Avec le décret sur le fichier EDVIGE, beaucoup de français semblent découvrir que la France a une police politique. Nous n'allons pas jouer l'angélisme, mais il est vrai que l'arsenal juridique de la répression se perfectionne chaque jour. « Base élève » est là pour détecter les « délinquants potentiels » dès l'âge de 5 ans. Dans la même logique de présomption de culpabilité, « EDVIGE » va faciliter l'accès des policiers et des gouvernants, aux données confidentielles collectées par les renseignements généraux - aujourd'hui regroupés avec la DST – sur tous les opposants. Un autre fichier, CRISTINA , classé secret défense, va renforcer le dispositif anti-terroriste qui déjà, aujourd'hui, comprend un arsenal de lois d'exceptions qui permet de faire avouer n'importe quoi à n'importe qui. L'augmentation de la surveillance vidéo – 20 000 caméras sur le territoire en 2008, 60 000 prévues pour 2010 – la loi sur la prévention de la délinquance, et la procédure de comparution immédiate, couplées à ces fichiers, vont permettre à l'Etat d'accroître la répression sur tous les mouvements sociaux, sur toutes les « émeutes », qui pourraient survenir. Nous avons déjà eu un aperçu de ce qui nous attend au cours des dernières grèves étudiantes, des révoltes de quartier et après le second tour des élections présidentielles. Dans la même logique, l'augmentation du nombre de prisons, la mise en place des bracelets électroniques et la nouvelle loi permettant de garder en prison un détenu jugé potentiellement dangereux, au delà de sa peine, sont autant de signes de la volonté du gouvernement à se préparer à la guerre sociale en organisant l'arbitraire.
C'est que la situation sociale va se dégrader encore. La situation internationale, avec la guerre en Afghanistan, le conflit géorgien, la croissance chinoise vont influer à la hausse sur les cours pétroliers. La crise immobilière qui touche les Etats-Unis est suffisamment alarmante pour que le gouvernement américain injecte des milliards dans les organismes de prêts. Elle a déjà des répercussions en Europe, notamment en Grande-Bretagne et en Espagne, et nous savons que des banques françaises sont touchées (comme le Crédit Agricole, la Banque Populaire par exemple). Fort logiquement, la baisse du « pouvoir d'achat » a également des répercussions sur les entreprises, comme chez Renault. La misère et la précarité ne sont pas prêtes à se résorber et ce ne sont pas les mesures du gouvernement qui permettront d'aller dans ce sens. Le RSA va favoriser le temps partiel et le flicage qu'il permet va conduire à une augmentation des radiations. La politique de démantèlement du service public va accroître l'utilisation de personnels précaires et le démantèlement du code du travail revient à donner davantage de moyens de pressions aux entreprises pour imposer des conditions de plus en plus précaires aux salariés.
Rien n'est inéluctable, encore faudra-t-il s'organiser pour nous défendre. Et ce n'est pas avec des syndicats obnubilés par les gains financiers qu'ils pourront tirer d'une loi sur la représentativité, que nous allons y parvenir. Aujourd'hui, plus que jamais, les inter-syndicales sont des foires d'empoignes, chaque syndicat institutionnel cherche à se placer auprès du gouvernement pour avoir un morceau du bifteck. Cela laisse prédire ce que sera la combativité de ces organismes lorsqu'ils seront directement financés par l'État... Plus que jamais, un syndicat est nécessaire, mais il doit être révolutionnaire, car nous voyons bien que ce système ne promet un avenir qu'aux riches, et autogestionnaire, car nous voyons où le pouvoir interne et la fréquentation des institutions amènent, c'est pour cela que l'anarcho-syndicalisme reste d'actualité.