Le congrès international anarchiste d’Amsterdam

Le congrès qui se déroule à Amsterdam du 26 au 31 août 1907, peut être considéré comme le premier congrès anarchiste international.
 l'époque, les anarchistes sont en minorité dans le courant socialiste international. La majorité des socialistes, se réclamant de Marx, connaissent une évolution social-démocrate au sein de la seconde Internationale. Dans la dernière décennie du XIX° siècle, la tendance social-démocrate est suffisamment forte pour exclure la minorité anti-autoritaire et révolutionnaire de la deuxième Internationale.
C'est lors des congrès de Zurich (1893) et de Londres (1896) que se mène la bataille qui entraîne l'exclusion assumée des minoritaires. Â l'occasion de ces rendez-vous, les militants anti-autoritaires mènent des conférences parallèles où ils commencent à s'organiser. Mais ce n'est que 11 ans plus tard, après l'échec du congrès interdit de Paris en 1900, que les révolutionnaires se retrouvent, à Amsterdam, pour ce congrès qui est le premier à se déclarer "congrès international anarchiste ".
 l'initiative de militants belges et hollandais, le congrès réunit des délégués allemands, anglais, tchèques, italiens, autrichiens, américains, suisses, russes, français tandis que des représentants sud-américains et espagnols sont excusés. Parmi les participants, on compte des personnalités importantes du mouvement anarchiste international comme Malatesta, Rocker, Fabbri, Schapiro, Pierre Ramus, Cornelissen, Goldmann, Monatte et Broutchoux ou encore Dunois. Plusieurs débats marquent l'histoire de la pensée anarchiste.
Le premier concerne le thème de l'organisation. Alors que les tendances anti-organisatrices sont encore vives, le congrès parvient à faire admettre la validation d'un bureau de l'Internationale anarchiste. Cette première tentative d'organisation internationale anarchiste n'a pas connu le succès espéré. Un nouveau congrès aurait dû se tenir en 1909 mais il est repoussé constamment, pour être finalement fixé du 28 août au 5 septembre 1914.
Le second débat du congrès d'Amsterdam concerne les relations entre anarchisme et syndicalisme et est marqué par l'affrontement Malatesta/Monatte. Monatte défend l'idée que le syndicalisme se suffit à lui-même, qu'il est, par essence, révolutionnaire et doit rester neutre sur le plan politique. Le syndicalisme révolutionnaire est considéré comme la continuité du socialisme et de l'anarchisme qui l'ont précédé. Malatesta conteste l'idée que le syndicalisme soit révolutionnaire. Pour lui, c'est un organisme réformiste par essence, nécessaire pour les ouvriers mais pas suffisant. Les anarchistes doivent militer en son sein et diffuser leurs idées.
D'autres interventions ne posent pas Le problème en ces termes. Pour Cornelissen, il est difficile de constater, au niveau international, un syndicalisme neutre, et il avance l'idée qu'il faut parler de syndicalismes, au pluriel. De cette réflexion va naître la pensée anarcho-syndicaliste Quelques années plus tard, théorisée, elle se traduit par la refondation de l'AIT (1922), en réaction à la création de L'internationale des syndicats rouges.

CLE-UPPA CNT-AIT Pau
(Le Combat syndicaliste CNT-AIT – pages confédérales – octobre/novembre/décembre 2007 n° 213) Imprimer