La révolution espagnole n'est pas une pièce de musée

Le film « Land and Freedom », qui montre la Révolution espagnole du côté du POUM, n'a pu ignorer le rôle moteur de la CNT dans cet épisode important de l'histoire ouvrière.
Bien sûr, la CNT est en 1936, avec plus d'1 million 500 000 adhérents, la première organisation ouvrière d'Espagne.
Bien sûr, le 19 juillet, le lendemain du soulèvement fasciste, la CNT lance en Catalogne le mot d'ordre de grève générale révolutionnaire qui donne le signal de la Révolution.
Bien sûr, dans les milices, dans l'industrie socialisée comme dans les collectivités agraires, la CNT met en pratique aussitôt le Communisme libertaire, oeuvre majeure de la Révolution.
Bien sûr, c'est cette oeuvre de la CNT que la contre-révolution petite-bourgeoise marxiste s'attachera à réduire à néant jusqu'à la victoire du fascisme.
Mais la Révolution espagnole n'est pas sortie du chapeau d'un prestidigitateur ;
elle a éclaté comme un fruit parvenu à maturité.
Seul un engagement militant quotidien de longue haleine l'a rendue possible.

Le Congrès de création de la CNT d'Espagne en 1910 définit l'anarcho- syndicalisme « comme un moyen de lutte [...] demandant pour l'instant les avantages qui permettent à la classe ouvrière de pouvoir intensifier sa lutte [...], afin d'obtenir [...] l'émancipation intégrale de la classe ouvrière, moyen- nant l'expropriation révolutionnaire de la bourgeoisie ».
Ce sont les mêmes principes qui animent la CNT-AIT française.
La montée en puissance de l'anarcho- syndicalisme espagnol a été constante depuis son origine. Elle est émaillée de grandes dates : grève de la Canadiense à Barcelone en février 1919, grève générale de novembre 1930, grève de la Compagnie téléphonique en juin 1931, grève de Duro-Felguera des Asturies en 1932, mouvements insurrectionnels de juin 1932 dans le bassin minier de Figols, de février 1932 à Tarrasa, de janvier 1933 en Catalogne, Levant et Andalousie, grève électorale de novembre 1933 et insurrection de décembre en Aragon et dans La Rioja, insurrection d'octobre 1934 dans le bassin minier des Asturies.

Chacune de ces étapes fut un pas vers la Révolution du 19 juillet 1936.
Aujourd'hui, la CNT d'Espagne a repris, dans des conditions moins favorables certes, le long cheminement vers la Révolution sociale.
Ici et maintenant, en France aussi, les travailleurs, étudiants et chômeurs regroupés au sein de la CNT-AIT font avancer sur les lieux de travail et dans les quartiers le projet anarcho-syndicaliste.
Le Communisme libertaire n'est pas une pièce de musée reléguée dans un passé dont on tire des histoires édifiantes ! Il appartient au futur de tous les pays où une section de l'AIT (Association Internationale des Travailleurs) lutte pour l'abolition du capitalisme et de l'État.