Ce mois-ci sera célébré le centenaire de la charte d’Amiens. La plupart des syndicats s’en réclament, soit pour la vider de son contenu subversif (« lutte sans concession contre les patrons et un état-providence »), soit pour se donner une caution révolutionnaire. On a pu voir, lors du mouvement anti-CPE du printemps dernier par exemple, les syndicats empêcher la mobilisation et l’organisation des salariés. Pourtant, le sentiment d’injustice est à l’origine de luttes à plusieurs niveaux (économique, politique, idéologique) : ainsi les manifestants anti-CPE se sont mobilisés contre un contrat de travail discriminatoire ; ainsi des collectifs se sont formés pour lutter contre l’expulsion d’enfants et d’adultes sans papiers ; ainsi des cheminots ont résisté, entre 1939 et 1945, à la politique collaborationniste de la SCNF ; ainsi en Argentine des travailleurs gèrent eux-mêmes les entreprises qu’ils ont récupérées pour sauver leur emploi et survivre ; ainsi Chantal, de Saint-Nazaire, est toujours en procès avec son employeur pour avoir dénoncé la maltraitance envers les pensionnaires de l’établissement médico-psychologique où elle travaille ; ainsi les travailleurs de Mercadona en Espagne sont en grève depuis 6 mois par rapport à leurs conditions de travail déplorables ; ainsi les employés municipaux de Blagnac ont obtenu par leur action une amélioration des conditions des plus bas salaires. Si ces différents mouvements révèlent une conscience de classe émancipatrice, déjà acquise ou émergente, des luttes restent à mener contre d’autres types d’aliénation...