Ni privatisation, ni soumission aux politiciens

« Le coup de fil de Paris à New-York permet l’acheminement de la lettre au fin fond du Massif Central pour un coup identique dans toute la France ».
C’est cette idée de service public qui ne règle pas les inégalités sociales du système capitaliste mais en réduit certaines conséquences qui prévalait à l’origine dans l’administration d’État qu’était les PTT ( puis PT Espace).

Les socialistes dans leurs basses œuvres : En 1990, l’équipe Quilès – Rocard grâce à un débat public organisé par H. Prévot va réussir là où tous les gouvernements précédents avaient échoués : les PTT sont éclatées en deux établissements distincts avec des régressions sur « le grade distinct de l’emploi », « les mutations », « l’avancement à l’ancienneté » et « la possibilité de recrutement de personnel de droit privé en 91 ». En 1996 la droite poursuivra la voie libérée avec l’ouverture du capital des Télécoms que le retour aux affaires de la Gauche en 1997 confirmera avec la transformation du statut en Société Anonyme où l’État reste majoritaire.

Le statut dégagé, c’est ensuite le tour des horaires : C’est encore les socialistes avec la loi Aubry dite ARTT (Aménagement et Réduction du Temps de Travail) qui vont faire prendre aux postiers (ou plus exactement aux syndicats) des vessies pour des lanternes, faisant éclater les brigades traditionnelles, supprimant certaines pauses, les départs anticipés gagnés par les luttes souvent « sauvages », réorganisant les services pour une plus grande productivité avec des embauches fantômes ou au rabais. Là aussi l’apparence a occulté la réalité et peu de centres ont compris les enjeux à de rares exceptions comme au CTC d’Amiens où les agents ont fait grève pendant plus d’un an, le vendredi, sur une plate-forme revendicative élaborée après de multiples AG par tout le personnel dans les réunions avec la direction locale. Malheureusement les agents de la nuit ont participé très minoritairement au mouvement et c’est sans soucis que la direction remet maintenant en cause les deux nuits sur quatre.

Lutte de cons et piège à classe : Alors que les politiciens ont démontré depuis longtemps qu’ils étaient tous d’accord dans la gestion du système capitaliste et de la Poste en particulier, voilà que des « syndicalistes » se font les porte-voix d’un projet de référendum sur l’ouverture du capital. Les postiers se doivent de reléguer cette position citoyenniste au rang des manipulations politiciennes qui pourrissent l’autonomie du mouvement ouvrier. Nous n’avons pas à redorer le blason des hommes politiques ou encore à aider d’autres à faire carrière.

Quand un rêve de technocrate devient un cauchemar pour le postier : Il n’est plus possible de croire aux bienfaits des machines, le temps de travail n’a pas été réduit, la perte d’emploi est gigantesque, les conditions d’exploitation nous ont individualisé et soumis à une technologie implacable et maîtresse des rythmes. Et ce n’est pas la triste joie de jeunes contractuels, abandonnant leur pause pour faire tourner leur jouet qui nous fera préférer la machine à l’homme (ou à la femme). L’informatique n’est pas limité aux fichages policiers, il envahit toute notre vie. Au regard de ces infernales conditions déshumanisées, le tri manuel peut être considéré comme un luxe. Et pour bien marquer nos esprits vers cette marche inéluctable vers le « progrès », les casiers manuels sont relégués, dans certains centres, dans des salles sans fenêtres. Sans oublier que notre droit de grève est ici réduit puisqu’un courrier déposé à Paris pourra être traité à Marseille et retourné dans un centre supplétif pour y être acheminé.

Perspective pour sortir de l’impasse : Il est indispensable de trouver des revendications unifiantes avec d’abord un seul statut de fonctionnaire pour tout le monde.
- Refus de l’automatisation comme cause et conséquence de la dégradation de nos conditions de travail et de la qualité de service.
- Discussion sur ce que pourrai être un service postal débarrassé des impératifs du système capitaliste privé ou étatique.


Pour ça une unique solution :
la grève générale


Section CNT-AIT des PTT
8 rue des cordeliers , 80000 Amiens
(Le Combat syndicaliste CNT-AIT – pages confédérales – septembre/octobre 2008 n° 217) Imprimer