L’absence d’articles relatifs aux élections n’est pas un choix éditorial délibéré, mais sans aucun doute le reflet du sentiment général qui domine dans notre syndicat: qu’on en finisse et qu’on passe aux choses sérieuses les luttes. Nous n’avons aucune envie de nous laisser enfermer dans le piège béant du choix du moins pire. Il est hors de question pour nous de choisir notre exploiteur ou notre ennemi de classe. Quel qu’il soit, ou qu’elle soit, de droite ou de gauche nous savons que nous n’avons rien à attendre de celui qui paré des oripeaux du pouvoir, continuera à servir la soupe au patronat et à remplir les charters de nos frères « sans papiers ». Nous ne soutiendrons pas plus ceux qui se réclament des ouvriers ou de la gauche de la gauche, les messies à moustaches, les communistes de tous poils, ceux qui contribuent à nous faire croire que cette grand-messe est importante ou qu’elle peut changer quelque chose à notre vie. Rien ne changera si nous ne l’imposons pas par un rapport de force, nous savons tous que nous serons les seuls acteurs de notre émancipation. Nous ne pensons même pas que la conquête du pouvoir par les exploités, aussi improbable qu’elle soit, puisse nous rapprocher d’une quelconque émancipation, le système capitaliste et la démocratie représentative ont montré leur capacité à intégrer tous ceux qui ont pris le risque de jouer avec leurs règles biaisées. Enfin, le vingtième siècle et ses dictatures rouges sont encore trop proches pour que nous puissions faire confiance à ceux qui nous promettent de rendre le pouvoir au peuple après l’avoir usurpé. Nous ne voulons pas le pouvoir, nous nous méfions comme de la peste de ceux qui le désirent et nous combattrons toujours ceux qui le possèdent, jusqu’à la destruction de l’état et son remplacement par la démocratie directe et le fédéralisme. Quand le cirque sera terminé, quand les promesses seront oubliées, nous souhaitons retrouver dans la rue, les usines, les écoles, les bahuts, les ANPE tous ceux qui aspirent à « autre chose », qu’ils aient voté ou pas, pour combattre les politiques anti-pauvres, anti immigrés qui ne manqueront pas d’être imposées. Mais nous serons aussi dans les luttes pour proposer d’autres fonctionnements, pour que nous puissions nous réapproprier nos luttes contre ces autres usurpateurs que sont les bureaucraties syndicales qui, complices et zélés serviteurs du système, ont tout fait pour faire respecter la trêve pendant les élections.