Nous, tu vois, nous n'avons pas oublié qu'avec la chute du mur de Berlin, un nouvel espace économique s'est ouvert à l'Est et justifie une redistribution des cartes comportant la création de marchés, une adaptation de la main d'œuvre, ainsi que son con-trôle politique et géographique.
Ce sont la rentabilité et les nouvelles donnes économiques qui ferment les frontières à l'immigration traditionnelle provenant d'Afrique. Les faits économiques précèdent toujours les faits politiques. Ce qui justifie aux yeux du pouvoir des mesures comme les lois Debré, ce ne sont pas les critères racistes ou sécuritaires, mais la réorganisation du marché intérieur européen et la légitimation d'un modèle politique. Les nouvelles frontières sont européennes. C'est à cette nouvelle conception que le prolétariat doit adhérer. Il faut donc faire un signe politique qui soude cette Europe contre quelque chose. Là, en particulier, c'est l'Afrique.

La gauche plurielle, soumise aux intérêts du Capital, a utilisé un sentiment porteur pour retrouver une base électorale et accéder au pouvoir. Faute d'avoir à proposer une alternative à l'exploitation, elle nous propose d'adhérer à un antifascisme se réduisant bien souvent à un antiracisme, voire à un simpliste anti-FN. Ce qui est mis en avant, ce sont les valeurs citoyennes et républicaines au pouvoir depuis 1789.
Nous n'adhérons pas à cette recomposition qui abandonne le terrain de la lutte des classes au bénéfice exclusif de la classe possédante. Le principe d'autorité, le chef unique, la légitimité des hiérarchies et des inégalités fondent le concept d'État et portent en germe le programme fasciste. En Italie en 1922, en Allemagne en 1933, en France en 1940, il n 'y a pas eu de coup d'État, mais une transformation temporaire du pouvoir voulue et soutenue par la classe dirigeante.
Nous n'avons pas oublié, alors nous restons fidèles à  nos  idéaux  communistes libertaires, à l'interna-

tionalisme et haïssons l'État, les frontières autoritaires et les assemblées nationales plus que les lois qu'elles enfantent.
Le frontisme, qu'il soit populaire, pluriel ou « gauche de la gauche » est un leurre freinant la nécessaire transformation sociale dont l'humanité a besoin. Nous rejetons toute alliance, même conjoncturelle, avec les partis, les associations, les syndicats qui se cachent derrière leur antifascisme et/ou antiracisme et/ou anti-FN pour masquer leur soumission au système capitaliste.
La lutte des classes est toujours d'actualité, la révolution et l'instauration du communisme libre restent un projet porteur d'espoir pour l'avenir.