Les brutes ne prennent pas de vacances. Profitant des vacances scolaires qui privent les associations et les différents réseaux de solidarité d’une partie de leur réactivité, les sbires du ministère infâme de l’Immigration et de l’Identité Nationale poursuivent leur tâche méthodique. Arrêter, incarcérer, expulser. Il « faut » 25 000 expulsions cette année et les mauvais élèves se feront taper sur les doigts. Inutile de préciser que les préfets détestent passer pour de mauvais élèves, ils mettent donc les bouchées doubles et font du zèle, la prochaine promotion est à ce prix. Il « faut » expulser des familles, qu’à cela ne tienne, on installe dans les centres de rétentions des salles de jeux – avec des barreaux ou des vitres blindées, il y a même des tables à langer, on a pensé à tout !
Arrêter la machine semble aujourd’hui au dessus des forces militantes qui se mobilisent, mais résister, gripper l’engrenage de l’expulsion reste possible ponctuellement comme le montrent les quelques témoignages que vous pourrez lire ci-contre. Tout est bon ou presque pour empêcher les expulsions, recours juridiques, solidarité matérielle pour organiser la clandestinité, manifs, harcèlement des autorités décisionnaires, tout dépend de la situation et des forces sur lesquelles on peut compter. On peut parfois avoir l’impression de vider la mer avec une cuillère, c’est vrai, mais c’est oublier un peu vite que ces résistances emmerdent considérablement les tenants de cette politique. Il n’y a qu’à considérer l’acharnement du gouvernement à l’encontre d’un réseau comme RESF pour se persuader qu’ils préfèreraient expulser en toute tranquillité.
En fin de journal vous trouverez deux textes publiés dans la cenerentola, un mensuel libertaire italien auquel collaborent les copains de l’USI – la section italienne de l’AIT. Pour conclure un texte de Camillo Berneri, anarchiste italien qui préféra s’exiler lorsque Mussolini prit le pouvoir. Il s’engagera dans les colonnes de la CNT pendant la révolution espagnole, sa liberté de ton et ses critiques envers la mainmise des Staliniens sur la révolution lui vaudront d’être assassiné par des agents soviétiques avec un de ses amis, Francisco Barbieri le 5 mai 1937 à Barcelone.