Ricardo Flores Magon

Ricardo Flores Magon est né en septembre 1874 dans l'état d’Oaxaca au Mexique. Il écrit dans un journal d'opposition tout en continuant ses études de juriste. Comme tout opposant à la dictature de Diaz ¹Diaz est président du Mexique de 1876 à 1911. , il est régulièrement arrêté. En 1900, il participe à la création de Regeneracion, journal indépendant radical. Celui-ci paraîtra jusqu'en 1918 malgré les nombreuses interdictions à paraître, les fréquents saccages des locaux et les difficultés financières.
En 1903, la Cour suprême du Mexique interdit la parution de tout article signé Ricardo Flores Magon. En 1904, les rédacteurs de Regeneracion s'exilent aux États-unis. Les allers et venues entre le Mexique et les États- Unis seront le lot de tous les adhérents du Parti Libéral créé en 1905, dont Ricardo Flores Magon est le président, allers et venues entre le travail aux champs, la rédaction d'articles, l'édition du journal, sa distribution (tirage : 30 000 exemplaires en 1905), la fuite devant les autorités et les prisons.
La tête de Ricardo Flores Magon est mise à prix aux États-unis. Sa valeur augmentera au cours des années. Tandis qu'apparaissent les prémices de la révolution mexicaine (émeutes, grèves et réappropriations des terres), la devise initiale du Parti Libéral (Réforme, Liberté et Justice) devient Terre et Liberté en 1910.
Les Libéraux participeront aux combats révolutionnaires dans les états de Sonora, Tlaxcala, Vera Cruz, Oaxaca, Morelos, Durango et du Chihuahua. En décembre 1910, Regeneracion incite les paysans à se saisir des terres : « Les gouvernements doivent protéger le droit de propriété par-dessus tous les autres droits. Donc n'espérez pas que Madero ²Madero, leader politique réformiste et opposant à Diaz sera président du Mexique en octobre 1911. Il sera assassiné un an et demi plus tard. attaquera le droit de propriété en faveur du prolétariat. Ouvrez les yeux. Souvenez-vous d'une devise, simple et vraie, et d'une vérité indestructible, l'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » En mai 1911, Madero envoie les troupes réprimer celles du Parti Libéral en Basse Californie. Les révolutionnaires font appel aux prolétaires du monde entier. Les anarchistes français Grave et Froment jugent la révolution mexicaine non-conforme à la révolution sociale anarchiste. Kropotkine prendra leur défense partout où il le pourra.
Réfugié aux États-unis, Ricardo Flores Magon est une fois de plus emprisonné. Emma Goldman et Alexander Berckman font campagne pour sa défense et réunissent des fonds pour payer sa caution. C'est lors d'une autre détention qu'il meurt en 1922 dans la prison de Leavenworth au Kansas (États-unis).
Opposant à Diaz, opposant à Madero, à Huerta et à Carranza ³Succession des présidents du Mexique de 1876 jusqu'à Obregon en 1920. , il intéresse fortement Obregon qui cherche à donner à sa légitimité une caution révolutionnaire. Ricardo Flores Magon refusera toute aide de sa part, ni pension ni libération anticipée. Des cheminots américains paieront de leur poche le rapatriement de son corps au Mexique, afin que rien ne soit dû à l'État.