27 ministres européens réunis à Vichy pour le Sommet sur l’immigration et l’intégration. Troisième réunion interministérielle concernant l’immigration en Europe qui sera décisive puisque à son issue la « directive de la honte » sera discutée et décidée...
Cusset. Lundi 3 Novembre, 17h, devant le lycée Albert Londres, les manifestants arrivent doucement. On attend tranquillement avec une certaine boule dans le ventre. On sait que la manif ne sera pas de tout repos.
De plus, les manifestants venant des quatre coins de la France ont subi une grosse pression policière. Les camarades de Grenoble, ont été stoppés dès la montée du bus et contrôlés par deux fois, une fois à l’extérieur et une fois à l’intérieur. Nos libertés de manifester sont-elles encore à l’ordre du jour ? Il est clair que non ! Outre des contrôles plus que rigoureux, certains bus auraient été stoppés ou du moins bien ralenti.
Petit à petit, les groupes se forment, les gens affluent, quelques autonomes arrivent par ci par là, des gens de la FA, afin de gueuler leurs profonds dégoûts de cette politique de la honte. Des banderoles comme « HORTE-FUCK » se dressent.
Ainsi, environ 2000 personnes commencent lentement à arpenter les rues de Cusset vers le centre ville de Vichy. Il est clair que l’objectif est de se rapprocher le plus de l’opéra-congrès.
Nous commençons à distribuer nos tracts aux personnes hagardes qui siègent sur les trottoirs de Vichy en quête d’explications sur tout ce bordel. Et oui, le gouvernement, aidé notamment des médias qui comme souvent sont entrés dans leur jeu, s’est bien abstenue de médiatiser ce sommet. D’ailleurs, l’organisation du sommet s’est bien entendue fortuitement très bien goupillée avec la date des élections américaines. Autant dire que pour les médias le choix s’est fait très vite ! Ainsi, on s’aperçoit très vite que la population vichyssoise en est la première victime !
Mais, tout cet élan est stoppé très rapidement. Nous arrivons devant la grille de CRS et là premier jets de bombes de gaz lacrymogènes. La manif se disperse dans les rues adjacentes et alors commence une course poursuite où l’objectif des CRS est de nous faire reculer en dehors du centre ville. Schéma classique mais nous ne nous attendions pas à une dispersion si rapide et si brusque. Nous attendons et là c’est reparti, ils approchent. Nous marchons à reculons vers la gare là où vont être renversées des barrières en guise de barricades. Et puis quelques minutes plus tard, on s’aperçoit que les CRS arrivent très vite, mais la manif n’est pas finie, on s’écarte doucement. On ne va pas se mettre à courir comme du gibier qu’on pourchasse ! On passe un pont, une jeep crame, une vitrine de magasin éclate, la tension monte.
Puis pour faire face à cette traque musclée, nous commençons à chanter la Semaine sanglante et on nous suit. Un lien étroit se forme entre les manifestants mais on sent la tension et le manque d’organisation. Pendant ce temps, les CRS nous encerclent et on arrive alors à l’espace Chambon, là où les organisateurs du contre sommet se sont auto proclamés organisateurs de la manifestation (« si nous n’avions pas organisé la manif, vous ne seriez pas là »). Alors qu’est-ce qu’on va foutre là-bas ? On n’a pas le choix, les flics nous parquent. On apprend que des camarades ont été arrêtés dans l’émeute. Alors, avec l’envie de dire à ces gens que nous ne sommes pas d’accord avec leur façon de parloter gentiment sur le sort des personnes, qui elles sont déjà en prison, pendant qu’à quelques mètres de là ceux qui décident pour nous le font très bien et méprisent nos voix ! On s’écrie « el pueblo unido avanza sin partido » (le peuple uni avance sans partis) ou « libérez nos camarades ». Nous distribuons en même temps nos tracts qui sont bien en cohérence avec ce qu’il se passe (ils parlent notamment de la récupération du mouvement des sans-papiers).
Une annonce est passée au micro pour motiver les gens à partir bloquer le commissariat de police centrale. La solidarité entre manifestants n’a pas l’air d’effleurer l’esprit des biens pensants !
Un groupe tente alors de passer la rue vers le commico mais la BAC est déjà là et nous tire dessus à coup de flash ball. La panique s’empare de la motivation. Une barricade enflammée voit le jour, les pompiers arrivent, éteignent le feu. La barricade perdure, certains commencent même avec un élan un peu trop passionné à briser la rue pour en faire des pavés.
Certains réussiront à passer et à rejoindre le centre ville. Selon certains témoignages, ils seraient allés devant le commissariat pour soutenir les camarades emprisonnés.
Ajoutons que vers deux heures de matin sur le camping réservé au manifestants (mise à disposition par la mairie de Cusset), une brigade de flics bien énervée est venue déloger en bonne et due forme les manifestants dormant tranquillement ou discutant paisiblement. Leurs tentes ont été démontées, certains ont reçu des coups et les chiens auraient été lâchés afin de bien les impressionner. Aucune arrestation n’a été effectuée mais ils ont eu une bonne trouille, ce qui était l’objectif bien entendu ! On peut tout de même se demander quel était la légitimité des flics ? Était-ce un ordre reçu en plein milieu de la nuit ? Étrange, non ? Cette action coup de poing ne serait-elle pas plutôt dans le but de « casser du jeune ou du manifestant » ? Bref, on ne saura pas sans doute pas mais de fait les forces de l’ordre méritent bien leur dénomination, une fois de plus !
Ce qui s’est passé ce lundi marquera les esprits par son caractère autoritaire. Comment ne pas être révolté par la non reconnaissance des contestations, par la censure de la presse, par l’artillerie lourde de l’État français, par les politiques fascistes de toute l’Europe. Quelle est la limite entre un État oppresseur et un État dictatorial qui nous tuent ! ! Vichy a été le théâtre d’actes liberticides de la part de l’État et nous en avons été les victimes de prés ou de loin.
Mais le combat contre les politiques d’immigration « choisies » qu’ils veulent mettre en place continuent et ne se détricotent pas. Bien au contraire, pendant le sommet, tout ce qui a été planifié par le ministère français a été accepté par tout les autres pays européens.
En France, tout nouveau migrant devra dés son pays d’origine se soumettre à une évaluation de sa connaissance en français et à une formation le cas échéant.
Ce qui va plus loin, c’est la prérogative du ministre à mettre en avant la pédagogie des valeurs par des tests, mis en place pour les personnes désirant venir en France. La connaissance de la Marseillaise sera évaluée sur ce qu’elle signifie ! Mais où veulent-ils aller ? Qui en France donne une importance réelle à cette chanson ? Quand le ministre déclare « la politique d’intégration repose sur un équilibre entre les devoirs et les droits des migrants » Ne pourrait-on pas s’interroger sur les droits et les devoirs des politiciens qui ne donnent plus aucune importance aux voix de ceux qui descendent dans la rue ! Il me semble que leur définition de droits et devoirs est bien relative !
Ajoutons que l’accompagnement des migrants dans leur vie de tous les jours se fait par la biais d’association qui vont voir leur crédit encore diminué (195 millions à 78 millions en 2009). On assiste encore à un désengagement de l’État sur le terrain, qui ne propose pas de solution et qui veut simplement durcir un système déjà bien huilé...
Durcir un système bien huilé ça ils savent le faire, alors face à ces États qui négocient et inventent des processus d’exclusion de plus en plus fort, qui travaillent à une discrimination de toutes et tous, qui ferment les frontières de nos pays comme des propriétés bien gardées, il faut réaffirmer la solidarité entre tous, entre travailleuses et travailleurs et continuer à lutter ensemble.