En politique, il n'y a pas de petite récupération. Au programme frêchien de ce samedi, dans la même foulée, baptême d'une allée de l'esplanade (« Charles de Gaulle » !) « Allée des Républicains espagnols (1936-1939) » et dépôt de gerbe au « monument aux morts de toutes les guerres ».
Qu'est-ce que veut ainsi commémorer son altesse coupedumondissime, in extremis, 60 ans plus tard ? Une guerre de plus, une malheureuse guerre civile, absurde, genre « Quelle connerie, la guerre, Barbara ! » Femmes, sortez les mouchoirs ! Hommes, sortez les drapeaux ! La prétendue « guerre d'Espagne » aurait donc sa place au « monument aux morts de toutes les guerres » menées pour le plus grand profit du Capital. Quel bel exemple de révisionnisme historique !
Le 19 juillet 1936 n'est pas le jour d'une entrée en guerre, même civile.
Le 19 juillet 1936, au lendemain du soulèvement fasciste, la CNT, première organisation ouvrière d'Espagne avec plus d' l million 500 000 adhérents, lance en Catalogne le mot d'ordre de grève généra-

le révolutionnaire qui donne le signal de la Révolution.
Cette Révolution, éclatée comme un fruit parvenu à maturité, est le résultat d'une longue série de luttes ouvrières qu'a menées l'anarchosyndicalisme espagnol depuis son origine. Grève de la Canadiense à Barcelone en février 1919, grève générale de novembre 1930, grève de la Compagnie téléphonique en juin 1931, grève de Duro-Felguera des Asturies en 1932, mouvements insurrectionnels de janvier 1932 dans le bassin minier de Figols, de février 1932 à Tarrasa, de janvier 1933 en Catalogne, Levant et Andalousie, grève électorale de novembre 1933 et insurrection de décembre en Arago et dans La Rioja, insurrection d'octobre 1934 dans le bassin minier des Asturies.
Chacune de ces étapes fut un pas vers la Révolution du 19 juillet 1936.
Dans les milices, dans l'industrie socialisée comme dans les collectivités agraires, la CNT met aussitôt en pratique le communisme libertaire, oeuvre majeure de la Révolution. C'est  cette  oeuvre de la

CNT que les contre-révolutionnaires petits-bourgeois marxistes et libéraux - tous Républicains espagnols pur jus ! - s'attacheront à réduire à néant jusqu'à la victoire du fascisme.
Aujourd'hui, les mêmes aèrent leurs médailles dans les commémorations devant les monuments aux morts de toutes les guerres.
Aujourd'hui, la CNT d'Espagne a repris le long cheminement vers la Révolution sociale.
Aujourd'hui, en France, les travailleurs, étudiants et chômeurs regroupés au sein de la CNT française font avancer sur les lieux de travail et dans les quartiers le projet anarchosyndicaliste pour l'abolition du capitalisme et de l'État.