C’est à longueur de colonne dans la presse confédérale qu’a été dénoncée la précarité sous toutes ses formes et en particulier le développement de l’intérim (voir entre autre, le CS n° 161 juillet/août 1998, « intérim un point sur la situation » par un adhérent de la CNT-AIT de Caen et aussi, CS n° 169 Janvier/février 2000, « L’Hypocrisie, ça suffit » par V. Célestin de la CNT-AIT de Pau).
Et aujourd’hui patatras ! ! ! ! C’est les boîtes d’intérim elles mêmes qui seraient (d’après la presse et la radio) à deux doigts de mettre la clé sous la porte. Bien souvent, les chroniqueurs de tous bords semblent oublier qu’avant les collaborateurs (que le terme est charmant !) d’Adecco et autres Manpower, ce sont les intérimaires eux mêmes qui se retrouveront les premiers à la rue.
Situation gravissime si vous vivez dans une ville livrée à la « mono industrie » comme Sochaux à la « Peuge » par exemple, car dans ce cas là l’on peut imaginer que les solutions seront rares pour garder la tête hors du seau.
Chez nous, apparemment rie de tout ça, aux pieds des Pyrénées, la règle veut que l’on se montre discret.
Eh Pau! Sa Section Paloise bonne équipe de rugby de milieu de tableau Pro D2, son Pau Football Club dans la panade, son Elan Béarnais (basket) dans la panade aussi, sa madame le maire « socialiste » (là, d’énormes guillemets) « fraîchement » élue, après des dizaines d’années à faire sa béni-oui-oui ! Dans l’ombre de sa majesté André Labarrère « par trop tôt disparu ». Ah Pau ! Et ses manifs de fonctionnaires bons enfants, où l’on peut venir en famille, une autre façon de visiter la ville, avant d’aller au restaurant. Décidément, il y a des jours comme ça où cette ville me donne envie de gerber ! ! ! L’on peut donc facilement imaginer qu’au milieu de tout ça, les intérimaires palois qui ne se font pas virer d’un sous-traitant de l’aéronautique par exemple, ne viendront pas frapper à la porte de la CNT-AIT, quelle erreur, afin de lutter avec nous. Pour les plus conscients, après avoir gueulé un bon coup au bureau de leur boîte, ils claqueront sèchement la porte (du moins je l’espère) et iront en suivant se faire arnaquer par la CGT où l’on a toujours une carte à vendre. Pour les autres, quand on a pris l’habitude de la fermer, l’on continue. Ceux-là me font évidemment penser aux couillons biens souvent rencontrés lors des diffs devants les ANPE (avec un S) de cette ville et qui me soutenaient mordicus malgré mes doutes, qu’être intérimaire est une situation formidable : « l’on a la liberté et, qui plus est, l’on gagne plus ». Décidément, la connerie n’a pas de limite.
Pour ma part, dans mes rêves les plus fous et les plus saugrenus, je m’attends à voir fleurir sur les vitrines d’arobase de « Reflex de 64/40 » et autres « ait intérim » les affichettes suivantes « grande solde avant liquidation totale », « moins de 50 % avant fermeture » etc. Pour une conclusion plus sérieuse, je redonne la parole aux deux compagnons de la CNT-AIT précités.
Pour l’adhérent de l’Union Locale de Caen : « La question du partage du travail (réduction du temps de travail vers 30 heures) et des richesses (relèvement des bas salaires et création d’un revenu garanti au SMIC ou s’en rapprochant) ainsi que celle de la grève générale reste donc plus que jamais d’actualité ». Pour V. Célestin de Pau : « Que de colères rentrées, que de talents gâchés, que de vies brisées, je ne suis pas sûr qu’un autre monde soit possible, mais une chose est sûre, il est nécessaire. »
On les aura ! ! !