On ne se couche pas devant le nucléaire

Le samedi 17 mars dernier, avaient lieu 5 manifestations contre l’EPR, en France. Nous étions présents à Lille, à 25 personnes derrière la banderole « Arrêt Immédiat du Nucléaire » de la CCSN (Coordination Contre la Société Nucléaire) avec distribution d’un tract, table de presse et bien entendu « projection - débat ». Ceci est particulièrement important pour parer aux manifestations spectacles avec sonos qui nous empêchent de discuter pour envisager des actions plus conséquentes. Malgré un bon accueil de nos tracts et la dévalisation de notre table de presse, il est navrant de constater que notre débat n’a pas déplacé la foule. On se retrouve avec des manifestants dirigés sur des actions spectaculaires comme le dépôt de boîtes de conserve, la marche arrière, ou encore à se coucher après le retentissement d’une sirène, soi-disant pour « imiter les opposants aux transports de déchets radioactifs ».
A Lille nous n’avons pas laissé leur initiative sans réponse et c’est par un vibrant « Debout, debout vieux révolutionnaire » que nous avons entamé le Triomphe de l’Anarchie, entrecoupé d’autres slogans comme celui de « Ni nucléaire, ni éco-capitalisme », renvoyant ainsi les énergies alternatives à leur propre place. Cette critique des énergies dites propres est indispensable tant l’illusion est forte même dans les rangs de libertaires et c’est certainement une des raisons de leur boycott de notre débat à Lille.
Une autre critique s’impose aussi, c’est celle de la culpabilisation des individus sur leur propre consommation et l’action limitée pour l’Alliance pour la Planète, en est l’exemple le plus achevé. Ce n’est pas une réflexion sur la vanité de notre civilisation qui se développe, mais bel et bien un déplacement des problèmes inhérents à la société industrielle sur l’ensemble d’une population totalement écartée d’un choix possible. L’article de nos camarades de l’Essonne retrace bien ce « citoyennisme nécessaire pour faire fonctionner le nucléaire ».
Pour terminer sur les illusions nécessaires à la poursuite du nucléaire et du capitalisme, il faut relater l’exemple de la Suède qui a, par référendum, renoncé au nucléaire en 1980 mais qui n’en est toujours pas sortie. Là aussi la poudre aux yeux s’avère un bon moyen pour faire durer la société capitaliste et le nucléaire s’il est nécessaire à son fonctionnement
. Le tract de la CCSN a été diffusé dans les cinq villes et le deuxième numéro de la coordination est sorti. Nous continuerons le combat antinucléaire contre les jaunes du « Réseau Sortir du Nucléaire » sans nous illusionner sur nos forces réelles faibles et en reliant sa sortie à un changement radical de société.

Michel, Syndicat intercorporatif d’Amiens, Collectif Libertaire ANtinucléaire Amiénois(CLANA)
(Le Combat syndicaliste CNT-AIT – pages confédérales – janvier/février 2008 n° 214) Imprimer