attendre plus d’une heure dans le froid devant la porte de la mairie avant de pouvoir entrer, car la mairie avait semble-t-il décidé que nous resterions dehors ! La chef de la police nous indique cependant que nous pouvons attendre un peu, car nous pourrions peut-être rentrer plus tard, et profite de ce temps pour nous informer que la prochaine manif non déposée serait considérée comme un délit, et que les policiers agiraient en conséquence.
Au bout de ¾ d’heure, nous commençons à entonner quelques slogans, las de patienter… Un adjoint se présente alors à nous, autorisant l’entrée des personnes majeures dans la mairie… Nous sommes donc invités à présenter notre carte d’identité afin de vérifier notre âge (bien entendu). La ficelle est si grosse qu’on en rie encore : il va de soi que nous refusons de présenter nos papiers. Bref, 15 minutes plus tard, le même adjoint revient, le code civil à la main, tout dépité de n’avoir effectivement trouvé aucun texte de loi justifiant notre interdiction de pénétrer dans la mairie.
C’est qu’il y a très vraisemblablement une explication à tout cela : ce conseil municipal était précisément celui où le seigneur Balkany comptait effacer sa dette envers la commune, à qui il devait la modique somme de 230 000 euros. Comme par hasard, nous avons été autorisés à entrer une fois que le point de l’ordre du jour traitant de cette question était terminé. Voici l’affaire (citation du journal 20 minutes
3sources: http://www.20minutes.fr/article/139007/20070213-actualite-france-Levallois-Perretfait-cadeau-de-231-000-euros-a-Balkany.php
) : «
Le 7 mai 1996, Patrick Balkany avait été condamné par le tribunal de grande instance de Nanterre, jugement confirmé en appel et en cassation, à 15 mois de prison avec sursis, deux ans d'inéligibilité, 30 000 euros d'amende et près de 120 000 euros de dommages et intérêts, « pour avoir affecté trois agents municipaux de la ville de Levallois-Perret à son usage personnel », selon un communiqué d'Olivier de Précigout, conseiller municipal UMP d'opposition. Par ailleurs, la justice administrative l'a également condamné à rembourser à la ville environ 524 000 euros, représentant les salaires des trois agents communaux sur la période durant laquelle ils ont travaillé pour M. Balkany, et 230 865,57 euros représentant les intérêts de cette somme. » Après quelques dizaines de minutes passées dans le Conseil municipal, et la menace par Balkany de terminer le conseil à huis clos à cause de la relative agitation qui mouvait l’assistance par moments, nous décidons de partir de nous-mêmes. Madame Balkany, première adjointe au maire, nous invite à revenir une fois suivante « pour prendre des leçons d’éducation civique ». C’est vrai, faire disparaître 230 000 euros de condamnation grâce aux finances publiques, c’est un bel exemple de civisme. Merci Balkany à l’heure qu’il est, nous savons qu’une famille se débrouille pour se loger chez des amis, et une autre a été relogée de façon provisoire dans la ville voisine de Clichy-la-Garenne, dans un logement qui est bien trop petit par rapport à ses besoins.
En raison des vacances, les rassemblements sont suspendus, mais nous appelons dores et déjà à la reprise de ceux-ci dès le samedi 10 mars à 15 heures, devant la mairie de Levallois (métro ligne 3, station Anatole France).