Ne nous couchons pas devant le nucléaire !
Le 7 juillet dernier, le Réseau Sortir du Nucléaire appelait à un rassemblement Place de la République suivi d’une manifestation. Ceci afin, semble-t-il de peser sur la future présidence française à la tête de l’Europe pour s’opposer à la relance du nucléaire.
Nous y avons tenu une table de presse et distribué le tract qui suit. Il est à noter que notre présence critique n’a pas suscité de réactions hostiles et que nous avons eu de bons échanges. On peut tout de même se réjouir que lors de cette manifestation un grand nombre de personnes aient refusé de se coucher par terre comme on les invitait à le faire. Il nous semble toujours utile d’aller à ce genre de rencontre car manifestement au vu des discussions et des retours de courriers, des personnes de bonne volonté sont au Réseau plus par défaut que par convictions. Ces gens là, à l’inverse des gens de pouvoir présents également dans ce Réseau ne sont pas nos ennemis.
CNT-AIT Essonne
Après avoir répandu partout dans le monde le modèle progressiste d’une consommation sans limite des énergies, ses promoteurs s’aventurent à nous délivrer de celles-ci en nous promettant un avenir radieux-actif fait d’énergie nucléaire et d’autres technologies futuristes.
Avec le scandale des « sur-irradiés » des hôpitaux de Toulouse et d’Epinal, les inconditionnels de l’énergie nucléaire dite civile et thérapeutique ne peuvent pourtant plus masquer les incidences parfois mortelles d’une utilisation médicale banalisée. Quant aux contaminations découlant d’essais nucléaires militaires, elles confirment ce que les hommes de bon sens avaient déjà exprimé : la radioactivité ne se cantonne pas aux personnes exposées mais se transmet à leur descendance.
La seule raison d’être de la société nucléaire c’est de nous rendre totalement dépendants de ses spécialistes, de ses bureaucrates et de ses militaires : que ce soit pour le confinement des populations contaminées en cas de catastrophe, pour la connaissance des contaminations induites par les rejets (autorisés ou non) et les « soins médicaux », ou encore pour la gestion des déchets sur plusieurs générations.
La société nucléaire, ce n’est pas le (néo-)libéralisme que se plaît à décrier la canaille gauchiste, c’est l’étatisme : la gestion et le contrôle, bientôt durables, de toute la vie sociale.
Ce n’est pas sans raison que le nucléaire s’est imposé en France bien plus qu’ailleurs après la Deuxième Guerre mondiale : grâce à un parti communiste fort, aux ordres et fasciné par les prouesses technologiques de l’URSS, grâce à la courroie de transmission cégétiste qui contrôlait la production et les producteurs, les gouvernements successifs n’ont eu aucun mal à se doter de la plus fantastique infrastructure de mort qui soit.
1er, 2è, 3è (EPR) ou 4è génération, c’est de tout temps la filière nucléaire qui à chaque nouvelle étape promet aux « citoyens » plus de sécurité et à moindre coût grâce au « retour d’expérience », expression suffisamment vague qui signifie en réalité que les irradiés d’hier et d’aujourd’hui seront de grande utilité aux irradiés de demain et que les catastrophes nucléaires de Tchernobyl ou Three Mile Island, etc., nous serviront pour gérer les futures catastrophes de Fessenheim, Gravelines ou Flamanville, etc.
Les opposants ne doivent pas se leurrer : on ne sortira pas du nucléaire en se limitant à des gesticulations citoyennistes (pétitions, lobbying, élections, etc.). L’illusion politicienne, qu’elle soit verte, « néo-rouge » ou décroissante, doit être balayée. Le coût des nuisances – visibles, inconnues ou niées – devenant exorbitant pour la société, les « autorités » seront amenées à n’en traiter qu’une partie : là seulement où pourront se déployer des activités économiques rentables.
L’État, sarkozyste ou autre, a besoin de pseudo-contestataires pour faire passer ses choix. Le « Grenelle de l’environnement » a d’ailleurs bien fait apparaître les os à ronger que le système capitaliste est prêt à leur concéder, même si la question nucléaire a été provisoirement éludée.
Il n’y aura pas de sortie du nucléaire sans que nous mettions nous-mêmes :
- un terme à l’industrialisation qui ruine nos possibilités de survie et rend le travail, dont elle prétendait nous libérer, toujours plus insupportable ;
- au rancart les prothèses technologiques (internet, téléphones portables, etc.) qui nous séparent et nous fliquent sous prétexte de nous « protéger » ou de nous « émanciper » ;
à plat ce que nous voulons réellement produire et vivre.
Des réunions débats devraient avoir lieu courant septembre et octobre prochain pour discuter des perspectives et des luttes.
Si vous êtes intéressés contactez-nous à : Coordination contre la société nucléaire c/o CNT-AIT, BP 46 – 91103 Corbeil cedex
Coordination contre la société nucléaire
(Le Combat syndicaliste CNT-AIT – pages confédérales – septembre/octobre 2008 n° 217)