Le voile ou l'exclusion ! Dans cette alternative, la seule perdante est la première concernée, non pas en tant que musulmane, mais en tant que femme.
Soit la jeune fille porte le voile, contrainte par sa famille. Elle est exclue, mais ses integristes de frères ne le seront pas, eux ! Et son père pourra parachever la discrimination que subit sa fille en la cantonnant dorénavant a la cuisine, bien a l'abri de la mauvaise influence de l'éducation laïque.
Soit la jeune fille porte volontairement le voile. Son exclusion du lycée en fera une cliente toute trouvée pour l'éducation confessionnelle. Peut-être voilée par simple révolte d'adolescente, confortée dans sa décision par le rejet des laïcs intégristes, elle se retrouvera définitivement enfermée dans un système qu'elle n'a pas vraiment choisi. Elle ne risquera pas de trouver dans l'éducation laïque des arguments pour modifier sa décision.
Tel est le véritable enjeu de ce consternant délire que Sarkoflic alimente a l'envi : « Elles doivent quitter le voile en entrant dans l'école de la République, comme je pose mes chaussures en entrant dans une mosquée ! » Voilà le grand mot lâché : école contre mosquée ! L'école, c'est l'église de la République avec les laïcs intégristes comme officiants ! La laïcité n'est plus la laïcité, celle qui pourrait aider les jeunes issus de l'immigration à quitter les ghettos où le Capital les relegué ; étatisée, elle s'est figée comme un dogme rance !
Le voile ou l'exclusion ! Dans cette alternative, la seule perdante l'est non seulement en tant que femme, mais aussi en tant que fille d'immigrés.
Derrière cette histoire de voile (on y ajoute un peu de croix et de kippa pour donner le change), il y a une vaste opération démagogique où les populations maghrébines jouent le role de bouc émissaire pour les politiques de tous bords, dans le contexte d'une crise du système démocratique. On sait où ce genre de stigmatisation peut mener...
Qu'est-ce qui ne vaut pas mieux que l'obligation de porter le voile ? L'obligation de l'enlever !